Lutte contre l’homophobie
GRIS et Néo sur le terrain
Sophie Laisney. Dossier Homosexualité, Sexualité
Depuis les années 90, 2 organismes luttent activement et pacifiquement contre l’homophobie. Le GRIS-Montréal et le Néo, situé dans la région de Lanaudière, développent des ateliers, des «interventions», dans des écoles secondaires ou des organismes communautaires, menés par des intervenants homosexuels ou bisexuels. Ceci afin de développer une image positive des différentes orientations sexuelles et de répondre à tous les types de questions sur ce thème.
«Qui fait l’homme, qui fait la femme?», «Le VIH est-il une maladie homosexuelle?», «Est-ce qu’il est arrivé quelque chose dans l’enfance pour devenir homosexuel/bisexuel?». Mais aussi des questions qui ont trait à la vie quotidienne, l’acceptation du coming-out ou encore l’affirmation de l’orientation sexuelle dans le cadre professionnel. Selon ces deux organismes, l’origine des demandes d’intervention varie énormément et tout le monde peut réclamer la venue d’intervenants (professionnels, étudiants, travailleurs).
GRIS, dans les écoles
«Je ne pense pas qu’il y ait un déterminisme de l’homophobie. Ce qui fait de nous des êtres humains, c’est cette capacité d’évoluer, de changer, de s’adapter», déclare Marie Houzeau, directrice générale du Groupe de recherche et d’intervention sociale (GRIS) à Montréal.Des interventions de 75 minutes, comprenant une présentation d’informations d’ordre général et un bref exposé biographique dirigé par deux intervenants, le plus souvent un homme et une femme. Ceux-ci invitent les élèves à poser toutes les questions qui les préoccupent au sujet de l’homosexualité et la bisexualité. «Nous allons entrebâiller une porte, semer une graine. Si le jeune évolue dans un contexte qui va à l’encontre des valeurs du GRIS-MONTRÉAL, il n’empêche que durant notre intervention, il a été en présence d’un autre modèle, d’une autre vision des choses et cela mène à une réflexion», affirme Marie Houzeau.
En plus de ces interventions, l’organisme s’engage à développer des projets spécifiques. La directrice générale nous expose l’un d’eux. «L’année dernière, nous avons établi un partenariat avec la Commission scolaire de la Pointe de l’Île. Nous avons rencontré des élèves de secondaire ІІ. Après notre passage, il y a eu un réinvestissement de la question de la violence verbale par le biais d’une expression artistique. Quelques affiches et des œuvres en 3D ont été exposées au Musée des beaux arts, aux Studios Arts & Éducations. Les jeunes sont venus au vernissage et cela a créé une appropriation plus importante de la question de l’homophobie.» Parallèlement au projet, des intervenants scolaires ont bénéficié d’une formation de deux jours sur l’orientation sexuelle, l’homophobie et les méthodes d’intervention. Ce projet fut un véritable succès : «90% des écoles où nous sommes intervenus l’année dernière nous ont rappelés pour de nouvelles interventions», déclare fièrement Marie Houzeau.
Néo et la sexologie
Le Néo travaille sur plusieurs volets: orientation sexuelle, identité de genre, santé sexuelle et VIH-Sida, selon une approche sexologique. «Les relations interpersonnelles, comment envisager l’amour et l’égalité dans les relations amoureuses sont des sujets que nous développons lors de nos interventions» explique Marie-Élaine de Tilly, sexologue-éducatrice chez le Néo.Ici, les ateliers ne sont pas obligatoirement ciblés sur les écoles, mais privilégient aussi les organismes communautaires, les commissions scolaires ou encore les Centres locaux de services communautaires (CLSC). Les ateliers se divisent en deux parties, l’une théorique, l’autre pratique. Le premier expose les fausses croyances et les préjugés homophobes de manière à les déconstruire. Le second laisse place à des témoignages afin de lutter contre les stéréotypes.
De cette façon, les personnes présentes à ces ateliers peuvent constater que les intervenants sont des personnes «normales», en couple et qui travaillent. L’intérêt ici étant que l’intervention puisse casser les modèles stéréotypés incrustés dans la pensée collective: Les gays ne sont pas obligatoirement hyperféminisés, les lesbiennes ne ressemblent pas forcément à des hommes et les bisexuels n’ont pas une sexualité dépravée.
Si l’organisme défend activement la cause homosexuelle et bisexuelle, c’est seulement depuis peu qu’il s’ouvre à la question des transsexuels. Marie-Élaine de Tilly raconte: «Nous avons commencé à nous questionner sur l’identité de genre en 2009, lorsque nous avons dû nous occuper d’un jeune trans en souffrance dans une école. Nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait aucun organisme qui pouvait le prendre en charge dans Lanaudière. Nous commençons à peine à parler de «transi-entité», mais nous avons très peu de financement pour cette question. Notre principale cause reste la lutte active contre l’homophobie.» Un premier guide en français abordant l’identité de genre a été publié en 2009.
Valeurs essentielles
Au-delà de ce travail quotidien de démystification de l’homosexualité et de combat discret contre l’homophobie, le GRIS-Montréal et le Néo, par leurs actions directes, œuvre à défendre le principe fondamental de l’acceptation de soi et des autres, dans un cadre de respect. Ils renforcent de même l’importance de «l’éducation» des populations sur les notions d’orientation et d’identités sexuelles, en favorisant une image positive dans leurs ateliers pour diminuer les préjugés.Autres textes sur Homosexualité
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