Critique Ciné : Pas son Genre, amours de province

Publié le 16 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Pas son Genre // De Lucas Belvaux. Avec Emilie Dequenne et Loïs Corbery.


L’amour c’est compliqué et c’est ce que veut nous dire Pas son Genre pour la énième fois au cinéma. Je trouve ça dommage de la part de Lucas Belvaux d’avoir voulu faire une comédie romantique aussi réfléchie pour si peu. le film cherche constamment à tout ramener à la philosophie. Cela se veut donc plus intelligent que les autres et pourtant le film fait aussi des références aux comédies romantiques avec Jennifer Aniston et à la relation de cette dernière avec Justin Theroux. Le film échappe donc a pas mal de bonnes idées et tombe presque dans le mélodrame sans fin. Car durant l’heure et trois quart de ce film, il y a de bonnes idées mais toutes ne sont pas nécessairement bien exploitées. C’est tellement dommage. Lucas Belvaux veut trop faire dans la références génériques. Il y a donc énormément de passages du film qui sont ramenés à des références à Stendhal, à Epicure, à Kant, etc. La pensée n’est pas vaine et j’ai toujours aimé la philosophie mais dans Pas son Genre cela m’a donné l’impression par moment de voir une comédie romantique bobo qui se force à l’être. Car même si le héros est un petit parisien bien rangé (et bobo), le film se déroule à Arras et met en scène une histoire entre ce professeur et une femme tout ce qu’il n’y a pas de bobo justement.
Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an. Loin de Paris et ses lumières, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C'est alors qu'il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines « people » et de soirées karaoké avec ses copines. Cœurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?
Mine de rien ce n’est pas bête de faire se rencontrer deux personnes qui ne sont pas du tout du même milieu et qui ne pensent pas l’amour de la même façon. Cela change des comédies romantiques génériques que l’on peut voir fleurir chaque année au cinéma. Puis le film tombe rapidement dans le déni et le spectateur a l’impression de sortir du film et de cette histoire que les deux vivent ensemble sans nous inclure. Lucas Belvaux n’est pas mauvais dans son genre mais je pense sincèrement que ce n’est pas suffisant. L’histoire est pourtant belle aussi. J’adore l’amour, la romance et je pense que j’aime beaucoup Jennifer rien que pour ça. On apprend à connaitre cette femme au fil de l’histoire et je me suis retrouvé un peu dans sa manière de voir l’amour et les choses. Il faut dire que comme elle je suis balance (si c’est un critère). Ce que je ne comprends pas c’est comment j’ai pu passer à côté de Pas son Genre alors que ce film avait clairement tout pour me séduire. Certes, le lieu n’est pas celui de mes rêves mais Arras a son charme que le film n’exploite pas vraiment. Ils auraient peut-être pu faire ça à Paris (seul le choc des cultures n’aurait pas pu être possible).
Côté casting, on retrouve donc la charmante Emilie Dequenne dans le rôle de Jennifer. Cette actrice colle au personnage mais parfois je n’ai pas vraiment réussi à comprendre la nuance qu’elle voulait donner à son personnage. C’est encore une fois comme ci Pas son Genre passait à côté de tout. La relation qu’elle tisse avec Loïc Corbery est peut-être un peu trop artificielle par moment et c’est bien bête. La mise en scène de Lucas Belvaux se veut légère comme son histoire et ses personnages. Il n’y a donc rien de très recherché là dedans et on ne peut que l’en féliciter. Finalement, Pas son Genre n’est pas la comédie romantique que j’attendais. C’est même plutôt une sorte de mélodrame romancé mignon. Mais bon, je ne peux pas non plus trop en vouloir à Lucas Belvaux d’avoir voulu expliquer l’amour (ou en tout cas tenter de l’expliquer) au travers de la philosophie. Le plus intéressant est peut-être la fin alors que le film tente plus ou moins de conclure difficilement ce qu’il avait commencé si simplement.
Note : 3/10. En bref, une romance qui veut tout compliqué avec de longs discours philosophiques mais où beaucoup de choses tombent malheureusement à plat.