Parfois (souvent), le dépouillement a du bon. Et c’est en version piano/guitare/voix et en solo que l’on a pu découvrir le nouvel album de Bensé, lors de la première date de sa "pré-tournée".
Ah, ça faisait un moment que j’attendais ça. Quatre ou cinq ans en fait. En bonne groupie, j’avais scruté son Bandcamp, écouté en boucle les démos, été un peu surprise avec son dernier EP Les Filles du Printemps. Et en bonne groupie, me voilà donc à Léognan, près de Bordeaux (fallait passer la rocadeuh), assise sur cette chaise à accoudoirs, dans une minuscule salle, normalement dédiée à la restauration. Tout va bien.
Retrouver Bensé en concert, ce mec qui a un peu recadré mes goûts musicaux douteux d’adolescente (je lui dois notamment ma dévotion à Arcade Fire), c’est un peu comme retrouver un ami que tu n’as pas vu depuis longtemps. Ça fait plaisir, tu sais qu’il a des choses à raconter. Et surtout, ça se savoure.
Il ne lui aura pas fallu longtemps pour se mettre la salle dans la poche. Car le monsieur, rodé à l’exercice grâce à des années passées à jouer dans des bars niçois, sait captiver. Il maîtrise.
De son premier album, il n’aura joué que son «tube», «Au Grand Jamais», qui s’est trouvé une nouvelle jeunesse, descendu de quelques tons, et qui a même gagné en sobriété. (Tu me diras, la sobriété, en guitare voix, c’est plus facile. Mais quand même …). De son prochain album, il aura tout joué. Et même davantage. Et donc je peux vous assurer que : 1 – Il n’a rien perdu de son habileté à manier les mots, 2 – Il sait toujours composer de sublimes mélodies. De plus anciennes compositions s’y sont même glissées (‘‘Le Vent Se Lève’’, ‘‘La Tempête’’, ‘‘Dans Mon Réduit’’, ‘‘Le Printemps’’).
Mais au delà des chansons, ses concerts marquent surtout par la proximité qu’il entretient avec le public, sa générosité. ‘‘on fait comme si on était chez nous’’. Il ne s’est pas contenté de dérouler une setlist. En fait, il n’en avait pas. Les chansons venaient au fur et à mesure, ou on les lui proposait, il prenait le temps de les présenter, de nous parler, et même de se planter.
Oui, se planter, et nous offrir un petit moment surréaliste. ‘‘Olivia’’ s’est fait la malle. Ou plutôt ses paroles. L’unique solution : écouter la chanson depuis un portable, dans le public. Un "C’est beau hein ? Je sais pas qui c’est, mais c’est bien" et puis, AH ! Fulgurance. Mais non, non, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Merci quand même pour le fou rire !
Le rappel s’est fait au doux son de ‘‘L.A.’’, au milieu du public. J’ai dû écouter cette chanson mille fois (ça sert de faire des vidéos pourraves pendant les concerts). Je connais ses «palapapa lalala lapapa papa» par coeur. Et pourtant, ce soir, c’était encore mieux. Ambiance cours de musique de 3ème, où tout le monde commence à chanter un peu juste. Mais tout le monde chante. Ah c’était beau.
Au beau milieu de cette petite salle de cantine (presque) perdue, Bensé a su tous nous cueillir, un par un, avec pour seuls compagnons une guitare et un piano. Des concerts comme ça, j’en veux tous les jours.
P.S. : Il faudra donc bientôt se ruer sur son album. Quand ? «Pas loin de l’été. Soit au tout début, soit à la fin». Il faudra donc être patients, et les petits chanceux que nous étions le seront d’autant plus que nous connaissons sa version acoustique.
Setlist (improvisée) : Le vent se lève // La Tempête // Cassandre // Au Paradis // Quelle Année ! // Dans Mon Réduit // Aux Caprices d’Éole // Mes Baisers // Au Grand Jamais // Jasmin // En Voyage // Ma Personne // Goodbye! // Je Pense À Mes Amis // La Tendresse // La Dernière Fois // Olivia (la première moitié, en fait) // Portrait Chinois // Le Printemps // L.A.