Vers un contrôle global de la chaîne alimentaire

Publié le 16 mai 2014 par Pnordey @latelier

Des chercheurs européens développent une solution adaptée à l'analyse moléculaire de l'ensemble de la chaîne alimentaire. Cette solution, accessible non seulement aux industriels mais également au grand public, permettra d’analyser précisément ses aliments en temps réel.

Crise de la vache folle, scandale de la dioxine, scandale des restaurants Buffalo Grill, plus récemment en 2012, contamination de steaks hachés par la bactérie E.coli, l'année dernière l'affaire Findus... Les crises alimentaires de ces dernières années ont provoqué un vent de méfiance chez les consommateurs. Mondialisation oblige, nous consommons aujourd’hui des produits en provenance des quatre coins de monde. Résultat, la chaîne d'approvisionnement se complique, y compris la traçabilité des produits suspects. Actuellement, les analyses alimentaires se font essentiellement en laboratoire et représentent un coût très élevé. Si bien que moins de 2% des aliments vendus dans les rayons ont été testés avant leur commercialisation. Mais les avancées technologiques dans le domaine des biomarqueurs et la montée en puissance des smartphones permettent désormais de transformer ces derniers en laboratoires d’analyse alimentaire portables. Plus ou moins élaborés. C’est le cas aux Etats-Unis de CDX Life, une startup qui permet  de connaître la composition d’échantillons liquides, solides et gazeux. Plus transversal, le projet FOODSNIFFER sécurise la chaîne d’approvisionnement alimentaire grâce à un contrôle global .

Une surveillance alimentaire fiable et opérationnelle

Ce projet de 4 millions d'euros rassemble une dizaine de partenaires européens issus de secteurs différents : PME, chercheurs, industriels afin d'apporter une expertise globale. "L'objectif est d'établir une surveillance alimentaire fiable depuis l'origine de production, du réseau d'irrigation au contrôle des pesticides acceptés" déclare le coordinateur du projet. Ainsi, le problème pourra être résolu là où il se déclare. « Le centre de la solution est une plateforme optoélectronique tout silicium qui intègre tous les composants essentiels d'un biocapteur optique, notamment les sources de lumière, les éléments de mesure et les détecteurs, le tout sur une puce unique d'une dizaine de mm2 » explique le coordinateur. Le système pourra alors détecter en moins d'une demi-heure des substances dangereuses comme les pesticides, les mycotoxines et les allergènes dans un échantillon de nourriture. Cela réduirait alors considérablement les temps d'attente des résultats de laboratoire et ainsi s'avérer très utile pour la prise de décisions lors de situation de crise. Enfin, cette puce utilise du silicium standard ce qui permet une production à faible coût.

Applications dans l'industrie alimentaire

Prévue pour 2016, l'application smartphone permettra de transmettre en ligne les résultats des tests analytiques en plus d'autres données telles que l'identité de l'utilisateur, l'heure et la date, l'emplacement et la nature de l'échantillon. Il sera alors possible de comparer les résultats disponibles dans la base de données et ainsi de créer ou de mettre à jour les tableaux et cartes utiles aux producteurs, aux fournisseurs, aux commerçants ou même aux consommateurs. Le projet espère l'adhésion des professionnels du secteur voulant certifier la qualité de leurs produits auprès de leurs clients. Aussi, cet outil pourrait être très utile pour les personnes allergiques par exemple, ou lors de voyages dans des pays où la nourriture est différente. Enfin, les amateurs de vin pourront aussi y trouver un intérêt car l'appareil pourra analyser l'origine de plusieurs boissons dont le vin et le lait.

*Le projet FOODSNIFFER : «FOOD Safety at the point-of-Need via monolithic spectroscopic chip identiFying harmFul substances in frEsh pRoduce»