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Poursuivons
notre plongée dans les vieux albums édités par Lug, durant les
années 80, avec un personnage que le cinéma a récemment remis à
l'honneur. Je veux parler de Sam Wilson, alias le Faucon, un des amis
et alliés les plus fidèles de Captain America. Dans ce Récit
Complet Marvel, Sam ne ressemble pas véritablement à celui que vous
avez pu découvrir sur grand écran. Durant le jour, il est assistant
social et travaille dans le quartier du Bronx, où il est né et a
grandi. Son identité héroïque est connue de tous, et d'ailleurs il
est associé au quotidien à un flic de la vieille école, un certain
Tork, pour qui le bon sens et l'action valent plus que le règlement
du fonctionnaire idéal. Sam est aussi une sorte de "grand
frère" pour une bande de jeunes du quartier, composée en
majorité d'anciens délinquants sur la voie du rachat. Leurs
méthodes se sont assouplies au fil des ans grâce à la médiation
de notre héros, mais il suffit de peu pour que les rues ne
s'embrasent à nouveau. C'est ainsi que le Faucon est chargé de
solliciter l'autorisation d'organiser une marche pacifique dans le
Bronx, pour laquelle il s'engage et donne sa parole. Le problème,
c'est qu'il est attaqué à l'improviste par une Sentinelle
défectueuse, qui était resté enfouie dans un chantier en
construction, après un dernier combat contre les X-Men. Toujours en
rapport avec les encapés au cinéma, nous retrouvons également
Electro dans cette histoire. Le vilain se cache de la police dans le
quartier, et quand il aperçoit le Faucon en action, son sang ne fait
qu'un tour, persuadé qu'il est d'être épié, traqué. Cette mini
série en quatre épisodes a un grand mérite : celui de déplacer le
conflit habituel entre le bien et le mal sur le terrain des enjeux
sociaux. Sam Wilson n'est pas un héros qui combat des menaces
cosmiques ou mutantes, mais un homme bon et droit, qui est engagé
dans la réhabilitation de son cadre de vie, et qui souhaite aider
les autres, au beau milieu d'une décennie violente et impitoyable,
qui voit l'Amérique tendre de plus en plus vers une forme de justice
expéditive et implacable, dont les fers de lance peuvent être
Charles Bronson ou encore le Punisher. Le Faucon n'est rien de tout
cela, et c'est par le dialogue, la persuasion, qu'il parvient à
aboutir à ses fins. Y compris sauver le président Reagan, enlevé
par les loubards du quartier, grâce à l'aide de son ami Steve
Rogers. D'ailleurs la scène finale entre Ronnie et les jeunes qui
lui exposent leurs problèmes est attendrissante, et un peu too
much. Cet album est scénéarisé par Jim Owsley, qui fait donc
preuve de sensibilité et de recul sur pas mal de points, et les
dessins sont oeuvre de Paul Smith puis Mark Bright, un habitué de la
série Iron Man. Trait clair, précis, planches très lisibles
et dynamiques, c'est un plaisir pour les yeux sans être bouffi de
prétention. En plus c'est très daté eighties, forcément, ce qui
est sympathique en période nostalgique. Un des vieux Rcm que je peux
relire sans me fatiguer, et qui m'a appris à apprécier un
personnage ici bien campé, dans une incarnation intéressante et
engagée, et dont les origines sont de surcroît clairement
explicitées.