Mad Men // Saison 7. Episode 5. The Runaways.
Cet épisode brise plus ou moins tout ce que la série a tenté de construire depuis le début de la saison. Entre Don qui joue au sale gosse et désobéit aux conditions de son retour à l’agence, Don
qui a un plan à trois et puis Michael Ginsberg qui se coupe un téton. Je crois que pour ce qui est de cette dernière, c’était l’une des scènes les plus surprenantes de toute l’histoire de la
série. Ben Feldman était parfait dans sa folie. Ce dernier, depuis l’arrivée de l’ordinateur est en train de perdre la tête. Entre le bruit que cela fait et le fait qu’il ne
puisse pas toucher un objet comme celui-ci va réussir à le faire interner. Mine de rien, c’est là que l’on peut se dire que Don a plutôt bien réussi sa vie à côté. Au fond, je pense que Ginsberg
a raison quand il dit « Get out while you still can ». C’est presque comme un message d’alerte. Pour le spectateur cela a énormément de sens puisque l’on a pu
voir au fil des années que l’agence a détruit pas mal de monde que cela soit Pete dans sa volonté de devenir Don, Don dans sa grande dépression, le mariage de Sterling, Peggy dans sa volonté de
devenir quelqu’un qu’elle ne va jamais devenir, etc. Quand on regarde bien Mad Men, je crois que les seuls personnages qui n’ont pas été affectés c’est bien Cooper et Crane.
Et encore, je suis gentil car ils ont déjà eu eux aussi leurs moments de battement. L’agence est donc un lieu qui détruit des vies. C’est peut-être ça la réponse de la série. La semaine dernière,
un lecteur m’a parlé du générique de la série comme fin potentielle de la série. Un peu comme si Matthew Weiner avait mis la fin de sa propre série sous nos yeux. Après tout, ce
n’est pas bête et ce ne serait pas une mauvaise fin. C’est presque l’issue logique de la série, Don tué par son boulot qui se remémore ses heures de gloire dans le monde de la publicité. Mais
l’on n’est pas encore là. En effet, Don a du boulot sur la planche. On sent que Don a repris du poil de la bête et qu’il se sent à nouveau un homme libre. Il faut dire que sa femme, Megan, lui a
proposé quelque chose qu’il ne pouvait pas refuser : un plan à trois. Cela peut apparaitre comme anodin, surtout chez Don, mais ce dernier était emprisonné depuis pas mal de temps maintenant. Que
sa femme lui propose un moment de liberté comme celui-ci permet clairement de donner à Don ce qu’il pouvait souhaiter. C’est une scène intelligente qui ne cherche pas à trop en faire. Cela aurait
pu être racoleur mais il n’en est rien. Au contraire, c’était sensuel et plein de sens.
Je me demande si Mad Men ne tente pas finalement de donner à Don le pouvoir ultime dans l’agence en évinçant Cutler et Lou. Ce ne serait pas bête, bien au contraire. Mais cela n’empêchera
probablement pas cette sorte d’apocalypse que la série nous prépare pour la fin de la série. Je vois mal comment Mad Men pourrait bien se terminer de toute façon. Après
« The Monolith » qui proposait déjà quelque chose d’assez plaisant en soi (l’arrivée à grand pas de la modernité, l’obsolescence de certains personnages de l’agence -
Ginsberg se sentant dépassé -, …). Ginsberg nous propose donc de petit à petit plonger dans sa folie. Il y a presque quelque chose de l’ordre du thriller conspirationiste là dedans, notamment
quand il regarde cette petite discussion dans la salle de l’ordinateur caché derrière un coin de table sans pouvoir entendre leurs paroles. D’ailleurs, cette scène est l’une des plus symboliques
de l’épisode. L’autre scène que j’ai adoré c’est le petit cadeau que fait Ginsberg à Peggy. La pauvre, elle a vu en horreur la décadence d’un homme brillant. C’est à se demander si elle n’a pas
peur de devenir elle aussi comme ça. Maintenant que Ginsberg est interné en hôpital psychiatrique, il y a une place à prendre pour Don dans l’agence et je suppose qu’il saura le remplacer à
merveille.
Note : 8.5/10. En bref, encore du très bon Mad Men.