Une revue de presse réduite ce mois-ci, mais riche d’enseignements, puisqu’il y sera question aussi bien de transmission de savoir-faire artisanaux que de conseils pour choisir un pantalon.
Ce que vous auriez pu rater en avril 2014
Les leçons d’un maître chemisier italien pour réaliser une chemise sur mesure
À vrai dire, c’est à un article du GQ italien du mois d’avril que je dois d’avoir découvert la Samsung Maestros Academy, une initiative intelligente qui mêle publicité indirecte et mission d’intérêt général, puisqu’il s’agit de transmettre aux potentiels artisans de demain les bases du savoir-faire d’artisans d’aujourd’hui, ou, à tout le moins, de les intéresser à des métiers d’excellence qui, malheureusement, se renouvellent peu, faute de candidats. C’est ce qu’explique très bien Alessandro Siniscalchi, propriétaire de la Camiceria Siniscalchi fondée par son père Vittorio en 1948 et dont il a repris les rênes en 1982.
Premier constat : la morphologie des hommes a changé. Les hommes d’aujourd’hui sont soit très fins, soit très développés (la faute aux salles de sport, dont l’usage s’est considérablement développé ces dernières années). Deuxième constat : la plupart d’entre eux réclament des chemises slim, ce qui n’est pas forcément une bonne idée compte tenu de la remarque précédente. Troisième constat : un chemisier sur mesure n’est pas un tailleur sur mesure, comme vous permettront de vous en rendre compte les vidéos disponibles sur le site.
Etape n° 1 : la prise de mesures
La prise de mesures obéit à un ordre bien précis : l’écart entre les épaules d’abord, puis la manche (bras plié afin d’éviter les mauvaises surprises), le poignet, la longueur de la chemise (qui doit être suffisamment longue pour ne pas ressortir du pantalon de manière intempestive), l’emplacement à prévoir pour d’éventuelles initiales, le thorax, la taille, et, pour finir, le tour de cou.
Etape n° 2 : du choix du tissu au modèle de référence
1500 variantes de tissus, pas une de moins. Même si les goûts des clients sont relativement classiques, il faut pouvoir répondre à toutes les demandes.
Etape n° 3 : de la taille standard au modèle personnalisé en papier
Une fois notées scrupuleusement, les mesures du client sont ensuite reportées sur un modèle en papier à l’aide d’un patronage maison que le maître chemisier corrige et adapte (étant entendu que le client peut choisir tout type de chemise, avec pinces, sans pinces, tout type de col, de poignets, etc.).
Etape n° 4 : du modèle en papier au prototype pour essayage
À partir du modèle en papier sont découpés des gabarits en toile qui, cousus au moyen d’un fil de bâti, vont permettre la réalisation d’un prototype en toile (une blouse) dont les détails sont volontairement simplifiés, y compris au niveau du col. L’intérêt de ce prototype consiste à faire apparaître le maximum de défauts, corrigés à l’étape suivante.
Etape n° 5 : le premier essayage
Une erreur grossière consisterait à modifier directement le prototype en fonction des enseignements du premier essayage. Il convient au contraire de partir d’un nouveau modèle en papier tenant compte des modifications à apporter. À ce stade est définie la position des boutons (pour mémoire, l’espacement entre le col et le premier bouton n’est pas le même selon qu’il s’agit d’une chemise formelle ou d’une chemise sport).
Etape n° 6 : second essayage et réalisation de la chemise définitive
Après le premier essayage, une chemise est réalisée dans le tissu choisi. Les coutures ne sont toujours pas les coutures définitives, et pour cause : lors de ce second essayage, il s’agit d’observer à nouveau les mouvements du client afin de travailler l’aisance du vêtement. À l’issue de cette étape, la chemise est démontée, les gabarits en papier sont modifiés une nouvelle fois si nécessaire, les différentes parties de la chemise également. Alors, et alors seulement, peut débuter la confection proprement dite, col et poignets définitifs compris.
Etape n° 7 : troisième et dernier essayage
Ça y est, la chemise est prête pour le dernier essayage ! Après acceptation, le client devra la porter et la laver deux ou trois fois afin de vérifier que tout est en ordre. En cas de gêne, il pourra toujours en aviser M. Siniscalchi. Gageons qu’il n’aura pas à le faire.
Les leçons d’un artisan maroquinier de renom pour fabriquer un sac en cuir
Tout aussi passionnantes que les leçons d’Alessandro Siniscalchi sur l’art de confectionner une chemise sur mesure, celles de Stefano Parrini pour fabriquer un sac en cuir dans le strict respect de la tradition florentine. Stefano Parrini travaille à la Scuola del Cuoio depuis dix ans. Maroquinier de renom, professeur émérite (l’école forme chaque année des dizaines d’étudiants venus du monde entier), il a un sens aigu de son métier et de son art. À suivre.
Photos, source : Samsung Maestros Academy.
C’était à lire dans :
Le supplément Style du Corriere della Sera
Après nous avoir alertés sur la généralisation du style étriqué en matière de costumes, le supplément Style du Corriere della Sera poursuit sur sa lancée en nous éclairant sur la mode en matière de pantalons. N’y aurait-il pas place désormais pour une contre-tendance appelée à supplanter la vogue actuelle du stretto e corto ?
L’amorce d’un revirement aurait commencé à Hollywood, avec les pantalons créés par Casey Storm pour Joaquin Phoenix dans Her, le film « rétro-futuriste » de Spike Jonz. Un modèle, vraiment ? Les Italiens, eux, s’en tiennent pour l’instant à ce qu’ils connaissent.
Pantalons pour homme : la tendance
Sans surprise, la tendance est aux pantalons étroits (17 cm pour un 48) et courts, plutôt taille basse et sans plis. Pas d’ourlet, évidemment. Le bas du pantalon, retroussé, laisse apparaître la cheville. L’été, les chaussettes ne sont pas obligatoires.
Pantalons pour homme : la contre-tendance
Une taille haute, un pli marqué, une patte de boutonnage intérieure, et, par-dessus tout, une taille de plus pour une morphologie comparable. En taille 50, le bas de pantalon excède largement les 20 cm (jusqu’à 25) et recouvre une partie de la chaussure. Accessoire indispensable : les bretelles.
Le juste milieu ?
Toni Servillo dans La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino. En accord avec la costumière Daniela Ciancio, l’acteur a choisi d’être habillé par Cesare Attolini.
Photo, source : Campagne d’Italie.