Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais
. J'ai baptisé mon catalogue sonore d'incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient de l'avoir déjà fait ici trop souvent. Ils sont tous les 4 mémorables pour moi en ce sens qu'Ils ont tous les 4 changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques sont dans mon ADN, j'en connais chaque son, chaque accord, et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique des saisons.Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan.
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop.
"Bassesse" pour Low de David Bowie.
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2.
Par ordre de création.
Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est aussi B.I.B.I. c'est à dire moi.
'est aussi la terminaison du mot habibi qui, en dialecete irakien veut dire Mon amourBlonde et idiote bassesse inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maîtresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que le musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
THE COLOUR OF SPRING de Talk Talk.
Noël 1985.
Je suis au coeur de mon adolescence. Talk Talk est un groupe qui a, l'été précédent, capté l'attention de mon oreille. C'était bien avant que des groupes moins talentueux ne tentent de les effacer. J'vais eu vent de ce ban car dès 1982, ils faisaient la première partie de Duran Duran, mon band ultime de cette même année 1982.
De sa voix plaintive, hantée, ressemblant à celle de Dylan quand il a tenté de se réinventer country en 1969, le band de Mark Hollis (à la voix et aux compositions) Paul Webb (à la basse) Lee Harris (à la batterie) et de Simon Brenner (aux claviers/piano) vient me séduire complètement dès le premier extrait vidéo qui donne au Noël de mes 13 ans une saveur sombre et presque gothique.
"C'est ma vie, ne l'oublie pas"
"La vie est ce que tu en fais"
Pour un jeune loup de mer qui veut naviguer des voiles de la totale liberté, y a écho.
Le band de Londres ne durera que 10 ans. De 1981 à 1991. Toutefois Paul Webb et Lee Harris referont surface avec la fameuse Beth Gibbons et un peu de d'Adrian Utley (de Portishead aussi-comme Gibbons), Webb déguisé sous les traits de Rustin man.
Mais au printemps de 1986, Talk Talk m'offre la couleur musicale de mon printemps.
Que je vous souhaite aussi beau que le mien à cette époque.
Le premier morceau est un parfait mélange de jazz, de pop et de musique ambiante. L'utilisation d'une chorale d'enfants est tout à fait agréable et il y a définitivement un aspect mystique aux paroles d'Hollis. On a aussi droit à un brin de pseudo saxophone (probablement du clavier de Brenner). Charmant sous tout ses rapports.
La pièce qui suit est une réponse à la question religieuse du premier: Je n'y crois pas. Le solo de guitare sourd est fort intéressant tout comme la basse de Webb. Deux morceaux, deux tatoos droits au coeur.
Fameux fameux morceau qui est aussi le clip de décembre dont je vous parlais plus haut, lancé avant la sortie de l'album en janvier 1986 et qui détonnait à Video Hits featuring Samantha Taylor. Le combo piano/batterie est parfait. J'aime aussi la guitare brouillon.
Beauté, harmonie, humanisme, cette chanson est pratiquement le son de la nature couvrant la terre d'une immense vague de tendresse. Un 5 avril semble-t-il...Clôturait joliment la Face A de ma cassette à l'époque.
Obsession, possessivité, possiblement déséquilibré dans son déni, dans ses pensées fantaisistes issues d'un monde parallèle. Le résultat sonore est si bon qu'il fût choisi comme second extrait pour les radios, occupées à polluer nos oreilles d'autres choses. Help me find a way through this maze. Personnellement, je cherche encore mon chemin...
Give it up est le blues de l'album. L'orgue, la batterie et la base sont lourds et tout à fait élémentaires. Le clavier hanté de Brenner rajoute une couche de mystère à l'ensemble. Hollis semble revenir sur la religion (auquel il croit finalement) et dire aux athéistes de laissez tomber leurs conceptions négativistes. La guitare nonchalante semble aussi directement sortie du catalogue secret de Carlos Alomar.
Lente intro sur ce morceau comme une lente descente dans les entrailles de la douleur. Morceau le plus court de l'album à 3:20, le plus plaintif aussi, il est presque entièrement a cappella. On ressort du couloir de l'angoisse à la toute fin par la même acoustique sonore par laquelle on y était entrée.
Le morceau qui ferme l'album est mon préféré tout album confondu. Je dirais même qu'il me bouleverse. L'interprétation de Hollis est forte et l'ensemble de flûte à la toute fin me donne encore des frissons après toute ses années. L'utilisation des voix est assez magique aussi, en trois couches fort inspirées. Les crescendos, quand ils sont utilisés avec un tel brio peuvent complètement me chambouler. À partir du milieu de la chanson je deviens tout chose chaque fois.
Pour néo-romantique cherchant à masquer le bruit de la télé, pour vagabonds spirituels, humaniste cimenté en société, nerd cosmique, sensibles au coeur tendre, amoureux printaniers.
Now that it's over, rest your head.