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Critique Ciné : Welcome to New York, DSK à poil

Publié le 20 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Welcome to New York // De Abel Ferrara. Avec Gérard Depardieu et Jacqueline Bisset.


Abel Ferrara, réalisateur de l’excellent Bad Lieutenant (1992) est de retour afin de mettre en scène la fameuse affaire de Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo avec dans le rôle titre Gérard Depardieu. Très critiqué en France, le film est loin d’être mauvais. Bien au contraire, je l’ai trouvé plutôt bon dans son ensemble, adoptant un style très documentaire qui nous permet d’être au plus proche de la vie de dépravé de DSK renommé ici George Devereaux. Durant les deux heures de film je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, trouvant à la fois choquant et fascinant le personnage de George. Il faut avant tout souligner la prestation sans faille d’un Gérard Depardieu particulièrement bon dans le registre de l’homme complètement fou et aimant le sexe. Car de ce point de vue là, Welcome to New York est très décomplexé. Mais c’est peut-être ce qui rend ce film aussi insoutenable que captivant. Car oui, le film cherche réellement à nous dégouter du personnage alors que Abel Ferrara pose un regard acerbe sur la vie de ce délinquant sexuel. Au delà de ce regard très virulent, Abel Ferrara cherche à construire un film très cloisonné avec peu de lieu, peu de paysages. En choisissant le presque huis-clos le tout devient oppressant.
Devereaux est un homme puissant. Un homme qui manipule au quotidien des milliards de dollars. Un homme qui contrôle la destinée économique des nations. Un homme gouverné par un irrépressible et vorace appétit sexuel. Un homme qui rêve de sauver le monde et qui ne peut se sauver lui-même. Un homme terrifié. Un homme perdu.
Regardez-le tomber.
Bien que je connaisse déjà l’histoire de cet homme politique et que je n’ai pas appris grand chose sur lui dans Welcome to New York, j’ai tout de même trouvé intéressant le fait que l’on explore avant tout son addiction. C’est d’ailleurs comme ça que débute le film, en nous présentant sa folie, celle qui fait l’homme qu’il est finalement, capable de coucher avec tout le monde sans que l’on ait l’impression de se soucier de quoi que ce soit. Puis Welcome to New York devient beaucoup plus profond, notamment quand il commence à questionner les intentions de George et accessoirement de sa femme Simone. Cette dernière a toujours voulu que son mari devienne Président. Pas seulement parce qu’il y en avait les qualités mais également car elle a toujours été fascinée par le pouvoir. Sinon pourquoi elle serait restée avec un homme comme celui-ci. En tout cas, je trouve ça très bien fichu et surtout fascinant. Les faces à faces entre Gérard Depardieu et Jacqueline Bisset sont nerveux mais toujours justes. Le côté très documentaire de Welcome to New York (la caméra a souvent tendance à se cacher) rend le film encore plus intéressant. Je sais bien que cela sera quelque chose qui donnera à certain l’envie de zapper le film mais personnellement c’est tout le contraire.
Pourquoi chercher beaucoup plus loin alors que le film n’avait pas pour but d’être compliqué. Il est simplement là pour faire à la fois état des faits que l’on a pu voir dans la presse mais il imagine également ce qu’était la vie de DSK, celle que l’on n’a pas vu dans les journaux mais qu’il était facile d’imaginer. En tout cas, je ne savais pas nécessairement quoi attendre de Welcome to New York mais le résultat est plutôt bon dans son ensemble. Il y a quelques faiblesses scénaristiques (notamment cette impression que le film ne nous révèle pas grand chose) mais la mise ne scène et le jeu d’acteur est sensationnel. Je tiens donc encore une fois à saluer le talent de notre Gérard Depardieu qui, malgré ses frasques reste un brillant acteur que le cinéma français ne remercie peut-être pas suffisamment. Abel Ferrara quant à lui se permet tous les excès afin de coller au mieux au personnage aussi dégoutant soit-il représenté à l’écran. Le réalisateur n’a donc aucun égard et ne cherche pas à voiler la vérité. Il nous montre donc tout sans vergogne et nous permet donc de voir les choses sous un angle qui en choquera plus d’un mais qui a conquis la critique américaine alors que la critique française trouve ce film désobligeant (certainement car la France n’assume pas qu’il y ait un pervers sexuel parmi nous).
Note : 7/10. En bref, une représentation étonnante de l’histoire de DSK et Nafissatou Diallo.


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