La troisième saison de Revenge s’est terminée le 13 avril aux États-Unis sur les ondes de ABC et au Canada sur CityTV et il a fallu attendre la même semaine pour savoir que la série serait renouvelée pour une quatrième saison. Après une seconde mouture où les protagonistes croyaient s’attaquer à une organisation terroriste ayant des tentacules un peu partout sur la planète, on revient cette fois-ci à la base avec des intrigues se concentrant davantage sur la communauté des Hamptons. À plus d’un instant, Emily se rapproche de son but qui est de faire payer les Grayson et son entourage, à la différence que cette fois-ci, elle a de plus en plus de difficulté à garder le secret sur son ancienne vie. En rétrospective, on peut affirmer que la troisième saison aura été très bonne, mais à mesure que le temps passe, deux facteurs jouent en sa défaveur : son nombre d’épisodes et sa longévité qui en soi, fait de moins en moins de sens. Retour sur un des plaisirs coupables de la saison 2013-14.
Changer d’arme selon le combat
*Contient des spoilers pour ceux qui n’ont pas achevé la saison 2* Ce troisième opus de Revenge démarre en force, grâce à un flash forward de l’action à venir (dans laquelle la production se spécialise) : Emily, en robe de mariée, se retrouve sur un yacht en pleine nuit et reçoit quelques coups de feu qui la projettent dans l’océan. Puis, on nous ramène plus six mois en arrière afin de faire suite aux bombes lancées l’an dernier en fin de saison. C’est d’abord l’arrivée de Patrick (Justin Harltey), le premier fils de Victoria qu’elle avait donné en adoption alors qu’elle était encore très jeune. Ses motifs pour renouer avec sa mère n’ont rien d’intéressé ($) et s’avèrent purement sentimentaux. Indirectement, cette « réunion » servira les intérêts de Victoria puisqu’éventuellement, Nolan et Patrick forment un couple et qu’elle peut compter sur ce dernier pour lui fournir des informations sur Emily. À ce sujet, il devient de plus en plus difficile pour la jeune fiancée de Daniel Grayson de garder le secret sur sa véritable identité. En fin de deuxième saison, c’est Jack qui est mis au courant, et avant, c’était l’écrivain sans scrupules Mason Treadwell qui fut dans le coup.
Ce qu’il y a de plus intéressant dans cette troisième saison est de voir comment Emily parvient à berner le plus de gens possible, alors qu’elle est sans arrêt acculée au pied du mur. À un moment, Victoria réussit à convaincre Patrick de voler le coffre de la jeune fille qui se trouve caché chez Nolan. Alors qu’elle devrait y trouver le journal de David Clark et ses effets personnels, ce sont plutôt des revues de presse maison confectionnées par Emily (à la dernière minute) laissant croire qu’elle avait depuis longtemps dans sa mire Daniel. Ainsi, la protagoniste est prête à se faire passer pour une superficielle à la recherche d’un mari fortuné pourvu que ça détourne l’attention sur le lien qu’il pourrait y avoir entre elle et son père. Le plus beau dans tout ça est que ça fonctionne à merveille, mais pas à n’importe quel prix. Lorsque ce secret est exposé, Emily accepte de jouer ce rôle et par le fait même à accepter les infidélités de Daniel et autres humiliations, quitte à faire la une des journaux à potins et voir sa réputation de femme du monde détruite, à la grande satisfaction de Victoria. Ce « combat de poules », entre les deux femmes, c’est le Revenge qu’on adore et qu’on redemande, mais à un moment, la coupe est pleine.
Une formule à conclure
Au début de mai à la veille du dévoilement officiel des grilles horaires des grands réseaux américains, le président de Fox, Kevin Reilly ne cachait pas sa déception quant aux cotes d’écoute qui ne cessent de s’éroder au fil des saisons de séries au départ très prisées, comme The Following. Voici l’extrait d’un article ayant recueilli ses propos : « Je pensais que "The Following" allait progresser en saison 2, mais ce ne fut pas le cas.(…) Malheureusement, la très grande majorité des séries a tendance à chuter» Pour lui, les networks doivent trouver le moyen de faire le retour de leurs séries chaque année un événement comme HBO avec "Game of Thrones". » À ABC, Revenge se trouve dans la même situation. La première saison a réuni en moyenne 7,8 millions d’auditeurs et la seconde 7,0. Le premier épisode de la troisième avait rassemblé 8,1 millions de curieux alors que la finale n’en comptait que 4,9 (le plus bas score jamais enregistré de la série) pour une moyenne 5,9 (voir le tableau, ici).
Les chiffres reflètent-ils la qualité du troisième opus? Absolument pas, surtout que le dernier épisode diffusé le 11 mai est probablement le plus jouissif depuis le tout début. Mais ce qui a accroché l’auditoire, c’était Emily qui marquait d’un « X » sur une photo les visages des gens qui avaient trahi son père et dont elle s’était vengée. On s’était passablement écarté de cette formule durant la deuxième saison pour y revenir un peu plus durant la troisième. D’ailleurs, le plan de l’héroïne est à deux doigts de se concrétiser à la mi-saison alors qu’elle épouse Daniel… jusqu’à ce qu’il y ait un autre revirement. Après trois ans et toujours pas de résultats, peut-on qualifier Emily d’incompétente? L’objectif initial de la série (qui nous est sans cesse rappelé, ne serait-ce que par le titre) commande une résolution à court ou moyen terme. Ce qui mine le plus Revenge, c’est la longueur de ses saisons de chacune 22 épisodes. Dès lors, on dilue le contenu et on introduit toutes sortes de personnages qui promettent beaucoup (la mère d’Emily, Patrick, le retour de Lydia, le retour de la première épouse de Conrad, etc.), mais qui au bout de quelques épisodes sont évacués du scénario; des diversions aussitôt arrivées, aussitôt parties et aussitôt oubliées. Seul le personnage de Margaux LeMarchal (Karine Vanasse) qui a effectué son arrivée durant la présente saison offre un potentiel scénaristique assez fort pour l’avenir.
Mais c’est un tour de force, cette finale qui nous désarçonne qui fait qu’on est encore accro à Revenge. Emily est plus que jamais sur le point d’atteindre ses objectifs, mais c’est sans compter l’arrivée d’un personnage auquel on ne s’attendait pas et qui pourrait changer la donne. Mais même avec cette addition, on doute que la série se prolonge pour plusieurs autres saisons. Quelquefois, il est préférable de conclure sur un momentum, même si l’auditoire est toujours au rendez-vous. En ce sens, souhaitons une belle et dernière saison à Revenge.