Je continue le récit de notre périple royal avec… Chenonceau ! Qui a failli ne pas être au programme. La visite prévue était en effet après Chambord le château de Cheverny, paraît-il le plus joliment meublé, et celui qui inspira Hergé pour dessiner Moulinsart. Une expo permanente y est d’ailleurs présentée sur Tintin. Mais après une déambulation dense dans les recoins de Chambord, la sieste s’est fait sentir pour un petit Monsieur bougon qui commençait a en avoir marre… Après une heure d’attente dans la voiture sous la pluie, Monsieur Papa décida donc de reprendre la route vers Chenonceau. Timing parfait, réveil sur le parking… Et aucun regret. Malgré la pluie, Chenonceau reste magnifique. Cette perle architecturale posée sur les eaux du Cher est bien comme le dit la brochure un chef d’oeuvre de la Renaissance. Le domaine étant vaste, et la météo capricieuse, nous n’avons visité que le château lui-même. Mais les jardins, la ferme XVIème, la galerie des attelages méritent d’après les photos de s’y attarder, bien entendu. Ils programment d’ailleurs l’été des promenades nocturnes, note pour plus tard !
Chenonceau
A Chenonceaux, c’est déjà moins le labyrinthe qu’à Chambord. Déjà c’est moins grand, mais en plus, il n’y pas d’escalier circulaire desservant une multitude de pièces. La circulation est donc plus aisée et le guide visite fourni à l’entrée est juste parfait. Une mine d’informations, qui dispense de la dépense complémentaire pour un audio-guide, un plan précis qui étage par étage décrit chaque pièce visitée.
A l’intérieur, le raffinement à l’état pur. Raffinement d’époque(s) déjà, par la reconstitution des pièces du château, et raffinement muséographique, puisque les pièces sont ornées tantôt de toiles de maîtres, tantôt de magnifiques bouquets de saison, le tout à la chaleur de l’âtre des cheminées, allumées ce jour-là pour le plus grand plaisir des visiteurs trempés.
Il faut dire que Chenonceaux, c’est un château de Femme(s). C’est le château des femmes. Henri II en fait don à sa favorite Diane de Poitiers en 1547. Il est à l’époque un simple donjon au bord du Cher. Diane l’agrémentera de ses jardins et du fameux pont qui fait sa notoriété aujourd’hui. A la mort d’Henri II, son épouse Catherine de Médicis éloigne Diane du château pour s’y installer, en embellit encore les jardins, et fait ériger la galerie au-dessus du pont pour y organiser de somptueuses fêtes. C’est de Chenonceaux qu’elle dirigera le royaume durant sa régence. En 1589, c’est Louise de Lorraine, la veuve d’Henri III, qui viendra y porter le deuil, marquant la dernière présence royale à Chenonceau.
Mais cette affaire de femmes, elle n’est pas que royale… Après Louis de Lorraine, il faudra attendre Louise Dupain, représentante du Siècke des Lumières, pour redonner au château son faste d’antan, en y tenant salon entourée de l’élite des poètes, écrivains, scientifiques et philosophes parmi les plus célèbres. Elle sauvera même le château lors de la Révolution. Au XIXème, une certaine Marguerite Pelouze, issue de la bourgeoisie industrielle dépensera une fortune pour restaurer le château dans le goût de l’époque Diane de Poitiers, avant d’être ruinée, causant la vente et revente du domaine jusqu’en 1913. Autre figure, Simone Meunier infirmière administratrice de l’hôpital qui sera installé dans les galeries de Chenonceau durant la première guerre mondiale, permettant les soins de près de 2000 soldats, et l’anecdote que certains d’entre eux pêchaient dans le Cher depuis leur lit !
Chambre Diane de Poitiers – @desperatecouchpotatoeLa Galerie – @desperatecouchpotatoeJardins – @desperatecouchpotatoeChambre de Louise de Lorraine – @desperatecouchpotatoeSalle à manger du personnel – @desperatecouchpotatoeUne autre vue du château – @desperatecouchpotatoeCuisine – @desperatecouchpotatoeL’Enfant Jésus et St Jean Baptiste par Rubens – @desperatecouchpotatoeJolie déco ! – @desperatecouchpotatoeTout au long de l’histoire de ces femmes se tissent l’Histoire et l’Architecture du château, à travers les pièces de chacune (la chambre de Diane, la cabinet Vert de Catherine, la fameuse galerie, fascinante déjà par le simple fait qu’elle était durant la seconde guerre mondiale tiraillée entre zone libre et zone occupée (côté château), le Cher marquant la fameuse ligne de démarcation, permettant donc d’une part à la Résistance de faire passer de nombreuses personnes, mais risquant aussi à tout moment la destruction du chef d’oeuvre, cible permanence d’une batterie allemande prête à agir.
Côté pièces, mes coups de cœur, outre cette galerie, les cuisines, installées dans les soubassements et la salle à manger du personnel, joliment décorée sur le thème de Pâques en cette fin avril, le salon Louis XIV qui comme son nom l’indique, qui abrite un Rubens, L’Enfant Jésus et St Jean Baptiste, et la chambre Louise de Lorraine, atypique et un brin flippante, tout de noir tapissée et décorée des attributs du deuil. Pas étonnant que la Louise ait porté le deuil en blanc si ses appartements étaient plongés dans le noir. On apprendra dans la visite que seule le plafond est d’origine, j’ose donc espérer pour elle un environnement mois "dark" à l’époque !
Bref, j’espère vous avoir donné envie de visiter Chenonceau à votre tour, ce château étant une vraie pépite, à ne pas manquer !
Au prochain épisode, on s’éloignera un peu des vieilles pierres et des rois morts, pour d’autres rois plus vivants et plus mignons, les pandas du zoo de Beauval !
See u !