Boys don't cry - 8/10

Un film de Kimberly Peirce (1999 - USA) avec Hilary Swank, Chloë Sevigny, Peter Sarsgaard, Brendan Sexton III, Jeannetta Arnette, Alicia Goranson

Romance en enfer.

L'histoire : Brandon est né fille mais se sent profondément garçon et vit comme tel. Rejeté par son entourage, sombrant dans la délinquance, il quitte sa ville, fait la route et arrive dans une petite commune. Il y rencontre une bande de jeunes, un peu paumés, qui l'adoptent dans leur groupe. Brandon tombe amoureux de Lana, et réciproquement. Si la jeune fille, lorsqu'elle apprend la vérité, reste fidèle à l'amour qu'elle éprouve, et décide de l'aider, il n'en sera pas de même pour les autres...

Mon avis : C'est à la fois une magnifique histoire d'amour, mais un drame épouvantable, noir, dur et terriblement violent. Car il y est question de transsexualité, chez des paumés, dans un petit patelin isolé du fin fond du Nebraska... on imagine le degré de connaissance et de tolérance sur le sujet... Un film indispensable, qui ajoute sa pierre à l'édifice, à la compréhension de ce phénomène naturel, mais rare, donc "étrange" et par conséquent mal supporté par le conservateur de base. On vit à travers Brandon le calvaire que subissent ces personnes entre deux sexes, en attendant de pouvoir affirmer leur choix, médicalement et socialement.

La réalisation est magnifique, réussissant à mêler avec sensibilité et intelligence, l'amour et la tragédie, l'innocence et la cruauté. Un tact immense pour une histoire difficile, sans pathos, sans violons, sans jugement, sans prosélytisme.

L'histoire d'amour est si belle, avec l'acceptation totale de Lana, même quand elle sait la vérité, prête à le soutenir et à l'aimer dans son combat à venir pour devenir l'homme qu'il veut être. Le film m'a fait dire à la fin : Et bien voilà, maintenant je sais définitivement pourquoi je suis pour le mariage gay, les familles gays, etc. ! Peu importe le sexe, on s'en fout, ce qui compte, ce sont deux personnes qui s'aiment, deux corps, mais aussi deux âmes. Qui doivent avoir les mêmes choix, les mêmes droits, les mêmes devoirs que les autres. Je ne me pose désormais plus aucune question. Pour moi l'affaire est close... et je serai toujours du côté des homosexuels et des transsexuels. Qu'on les aime, qu'on les aide, qu'on les soutienne. Qu'on se le dise. Emballez, c'est pesé.

Interprétation bouleversante des deux actrices principales. Hilary Swank a d'ailleurs reçu un Oscar pour ce rôle difficile. Elle est parfaite ; look de garçon et aucun faux-pas dans les attitudes qui ferait perdre en crédibilité. Le côté androgyne du personnage lui attire "seulement" un peu de mépris parfois : "il fait lopette, un peu, non ?" La seule chose qui m'ait un peu gênée : comment se fait-il que personne ne demande jamais à Brandon pourquoi il n'a pas de poil au menton ?

Quant on sait que l'histoire est vraie... brrr... ça fait froid dans le dos.

A ce sujet, il faut savoir que la vraie Lana a attaqué en justice la production de Boys don't cry qui d'après elle donnaient d'elle une image ne correspondant pas à la réalité et falsifiaient la vérité : elle n'a pas continué à fréquenter Brandon dès lors qu'elle a su qu'il s'agissait d'une fille.

Si le thème vous intéresse, je vous conseille l'excellent et méconnu Ma vie en rose, un film français (et oui) sur l'histoire d'un petit garçon qui veut être une fille.

Cet article a été programmé car je suis absente jusqu'au 25 mai. Je répondrai à vos commentaire dès mon retour.