Encore hier, me promenant dans les rues de Narbonne, ces preuves d'incivilté .
Une gamine qui jette son mouchoir papier sur la chaussée . Une dame lui en fait le reproche, qui se fait copieusement insulter par ses parents ...
Plus loin, un " immense " ado , son portable collé à l'oreille , jurant à haute voix, qui me bouscule et poursuit sa trajectoire en maugréant ...
Devant un grand magasin, un quidam dépenaillé en extase devant son cabot déféquant ...
Aux Halles, chez mon poissonnier, un individu aux yeux de merlan qui tente de prendre mon tour en prenant des airs d'innocent ...
À observer nos contemporains, comme pour la politesse et l'élégance, on finit par comprendre que la civilité - la courtoisie - est hélas devenue un très vilain défaut ...
Affecter le renom d’être civil.
Il ne faut que cela pour être plausible. La courtoisie est la partie principale du savoir-vivre ; c’est une espèce de charme par où l’on se fait aimer de tout le monde ; au lieu que l’on s’en fait haïr et mépriser par la rusticité. Car si l’incivilité vient de superbe, elle est digne de haine ; si c’est de bêtise, elle est méprisable. Le trop sied mieux à la courtoisie que le trop peu ; mais elle ne doit pas être égale envers tous, car elle dégénérerait en injustice. Elle est même d’obligation et d’usage entre les ennemis, ce qui montre son pouvoir. Elle coûte peu, et vaut beaucoup. Quiconque honore est honoré. La galanterie et la civilité ont cet avantage que toute la gloire en reste à leurs auteurs.
Baltasar Gracian: L'Homme de cour ; page 93 de la version numérique ( La Bibliothèque électronique du Québec . Collection Philosophie Volume 13 : version 1.0 )
L'homme de cour , de Baltasar Gracian - France Culture
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