Et si je vous proposais d'aller faire un petit tour vers l'architecture communiste? Et faisons le sans a priori car au fond, c'est ce qu'on aime à Berlin, ce décalage des idéologies entre le capitalisme en grandes pompes de l'Ouest qui depuis la réunification connaît une croissance exponentielle que la Potsdamer Platz incarne bien et le communisme, une architecture un peu austère mais pas tant que ça comme on le verra avec la prouesse de la Fernsehturm. Aujourd'hui, je vous emmène dans le quartier des anciennes élites: la Karl Marx Allee.
Un quartier que la mémoire tente d'effacer
Pour cela, il faut nous rendre dans le quartier Friedrichschain. Avant, la Karl Marx Allee se nommait la Stalinallee (à vous de choisir le nom que vous lui préférez). De l'autre côté, c'est-à-dire à l'Ouest, vous trouverez l'avenue Unter den Linden qui recréait le faste des rois de Prusse, ce à quoi pour la RDA, il fallait répondre à un autre boulevard bien moins pompeux. Il s'agit donc ici d'édifices de 5 étages construits entre 1949 et 1950. Comme vous pouvez l'imaginer, ils se veulent sobres mais sont néanmoins fonctionnels. Y habitaient les membres du Parti ou les travailleurs méritants donc vivre ici était un luxe à l'époque. Par la suite, dans les années 60, on créa des ensembles plus hauts encore de 7 à neuf étages (en tout 5 000 logements et 200 boutiques). Aujourd'hui, le quartier vous semblera bien désert puisque seuls les résidents s'y promènent et on se sent ici bien seul dans une capitale qui pourtant est dynamique. De plus, les jeunes ont déserté et vous y croiserez bien souvent des retraités peut être atteints d'Ostalgie, c'est-à-dire la nostalgie de la RDA qui est vite apparue après l'enthousiasme de la chute du mur. D'ailleurs ici, les scores du PDS (Parti socialiste démocrate) sont assez élevés. Pourtant à l'époque, il ne fallait pas extirper ce quartier de sa léthargie mais plutôt de son énergie car son cinéma (qui existe toujours), ses commerces et ses cafés attiraient les Berlinois de l'Est. Avec un peu de temps, gageons que cette partie de Berlin retrouvera de sa superbe. Difficile d'être confronté à la mémoire.
Et c'est ainsi qu'on sombre dans la léthargie