Eolien offshore : le résultat du deuxième appel d'offres attaqué en référé
WPD conteste devant la justice administrative l'évaluation de la Commission de régulation de l'énergie à la base du choix du lauréat du deuxième appel d'offres. L'image d'unité de la filière éolienne offshore, chère à Ségolène Royale, est écornée.
La belle image d'unité de la filière éolienne offshore française mise en avant par la ministre de l'Ecologie n'aura pas tenu bien longtemps. Neuf jours après la présentation du résultat favorable au consortium mené par GDF Suez, WPD Offshore France, membre du consortium perdant mené par EDF Energies Nouvelles, conteste l'attribution d'un des deux parcs éoliens.
L'entreprise d'origine allemande a déposé ce vendredi un référé précontractuel devant la justice administrative. "WPD conteste le résultat du projet des deux îles au large de la Vendée et lance une procédure de référé sur l'évaluation de la Commission de régulation de l'énergie (CRE)", explique l'entreprise, précisant que "sans remettre en cause l'attribution de la totalité de l'appel d'offres, WPD s'interroge sur les conditions d'attribution du lot n° 2 des îles d'Yeu et de Noirmoutier et conteste la fiabilité technique et économique du consortium concurrent".
Le choix technique de GDF contesté
WPD "souhaite comprendre la notation de la CRE", explique le communiqué de presse, expliquant que l'entreprise a réalisé "un investissement significatif en études techniques et environnementales". L'entreprise entend "s'assurer, sous l'autorité indépendante du juge, que l'analyse des dossiers a bien été strictement appréciée au vu des critères du cahier des charges". Neuf des 16 critères de l'appel d'offres feraient l'objet "de fragilités importantes [d]'évaluation".
L'entreprise cite en particulier le choix des fondations d'éoliennes, un élément "déterminant dans l'élaboration d'un projet éolien en mer, non seulement pour son coût puisqu'il représente 30% de l'investissement, mais également pour son impact environnemental et la durée de chantier". Mettant en avant que le consortium mené par EDF Energie nouvelles est le seul à avoir effectué des forages géotechniques sur le site, WPD avance que le "choix de fondation ancrée (contrairement à notre choix de fondation posée) est incompatible avec le site et entraîne une sous-évaluation très significative du coût global du projet, ce qui fausse donc la notation de plusieurs critères de l'appel d'offres".
L'unité de la filière française mise à mal
Les deux offres pour le parc entre les îles d'Yeu et de Noirmoutier étaient très proches, avait expliqué la ministre, évoquant un choix "très serré". Elle avait suivi l'avis de la CRE pour "éviter tout contentieux". Aujourd'hui, cet avis est directement attaqué.
Par ailleurs, lors de la présentation du résultat, Jérôme Pécresse, président d'Alstom Renewable Power, membre du consortium perdant, avait ironisé sur la capacité d'Areva à produire les éoliennes de 8 mégawatts (MW) qui doivent équiper les deux sites remportés par GDF. Il s'agit d'un pari "audacieux" qu'"il faudra concrétiser", avait-il lancé à son homologue d'Areva.
Le représentant d'Alstom avait aussi critiqué, à mots à peine voilés, le Gouvernement qui, selon lui, ne soutient pas le groupe français qui réalise des investissements importants dans l'éolien en mer en France. Un message qui est loin d'être anodin au moment où Alstom veut céder son secteur énergétique à General Electric, contre l'avis du ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, qui souhaiterait marier le groupe français à son homologue allemand Siemens.
L'image, chère à Ségolène Royal, d'une "répartition équitable" des parcs entre EDF Energies Nouvelles et GDF Suez, EDF ayant déjà remporté trois sites lors du premier appel d'offres. La "compétition saine" vantée par Ségolène Royal ne semble plus d'actualité.
Philippe Collet
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