Le crowdfunding est une méthode visant à des collectes de fonds collaboratives, souvent via des sites Internet dédiés. Ce procédé séduit aussi bien les porteurs de projets que les contributeurs internautes par les nombreux avantages qu’elle présente : vaste choix de projets à financer, réseau de contributeurs illimité, simplicité d’utilisation et de transactions, rapide acquisition de notoriété.
Foodraising.com est donc une plateforme de crowdfunding qui vient de voir le jour et a choisi de se spécialiser dans le financement de projets autour des plaisirs de la table. Le design du site, à la fois humble et créatif, reflète sa simplicité d’utilisation. Les deux premiers onglets « Lancez votre projet » et « Découvrez les projets » invitent les visiteurs à devenir collaborateurs du site. Le troisième onglet, « Comment ça marche », détaille dans un vocable emprunté à l’industrie de la restauration le fonctionnement du site.
La passion pour la bonne chère
C’est d’ailleurs la passion pour la bonne chère qui a forgé l’amitié des deux fondateurs du site, Florian et Maxime, et les a poussés à se lancer dans l’aventure Foodraising. Florian a rencontré son associé, Maxime, sur les bancs de la fac de Droit. Un diplôme de l’ESCP en poche, il se lance dans une carrière dans les affaires qu’il abandonne en avril 2014 pour fonder, avec Maxime, Foodraising.
Leur but est d’associer leurs compétences professionnelles avec leur intérêt commun pour ce qu’ils appellent poétiquement les « projets gourmands ».
Entrée, plat et dessert
Les « convives », porteurs de projet ou donateurs, commencent par prendre « L’Entrée » en s’inscrivant sur le site. Les donateurs apportent leur contribution financière en échange de laquelle les porteurs de projet leur promettent une contrepartie en nature. Le « Plat » consiste en un listing des avantages apportés par ce mode de financement pour le porteur de projet : levée de fond bien sûr, mais également mobilisation d’une communauté autour d’un projet commun, échange avec les financeurs, reconnaissance et popularité du projet. Le « Dessert » est l’acceptation du projet par la plateforme, auquel cas il est publié sur le site et reçoit des fonds, ou son refus, auquel cas Foodraising vous indique les modifications à y apporter.
Enfin la « Recette » gagnante du site est de proposer aux porteurs de projets deux types de commissions (7% ou 11% de l’objectif de la levée de fonds) selon le mode de collecte adopté. Si la collecte échoue, la commission n’est pas touchée par le site et le porteur de projet n’aura payé que son inscription à la plateforme, soit 2% du montant de la collecte. Un risque moindre donc, qui, on l’espère, incitera de nombreux entrepreneurs gourmets à venir faire leur petite cuisine sur le site et à transformer leur goût pour les arts culinaires en d’innovants projets.
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La question est de plus en plus soulevée aujourd’hui : la défense de la gastronomie et de l’art culinaire peuvent-ils aller de pair avec les tendances actuelles de la restauration ? Florian Nègre répond à nos questions.
Le Goûteur : Peut-on envisager de trouver des produits financés par Foodraising dans les rayons de nos supermarchés ?
Oui absolument! Si un producteur décidait de faire une collecte sur Foodraising afin de développer et commercialiser un produit, ce dernier pourrait tout à fait se retrouver sur des étals de supermarchés.
D’après les projets déjà présents sur le site, pouvez-vous dégager les nouvelles tendances de la restauration aujourd’hui ?
Les consommateurs recherchent davantage de qualité, d’informations, de traçabilité par rapport aux produits. Ils font bien plus attention à ce que contient leur assiette, et sont de plus en plus prêts à payer davantage pour un produit de qualité quitte à le consommer moins régulièrement. La qualité est dorénavant préférée à la quantité. Consommer moins mais mieux est une tendance générale que nous ne sommes pas les seuls ni les premiers à relever ce fait. La prise de conscience tend à se généraliser par une mobilisation grandissante des producteurs et par la vigilance accrue des consommateurs.
D’après vous, quelle place y a-t-il aujourd’hui pour les restaurateurs « alternatifs » (restaurants bio, équitables, solidaires…) ?
Tout d’abord, une distinction restaurants « bios, équitables, alternatifs » versus « les autres » ne peut pas être établie de manière aussi tranchée.
Les premiers restaurants « bios, équitables, alternatifs » sont avant tout les savoir-faire de cuisiniers ou de restaurateurs passionnés qui travaillent avec de bons produits, sains, et dans des conditions impeccables, et non des labels ou des logos apposés en devanture.
Cependant, il y aura toujours une place pour des restaurants dits « alternatifs » quels qu’ils soient. Les consommateurs ont soif de nouveautés, en termes de concepts ou de produits. Notre secteur n’échappe pas non plus aux effets de mode.
Je pense qu’une majorité de restaurateurs sont de plus en plus conscients que pour continuer à travailler, il leur faut s’adapter à leur clientèle. Et cela passe par une meilleure traçabilité que les restaurants labellisés « bios », « équitables », « solidaires » ont été les premiers à proposer. Il n’est pas impossible que la recherche de qualité que propose « la restauration alternative » se banalise au point que le terme « alternatif » se déplace sur un autre aspect de la consommation.
Si vous deviez aujourd’hui monter un projet financé par Foodraising.com dans quoi vous lanceriez-vous ?
C’est une excellente question à laquelle il serait compliqué de répondre précisément, tant chaque projet est différent.
Un porteur de projet passionné, motivé, avec un objectif sérieux, éventuellement avec un concept, a toutes ses chances de pouvoir réaliser une collecte sur Foodraising.
Trois projets sont déjà en train de mijoter sur le site, dans l’espoir d’atteindre leur objectif de collecte… et ils sont sans doute des dizaines à avoir tous les ingrédients et le savoir-faire nécessaire, prêts à être mis sur le feu. Bientôt dans vos assiettes ?