Dîner-Rencontre avec Tamara McKinley (12-05-2014)
Pour sa seconde venue en France dans le cadre de son travail, Tamara McKinley a été conviée par sa maison d’éditions française à un petit dîner avec quelques bloggeuses afin de parler de son dernier roman : L’or du bout du monde. J’ai eu l’immense privilège (avec Ludivine des Lubies de Ludie) de faire partie des chanceuses et croyez-moi le souvenir de cette rencontre restera gravé !
Le contexte : un petit restaurant situé à côté de l’Hôtel de Ville à Paris, autour d’une table conviviale, nous avons partagé un apéritif dînatoire bio. Un peu de vin, du pain et beaucoup de bonnes choses à tartiner, il n’en fallait pas plus finalement pour profiter de ce bon moment.
L’auteure : Invitée par les éditions Archipel, Tamara McKinley est une auteure qui n’a jamais bénéficié de promotion venant de la presse (ni en France ni en Angleterre), qui ne considérait pas son travail comme de la littérature. La dernière valse de Mathilda, son premier roman (publié sous le titre Matilda's Last Waltz par Piatkus à Londres en 1999 et sorti en France en 2005) a d’ailleurs gagné le titre de best-seller grâce au bouche à oreille.
C’est donc un choix très réfléchi de la part de la maison d’édition de réserver cette rencontre aux bloggeurs, beaucoup moins avares d’éloges et plus enclins à mettre en avant son talent. Parce qu’avec 350 000 exemplaires vendus en France et de nombreux fans, on peut véritablement parler de succès. Et, après avoir lu son dernier titre, je ne peux que confirmer son talent de conteuse !
La série Oceana: à la base, la première réflexion de Tamara McKinley était d’écrire une saga (en quatre tomes) avec un personnage central masculin, mais son éditeur a refusé. Sa saga est donc devenue une trilogie avec une multitude de personnages principaux et principalement féminins (même si la part des hommes reste tout à fait respectable).
Le dernier tome intitulé « Legacy » (héritage en français) résume à la perfection l’ensemble de la saga, qui met en avant le double héritage : familial et national, l’idée d’une Australie qui s’est construite dans la mixité et par le patrimoine commun des pionniers et des générations qui ont succédé. L’auteure n’hésite pas à dire tout le plaisir qu’elle a pris à créer chaque personnage participant à la construction du pays.
Connaissant ses origines australiennes (elle est née en Tasmanie), je me suis posé la question s’il existait une part d’histoire familiale chez l’un de ses protagonistes. En réponse, elle précise que les personnages de ses trois romans sont tous sortis de son imagination, contrairement aux lieux (tous réels) qu’elle a pris soin de décrire avec précision (résultat de ses visites). Elle nous dit d’ailleurs que de nombreux coins reculés et éloignés des villes n’ont guère changé, et qu’au final, visualiser ces lieux il y a plus de 150 ans, n’a pas été bien difficile.
Intuitive, elle laisse autant parler ses sens (les souvenirs des odeurs, des couleurs…) que son imagination. Si elle partait avec une idée précise en commençant à écrire, elle a aussi beaucoup laissé faire la magie de l’écriture, en laissant les personnages arriver tout seul et les relations se créer.
Quand on l’écoute parler, on sent combien elle a vécu la construction de ses romans et combien des passages émouvants (comme la disparition de certains personnages) l’ont travaillée. Je suis sous le charme. Elle se livre avec sincérité et en même temps beaucoup d’humour. J’écoute le sourire aux lèvres et avec un grand respect. Cette perte de contrôle (elle vit à fond ses personnages) et la tristesse qu’elle exprime lorsqu’elle doit les quitter (son préféré étant Nell) me touchent beaucoup.
Ses influences : A-t-elle des auteurs ou des livres chouchous ? Elle aime Penny Vincenzi, Rosamund Pilcher, Coleen McCullough, Lesley Pear Stephen King et Peter James. ET l’un de ses livres préférés est Delicious de Nicky Pellegrino.
Elle nous avoue n’avoir jamais pris de cours mais que les groupes d’écriture auxquels elle a participé lui ont été d’une grande aide.
Ses projets: Tamara Mckinley travaille actuellement sur une nouvelle série dont l’intrigue se passerait en Angleterre mais qu’elle publierait sous un autre nom (à la demande de son éditeur anglais qui ne veut pas dissocié son nom des sagas australiennes). Nouvelle série en 7 ou 8 tomes, ses nouveaux romans devraient se dérouler dans un hôtel avec dans chaque tome la présentation d’un nouveau personnage important venu s’installer sur les lieux.
Ses rituels : Elle vit aujourd’hui dans un petit village (80 habitants) avec une église et un pub où elle célèbre la fin d’un livre et son succès. Dans sa maison au bout du village, elle a choisi de s’installer dans un petit bureau (avec un fenêtre sur sa campagne et la nature) où elle travaille de 10 à 18 heures (parfois plus quand l’inspiration est là, elle n’hésite pas à retourner écrire après dîner jusque tard dans la nuit), boostée au mauvais café (sticks nescafé) et aux cigarettes.
Une fois nos nombreuses questions posées, l’auteure se livre simplement sur son enfance et son arrivée en Angleterre à 10 ans, qu’elle a assez mal vécue. L’adaptation (coutume, manière de parler..) n’a pas été facile et la fait grandir plus vite. Et nous dit-elle en rigola, c’est maintenant, à l’inverse, quand elle retourne en Australie qu’elle éprouve des difficultés d’adaptation.
Elle évoque son envie d’écrire qui est revenue vers ses 40 ans, une fois ses enfants grands et indépendants, d’abord dans les thrillers puis dans la romance. Et elle partage avec nous ses souvenirs personnels, que son époux ponctue de détails amusants. Tamara McKinley est une femme très attachante, d’une simplicité incroyable.
Bref : cette rencontre a été un moment délicieux.
Je tiens à remercier très chaleureusement les Editions Archipel pour leur gentillesse, et Tamara et son mari pour leur disponibilité. J’ai conscience d’avoir vécu un moment privilégié que je tenais à partager avec vous.
Après avoir découvert son dernier roman que j’ai beaucoup apprécié (mon avis ici), et après cet entretien, je peux vous dire que je suis conquise.