(Voir texte St Jean 6, 60-69 à la fin du commentaire. En bref, les disciples ne gobent pas un mot de ce que Jésus leur dit et s'en vont.)
Probablement que j’aurai fait un mauvais disciple. Probablement que je suis encore un mauvais disciple. Car je pense que si j’avais été dans cette synagogue ou ailleurs à écouter Jésus, probablement que j’aurais réagi avec un « c’est c’laaaaaaaaaaaa oui » à la Thierry Lhermite dans « Le Père Noël est une ordure » ou un « Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier ».
Certains jours, histoire de ne pas mourir stupide, je regarde un peu ce qui se fait chez les autres (toutes proportions gardées et avec beaucoup de respect envers les autres religions et spiritualités): prêches de certains imams, de certain gourous. Même en intra-chrétienté je lis, j’écoute etc… Et c’est vrai qu’humblement, je dois avouer que plus d’une fois je me suis dit « Il est complètement barré ce type ! » ou « Mais c’est du grand n’importe quoi, ça ! Et ils ont des gens qui y croient vraiment ? ». Ce qui me ramène invariablement à ma propre foi et à des passages comme celui-ci où finalement je pourrais avoir les mêmes réflexions. Le passage de Jean est un super raccourci d’un énorme passage dans son Evangile ou Jésus va rabâcher : qu’il est le pain de vie, qu’il faut manger sa chair et boire son sang, qu’il est le Fils de Dieu, qu’il a été envoyé sur terre, qu’il ressuscitera et retournera au ciel. C’est costaud quand même ! Il y a de quoi faire comme beaucoup et dire « oui…mais non, là je ne suis plus, je pars ».
Je ne crois pas en tout. Souvent je me dis « c’est du grand n’importe quoi ». Il y a des choses qui me laissent de glace. Il y a des concepts que je ne comprends pas. Il y a des choses qui me dépassent (l’eucharistie justement : manger sa chair, boire son sang…). Je cherche, je farfouille, je prie. Je ne suis même pas certaine qu’à la fin de mon cycle de théologie (si l’on peut finir d’étudier la théologie…) j’arriverai à comprendre. Voire si jamais un jour j’arriverai à y croire.
Et bien pour être tout à fait honnête, je m’en fous. C’est là où le Pierre en moi répond « Tu as les paroles de vie éternelle » et je crois que Jésus es l’envoyé de Dieu. Je ne sais pas si je suis un bon gourmet de chair de Jésus ou si j’apprécie son sang comme un bon vieux beaujolais, mais je crois que comme toute nourriture terrestre qui m’apporte de bons éléments, ma nourriture spirituelle chrétienne me fait grandir et me « bonifie ». Que Dieu agit en moi (certains qui me connaissent pourraient dire que c’est pas gagné…mais on en est pas là hein). Et probablement que oui, je crois que croire en Jésus permet d’opérer un changement de perspective dans nos rapports avec le monde. C'est la foi. Ce truc mystérieux qui fait qu’envers et contre tout, vous restez. Parce qu’il y a une confiance établie avec Dieu. Parce que vous savez que peut-être il y a quelque chose qui vous incite à rester.
Non, ce n’est pas évident de suivre Jésus, et comme les disciples nous aurions bien des occasions de jeter l’éponge parce que c’est très demandeur. Et non, de notre vivant nous n’arriverons pas à tout comprendre, tout accepter, parce que c’est là que réside le Mystère de Dieu. Quelque chose qui nous dépasse. Alors, il ne reste plus qu’à s’accrocher, s’abandonner, à y aller avec le cœur plutôt qu’avec la tête et à faire confiance à l’esprit qui donne la vie. Etre avec Lui.
Et la marmotte met le chocolat dans le papier d'alu
Jn 6, 60-69
Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. »
Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s'écrièrent : « Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter ! »
Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples. Il leur dit : « Cela vous heurte ?
Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant ?...
C'est l'esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le livrerait.
Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent et cessèrent de marcher avec lui.
Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. »