Série Noire // Saison 1. 12 épisodes.
BILAN
Il y a quelques temps je vous avais parlé du pilote de Série Noire. Une série relatant l’histoire de deux scénaristes paumé et au bout du rouleau qui vont être contrait d’écrire
la suite de leur très mauvaise série juridico-policière La Loi de la Justice, raillée par la critique mais succès populaire honorable d’un point de vue audimatique. Ils vont
alors tenter d’écrire cette seconde saison de façon très différente, notamment en tentant de plus ou moins vivre les choses. Toute la première saison nous permet de suivre Denis et Patrick dans
leurs aventures les plus folles et les plus extravagantes mais c’est ce qui rend le spectacle encore plus passionnant et efficace à mon goût. Je ne m’attendais pas du tout à ce que je puisse voir
une aussi bonne série nous venir du Québec mais forcé de constater que finalement je me suis bien trompé. Dès le premier épisode nous sommes plongés dans une ambiance assez proche de celle de
Fargo des frères Coen (et qui fait actuellement office d’un remake en version série télévisée aux Etats-Unis). C’est l’hiver, il fait froid, il y a de la neige
mais l’image est également assez sombre, permettant de nous indiquer que l’on ne sera pas là pour rigoler. C’est en tout cas ce que l’on veut bien nous faire croire que Série
Noire, bien qu’elle annonce la couleur est aussi une vraie comédie.
Il y a énormément de dialogues et de séquences qui prêtent au rire et ce même si ce qui se déroule n’est pas nécessairement très drôle pour les personnages. J’ai par exemple l’image de Denis et
Patrick allant tour à tour chercher des armes dans une maison en prétextant d’un côté aller aux toilettes et d’un autre côté chercher de la glace. C’était grandiose, tout simplement. Mais ce
n’est pas la seule bonne scène de cette première saison. Bien au contraire. Au fil du temps on a envie d’enchaîner les épisodes comme des petits pains car le destin de ces héros un peu
branquignoles sur les bords. La série joue donc avec les codes, notamment quand elle nous montre des images de La Loi de la Justice au début du premier épisode. Tout d’un coup on voit à quel
point Série Noire sait se moquer des mauvaises séries aux cliffanghers ratés, aux révélations sorties du nulle part, etc. C’est l’une des névroses des séries de tous les âges et
c’est très bien représenté ici. Mais quand on se permet de se moquer des séries, il faut que la série que l’on construit (en l’occurrence ici Série Noire) soit bien meilleure. Fort heureusement
que le spectacle est de bon goût, voire même assez étonnant par moment.
Plus la saison passe et plus l’on plonge dans un univers très différent. Les premiers épisodes cherchent avant tout la comédie noire et légère, malgré une ambiance très sombre. Puis petit à petit
Série Noire se transforme en vrai polar. Un polar qui aurait pu ne pas être maitrisé mais qui s’avère pour le coup est un vrai coup de maître. Cela m’a parfois fait penser à
The Wrong Mans, une comédie anglaise diffusée l’an dernier qui mettait en scène un homme tout à fait normal face à des situations rocambolesques. La comédie noire et le polar se
mariaient très bien dans cette série d’ailleurs. Mais Série Noire est encore différente, notamment car l’angle est un peu plus dramatique. Il y a une évolution poussée des
personnages au fil des 12 épisodes et l’on sent que le but n’est clairement pas de tomber dans le pamphlet du scénariste à la petite semaine à qui il arrive des trucs rocambolesques. Non, le but
est d’aller beaucoup plus loin et de creuser les personnages bien évidemment. Du coup, cela passe par les relations de chacun avec leurs familles respectives. Surtout quand celles-ci se retrouve
imbriquées sur la fin dans leurs terribles aventures.
Note : 7.5/10. En bref, originale et sombre, cette polar-comédie nous plonge dans l’arrière scène de l’écriture d’une série avec deux scénaristes losers qui vont se retrouver à
vivre une aventure façon Fargo.