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Quand l'ONU donne son accord à une annexion de Poutine

Publié le 18 mai 2014 par Kafando @KAFANDORAPHAEL

La Russie vient de se voir reconnaître discrètement la souveraineté sur une région controversée et aux richesses naturelles considérables de l'Arctique.

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Il n'y a eu ni manifestation, ni déploiement de troupes, ni même protestations de la part des gouvernements ou des médias occidentaux, pourtant à l'affût de tous les faits et gestes du nouveau tsar du Kremlin depuis qu'il a gobé la Crimée en quelques jours et menace d'avaler une partie de l'Ukraine. L'opération s'est déroulée cette fois en douceur et est restée sur un plan strictement juridique. Avec même l'approbation de la communauté internationale. Et pourtant, elle aboutit bien à l'annexion par la Russie d'un territoire de la taille de la Suisse : la Commission des limites du plateau continental des Nations unies (CLPC) vient en effet de reconnaître la souveraineté de Moscou sur une portion de la mer d'Okhotsk de 52 000 kilomètres carrés, une partie de l'océan Arctique se trouvant dans le détroit de Béring, à la limite du pôle Nord.

Cela fait treize ans que la Russie en réclame la souveraineté. Et si les derniers épisodes aboutissant à ces nouveaux droits se sont passés pacifiquement, il n'en a pas été toujours de même. Poutine, depuis qu'il est au pouvoir, a multiplié les actions d'éclat pour manifester à quel point il ne lâcherait rien, ni sur les passages maritimes par le pôle, rendus plus faciles par la fonte des glaces, ni sur la possession des terres immergées du plateau continental. En 2007, il avait même spectaculairement marqué l'emprise qu'il voulait exercer en déposant un drapeau russe sur le pôle Nord et en multipliant les exercices navals dans ces régions, les seules du monde où se font physiquement face, pour des raisons géographiques, la Russie et les États-Unis, et aussi le Canada, la Norvège et le Danemark.

La mer d'Okhotsk, "une véritable caverne d'Ali Baba"

En fait, les contestations de territoire ne portent pas sur les terres émergées, dont les droits sont établis et pratiquement pas contestés depuis les années 1930. Mais elles concernent à la fois les zones de pêche et surtout, depuis que des progrès considérables ont été faits dans l'exploitation des richesses de fonds sous-marins, les plateaux continentaux qui prolongent les terres émergées de chaque pays. La convention des Nations unies sur le droit de la mer accorde à chaque État la possibilité de considérer comme lui appartenant une zone de 200 milles marins sur ses côtes. Mais, depuis 1982, une nouvelle convention dispose que chaque pays a la possibilité d'étendre son emprise au-delà de cette limite, à condition de prouver que la zone revendiquée est la prolongation de son propre plateau continental.

C'est cette revendication que la Russie vient de faire aboutir. Mais en partie seulement. Car Moscou est très gourmand, comme d'habitude, et prétend aussi avoir la souveraineté de territoires sous-marins de la mer Arctique baptisés la dorsale de Lomonossov et le saillant de Mendeleïev. À eux deux, ils représentent 1,3 million de kilomètres carrés. Quand on sait que le ministre russe pour les Ressources naturelles, Sergueï Donskoï, a déclaré que la mer d'Okhotsk qu'il vient de récupérer était déjà potentiellement "une véritable caverne d'Ali Baba", on imagine l'immensité des richesses pétrolières, gazières et en minerais divers que la Russie pourrait obtenir si on lui donnait satisfaction.

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/michel-colomes/quand-l-onu-donne-son-accord-a-une-annexion-de-poutine-16-05-2014-1824216_55.php


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