Critique Ciné : Charlie Countryman, délire à Bucarest

Publié le 16 mai 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Charlie Countryman // De Fredrik Bond. Avec Shia LaBeouf, Evan Rachel Wood et Mads Mikkelsen.


Sélectionné au dernier festival de Sundance, j’attendais avec impatience de voir Charlie Countryman. C’est le genre de film, un peu indépendant, un peu étrange mais avec une petite histoire d’amour au milieu qui fait son charme, qui me plaisent tout simplement. En tout cas, j’ai tout plus ou moins tout ce que je pouvais attendre d’un tel film. Le résultat n’est pas toujours là mais Charlie Countryman a le mérite de nous plonger dans un Bucarest que l’on ne voit pas au cinéma. Ce Bucarest dont on entend seulement parler ou bien qui sert de décor à des films d’horreur de seconde zone produits par Eli Roth où des jeunes se font torturer en long et en large. Ici point de torture mais un homme qui débarque ici car il a fait une promesse à sa mère. Il va par la suite tomber sur la fille d’un homme apparemment sans histoire qu’il va rencontrer dans un avion et qui va décéder. L’aventure fonctionne donc au premier abord mais par la suite le film met pas mal de temps à démarrer. En voulant jouer sur plusieurs tableaux pour nous présenter Bucarest, le réalisateur oublie presque son histoire plus violente, cette histoire de mafia roumaine qui va nous emmener dans une direction bien étrange.
Bouleversé par la mort de sa mère, Charlie Countryman quitte les Etats-Unis et atterrit dans l’une des villes les plus survoltées d’Europe : Bucarest. En plein deuil, seul parmi des inconnus, entre virées en boîte et trip hallucinogènes, il rencontre la très énigmatique Gabi… et en tombe violemment amoureux. Harcelée par son ex, un dangereux caïd local, Gabi tente toutefois de repousser Charlie pour mieux le protéger… Mais rien ne fait entendre raison au jeune homme - pas même la peur de mourir.
Pour Charlie Countryman, cet amour-là vaut tous les sacrifices...
Du coup, Charlie Countryman fonctionne avant tout grâce aux rebondissements qu’il peut mettre en scène et que je trouve plutôt réussis dans leur ensemble. C’est au travers de ça que le récit prend une forme réellement plaisante et nous offre une toute nouvelle perspective. Shia LaBeouf (Nymphomaniac) n’est pas le membre du casting qui m’a le plus plu. Disons qu’il fait ce qu’il sait faire de mieux alors forcément, il n’y a pas grand chose de surprenant là dedans. Mais ce qui m’a réellement plu c’est Evan Rachel Wood. Dans le rôle de cette femme dont notre héros tombe amoureux était une belle manière de donner au spectateur ce qu’il était venu chercher. Car oui, si l’on va à Bucarest c’est aussi pour voir de belles femmes avec de gros accents quand elles parlent anglais. Rapidement, Charlie Countryman est une sorte d’OVNI qu’il est difficile de cerner. En voulant jouer sur plusieurs tableaux le film nous donne parfois l’impression de ne plus trop savoir où aller. Mais il y va et je trouve ça merveilleux tout de même. Surtout que c’est presque parfois un bad trip. C’est là que Fredrik Bond mais tout cela en scène afin de jouer avec les formes et les couleurs.
La caméra du réalisateur joue plutôt bien avec l’oeil du spectateur. En guise de premier film il mélange donc tout un tas d’ingrédients. On a l’impression qu’il fait parfois une expérience et qu’il regarde alors ses personnages évoluer sous ses yeux dans l’attente de rebondissements afin d’envoyer l’histoire ailleurs. C’est donc une histoire complètement foutraque mais qui fonctionne alors pourquoi lui en demander plus. Fredrik Bond prouve aussi au travers de Charlie Countryman qu’il a déjà son propre style. Mettant en scène à sa manière Bucarest mais aussi en lumière ses personnages on n’a pas l’impression de voir le premier film venu. C’est donc reconnaissable et louable. En tout cas, je n’ai rien à redire pour le coup car bien au contraire, je suis même assez content de la manière dont le film évolue au fil du temps. Il fallait bien de toute façon que Fredrik Bond ose tout quand ses personnages en font de même. Finalement, sans être parfait Charlie Countryman est une assez bonne surprise qui ravira les fanatiques de cinéma Sundance et de films indépendants un peu hors pair. C’est pile poil dans leur corde.
Note : 6.5/10. En bref, pas si mal pour un premier film.