L'actualité dominicale a été si abondante ces dernières semaines que j'étais passé à côté de l'expulsion et de la suspension de militants de la CFDT par leur propre fédération.
Le 6 mai, des militants se sont vus refuser l'accès à leur local syndical : porte fermée à clé, serrures changées, huissier, police... Soit des pratiques démocratiques, empreintes de bonne et franche camaraderie ! L'huissier les a informé de la décision de la CFDT qui les suspend de leurs fonctions, leur interdit d'agir au nom du syndicat et les prive de moyens pour travailler. 3600 militants ont été déclarés démissionnaires sans que les intéressés soient consultés !
La confédération et la fédération des services à laquelle est rattachée celle du commerce ne goûtent pas l'action unitaire de leurs militants au sein du CLIC-P, un collectif qui réunit la CGT, la CGC, l'UNSA et SUD. L'activité particulièrement efficace du CLIC-P semble aller à l'encontre des intérêts boutiquiers de la CFDT et de sa ligne syndicale. Cette dernière est très souple et très accommodante avec le patronat et les gouvernements de droite et PS (désolé pour le pléonasme) :
« A la confédération, ils ont décidé de faire la guerre à la CGT, mais nous, militants, ça ne nous regarde pas. On est là pour défendre les intérêts des salariés qui se fichent bien de leurs conflits »
Et comme par hasard, cette décision a lieu un mois avant le congrès confédéral :
« On comptait faire un discours sur le fonctionnement interne de la CFDT, sur le fait de dire que la parole est libre alors qu’on nous punit dès lors que celle-ci ne plaît pas »
Dans cette ténébreuse affaire, il y a les motifs officiels sur le respect des règles internes du syndicat - il est question de démocratie - et les raisons officieuses relatives à l'action des militants contre le travail de nuit et le travail dominical. Je suis enclin à croire la version des victimes.
En effet, depuis le milieu des années 80, soit après son tournant libéral, la direction de la CFDT s'efforce de virer les opposants, quitte à leur tirer dans le dos quand ces dernier luttent pour sauver leurs emplois, à l'instar du délégué syndical de SANOFI(Médiapart).
A quelques semaines du congrès de la CFDT, le malaise grandit mais il ne devrait guère troubler une direction confédérale qui épure pour se maintenir et maintenir sa ligne.