48 heures est souvent considéré (à tort, car Eastwood en avait fait avant) comme le premier "buddy movie". Il est en tout cas encore aujourd'hui une référence : 2 caractères opposés, unis malgré eux dans une quête chronométrée, s'entraidant tout en tirant la couverture à eux et meublant de dialogues enlevés les moments creux entre deux fusillades ou cascades.
Ce film qui a marqué les esprits dès les premiers jours de projection était un parfait candidat pour la programmation du Ciné-club Sensation, qui se voulait dans son premier trimestre un « hommage » fortement nostalgique aux actioners des années 80 qui ont rythmé notre jeunesse de leur rythme trépidant, leurs bandes originales pétaradantes et leurs punchlines tonitruantes.
Produit par Joel Silver, qui allait faire les beaux jours des films de (ce) genre, le métrage a Walter Hill aux manettes, gage d’efficacité et d’honnêteté dans la démarche, sans esbroufe ni volonté de délayer le propos. Les personnages principaux sont ainsi introduits en deux scènes et à peine plus de répliques tandis que l'action, volontairement mise en avant, est gérée un peu nerveusement mais lisiblement. Lorsqu’on analyse le casting, on ne peut s’empêcher de sourire en retrouvant toutes ces « gueules » souvent à l’époque cantonnées dans les mêmes registres (David Patrick Kelly/Luther en est un parfait exemple, tout aussi veule et sournois dans Commando – rappelez-vous, c’est celui que Matrix promet de « tuer en dernier » - et qui incarnait déjà un dénommé « Luther » dans les Guerriers de la nuit). En tête d’affiche, Nick Nolte force le trait, mais c'est dans son caractère ; sorte d’ours mal léché incapable de trouver les mots pour rassurer sa bien-aimée, il se nourrit de sa colère rentrée pour terroriser les méchants et ne s’embarrasse guère du protocole policier en usage. Eddie Murphy est quant à lui impressionnant de charisme dès lors qu'on sait que c'est son premier rôle à l'écran (il sortait tout droit du Saturday Night Live), avec un personnage qui servira définitivement de prototype pour Axel Foley. Il y a chez lui une façon singulière de se glisser dans le champ, une démarche, une gestuelle typiques qui séduiront spectateurs et producteurs – même si, de son propre aveu, il s’avère un peu empoté une arme à la main.
Les dialogues de 48 heures, souvent improvisés, participent à la bonne impression générale : passages obligés entre une poursuite en bagnole et une fusillade, ils se composent de bons mots et de réflexions piquantes assortis d’un second degré salvateur et assénés sur un tempo stupéfiant. Sans doute le meilleur atout d'un film qui ne vieillit ainsi pas trop mal, n'étaient ces bad guys caricaturaux, ces happenings grotesques et quelques grosses ficelles toutefois bien utilisées. La bande originale est signée James Horner : elle aussi caractéristique de l’époque, avec ses lignes de synthé et son rythme martelé, elle ne restera pas dans les mémoires même si elle a décroché des récompenses.
Vu donc en DVD, nous avons fait le choix de la VF, pour mieux se replonger dans
Prenez le temps de lire l'article de Wade Wilson, Illuminatus et généreux contributeur au Palmarès Interblogs, et grand admirateur des films de genre.
Titre original
48 hrs.
Réalisation
Walter Hill
Date de sortie
27 avril 1983 avec Paramount
Scénario
Roger Spottiswoode, Walter Hill, Larry Gross & Steven E. De Souza
Distribution
Nick Nolte, Eddie Murphy, Annette O’Toole & David Patrick Kelly
Photographie
Ric Waite
Musique
James Horner
Support & durée
DVD Paramount zone 2 en 1.85 :1 / 95 min
Synopsis : Deux meurtriers sont pourchassés par la police, alors qu'ils recherchent le butin d'un casse commis par Reggie Hammond, un de leurs anciens complices, actuellement sous les verrous. Pour les retrouver, le policier Jack Cates a besoin de l'aide de Reggie. Il va le voir en prison pour solliciter sa collaboration mais Hammond négocie son aide contre une permission de sortie. Jack va donc faire en sorte que Reggie soit en liberté surveillée pendant 48 heures, durant lesquelles il va l'aider à retrouver ses anciens complices.