Décidément, ça bouge dans le monde des télécoms français. Après le rachat de SFR par Numericable, le câblo-opérateur veut également acquérir Virgin Mobile. Dans le même temps, Orange veut également s’offrir Bouygues Télécom, qui n’a pas réussi à récupérer SFR.
Le câblo-opérateur Numericable Group, déjà engagé dans le processus de reprise de SFR qui devrait aboutir en fin d’année, a en effet annoncé vendredi dernier être entré en négociations exclusives pour racheter la société Omea Telecom et sa marque Virgin Mobile, sur la base d’une valeur d’entreprise de 325 millions d’euros.
L’actuel propriétaire de SFR, le groupe Vivendi, participera au financement de l’opération à hauteur de 200 millions d’euros, car il pense ainsi mieux valoriser la participation minoritaire qu’il détiendra dans le capital de la future société à naître de la fusion Numericable-SFR-Virgin Mobile.
Virgin Mobile, premier opérateur sans réseau propre (MVNO) en France avec 1,7 million de clients, ne dispose ni d’antenne ni de fréquence en propre et doit louer des capacités à un opérateur de réseau comme Orange et SFR.
Son entrée dans le giron de SFR-Numericable permettra donc au nouveau groupe de conforter le taux d’utilisation de ses installations, une fois reçu le feu vert des autorités françaises de la Concurrence.
« C’est une course à la taille et aux économies d’échelle qui permettent d’amortir les investissements réseaux, et également une façon d’empêcher la concurrence d’élargir sa base client », a expliqué à l’AFP Philippe Pestanes, Associé Média et Télécoms chez Kurt Salmon
Ce sont les mêmes motifs qui guideraient les discussions engagées par le premier opérateur français, Orange pour racheter Bouygues Telecom, confirmées jeudi par une source proche du dossier.
Cela permettrait à Orange de la même façon, « d’acquérir de nouveaux abonnés », mais également « d’avoir moins de concurrence sur le marché et donc de faire remonter les prix », sous pression depuis l’arrivée d’un quatrième opérateur Free Mobile, a assuré Mathieu Drida, PDG du site de comparaison meilleurmobile.com.
Cette stabilisation des prix, « serait bénéfique pour le marché pour que les acteurs puissent plus investir dans les réseaux et les services », a pour sa part assuré Sylvain Chevallier, spécialiste des télécoms et associé chez BearingPoint.
Si ce mariage aboutissait, le marché français des télécoms repasserait alors à trois opérateurs fixe/Mobile (Orange-Bouygues Telecom, SFR-Numericable-Virgin Mobile et Free) répondant ainsi aux voeux du ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg.
« Nous nous sommes battus pour qu’il y ait retour à trois opérateurs (...) et nous y arriverons, nous ferons trois opérateurs capables d’investir qui cesseront de détruire de l’emploi, s’entretuer pas seulement dans les colonnes des journaux mais également dans des batailles spéculatives, pour enfin construire avec l’Etat une stratégie de révolution numérique », avait déclaré mardi M. Montebourg.
Mais un rachat de Bouygues Telecom par l’ancien opérateur historique devrait d’abord passer sous les fourches caudines de l’Autorité de la concurrence, car il aurait une part de marché trop importante.
Bouygues Telecom pourrait alors être dans l’obligation de « revendre son réseau à Free et aussi peut-être une partie de son parc d’abonnés », selon M. Drida.
Pour M. Pestanes, l’alternative serait peut-être qu’Orange et Bouygues Telecom « mutualisent leurs réseaux, ce qui sera plus acceptable pour l’autorité de la concurrence », mais qui nécessiterait tout de même que Bouygues sorte de son accord de mutualisation avec SFR.
Quoi qu’il arrive, pour les analystes de la banque Barclays, « Iliad reste le grand gagnant » du mouvement de consolidation de l’écosystème français, continuant au premier trimestre de prendre des parts de marché dans le mobile tout en se maintenant dans le fixe.
A la Bourse de Paris, le titre Iliad a terminé en nette hausse (+6,14% à 219,50 euros), tandis que Bouygues a pris 4,44% à 33,08 euros et Orange a gagné 1,51% à 12,46 euros.
Avec AFP