De l'agneau en basse température, ce n'est pas vraiment une première pour moi. Ce qui l'est moins, c'est sa cuisson en deux temps, très courante en restauration. Jusque là, je n'avais jamais osé. Et puis là, les circonstances m'ont poussé à le faire.
J'étais parti sur une cuisson relativement longue, puisque je l'ai démarrée en tout début d'après-midi pour le soir. J'avais découpé la selle en trois pavés (nous étions trois à table) et gardé les "chutes" pour faire un jus corsé. Je ne les avais pas poêlés avant, mais directement emballés dans un sachet et mis sous-vide. Puis placés au four à 60 ° (pour la dernière fois, puisque je viens de craquer pour un thermoplongeur). Je ne sais pas ce que m'a fait mon four, mais en moins d'une heure, ma viande était déjà à 58 °C à coeur (merci l'alarme) ! J'ai donc sorti de suite mon sachet et je l'ai plongé dans un eau additionnée de glaçons. Puis placée 15 mn au congélateur et enfin au frigo pour retrouver rapidement une température de 4° à coeur. Elle n'a ensuite été sortie du frigo que 20 mn avant de la servir. Mais nous n'en sommes pas encore là...
La croûte d'olive et genièvre
Cette recette est un classique de la maison depuis pas mal d'années maintenant, avec toutefois quelques variantes. Ici, elle est composée de :
- une grande tranche de pain de campagne
- 30 olives grecques dénoyautées
- 10 baies de genièvre
- 1/2 cuill à café de feuilles de thym séchées
- 1/2 cuill à café de graines de fenouil
Il est nécessaire de s'y prendre la veille au soir, car les trois premiers ingrédients passent la nuit au four à 80 °. Après un temps de repos, l'ensemble des ingrédient est mixé dans un moulin à café. C'est tout ? Ben oui.
Le jus corsé
S'il y avait des "déchets" (les panoufles de la selle, entre autres), il y avait aussi des jolis morceaux de selle que j'ai coupé en gros cubes. Je les ai poêlés dans de l'huile d'olive avec un oignon émincé, une gousse d'ail écrasée au couteau, jusqu'à ce que ce soit bien doré. Puis j'ai mouillé avec 10 cl de vin blanc, et réduit le tout à sec. J'ai alors ajouté environ 50 cl d'eau, du thym, des graines de fenouil, et une belle cuillère de fond de veau concentré. Et j'ai laissé mijoter environ 1h. Je l'ai ensuite filtré et récupéré mes morceaux de viande. Puis j'ai replacé le jus pur dans la casserole pout continuer la réduction jusqu'à ce qu'il ne reste que 10-15 cl de jus.
J'ai dépiauté ma viande pour ne garder que les "belles fibres". Elles ont été réchauffées dans un peu de jus au moment de servir. Puis placées au fond des assiettes de service.
Les légumes
Ce sont juste des courgettes coupées en brunoise rapidement passées à la poêle pour qu'elles soient mi-cuites (goûteuses en étant encore croquantes) auxquelles j'ai rajouté des tomates séchées et des poivrons confits (conserves italiennes).
Cuisson finale
Le four étant réglé à 200 ° pour le cabillaud servi juste avant, je l'ai laissé à cette température. Après les avoir passées au pinceau à l'huile d'olive, j'ai roulé mes pavés d'agneau dans la poudre d'olive pour qu'ils soient entièrement recouverts, et les ai placés dans le four, la sonde planté dans l'un d'eux. Il a fallu environ 15 mn pour arriver à 50 ° à coeur. J'ai préféré stoppé là, car j'avais peur que la périphérie soit trop cuite (et effectivement, on le voit sur la photo, les bords sont légèrement "grisé".
j'ai coupé une extrémité de chaque pavé pour que les convives ne voient pas qu'une boule noire dans leur assiette, mais un joli rose contrastant avec. Le jus a été versé une fois les assiettes servies.
Le principe de ce repas était de n'accompagner les mets que de vins "modestes". Ce Permien (7.10 €) n'a pas fait qu'assurer un service mininum. Il n'était rien moins que magnifique avec le plat. Un vin beaucoup plus onéreux n'aurait pu mieux se marier. Il faut dire que ses arômes d'olive, de garrigue, de fumée et de résine, ainsi que sa texture très douce, s'h'armonisaient aussi bien avec la chair tendre de l'agneau que les parfums corsés de la croûte.