Titre original : Under the Skin
Note:
Origine : Royaume-Uni
Réalisateur : Jonathan Glazer
Distribution : Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay, Dougie McConnell, Kevin McAlinden, Andrew Gorman, Joe Szula, Krystof Hadek…
Genre : Science-Fiction/Adaptation
Date de sortie : 25 juin 2014
Le Pitch :
Une extraterrestre prend l’apparence d’une femme séduisante pour attirer les hommes et les enlever…
La Critique :
En ne lisant que le pitch, on pense immédiatement à Lifeforce, space opera horrifique et foutraque assez fendard. Sauf que non, en fait, Under the Skin ce n’est pas du tout ça. Alors, c’est quoi au juste ? La facilité serait de le classer dans les OFNI (objet filmique non identifié) mais la catégorie est tellement encombrée d’œuvres très différentes que ça n’aide pas trop. Le mieux est d’y aller peut-être par comparaison. Parce qu’il faut l’avouer, on trouve dans le troisième film de Jonathan Glazer (Birth et l’excellent Sexy Beast) un gros quelque chose du Nicolas Roeg, L’Homme qui venait d’ailleurs. Déjà, dans sa façon très simple de se présenter : le E.T. qui déboule parmi nous sans tambour ni trompette. Il est là, tout simplement. Dans son approche initiatique aussi, sa découverte de la race humaine avec son regard singulier, la fascination qu’il exerce sur les autres et l’expérience qu’il tire de ses échanges sur Terre. Sur le rythme aussi, assez lent et contemplatif. On pourrait poursuivre la comparaison sur le plan esthétique mais c’est ici que les deux métrages divergent. Dans L’Homme qui venait d’ailleurs, tout est ultra léché et sublimé par la photo d’Anthony B. Richmond. Dans Under the Skin, si il y a parfois des moments vraiment de tout beauté, on a droit le plus souvent à un spectacle plutôt laid visuellement, malgré les magnifiques paysages écossais. Mais laid exprès, on a l’impression, d’une image numérique très réelle sans étalonnage et sans filtre. Cette image-là qui fait mal à la rétine et que l’auteur de ces lignes considère la plupart du temps comme rédhibitoire. Ici, elle choque littéralement, surtout dans les plans de jour, façon reportage France3. Mais avec un peu de recul, on comprend qu’elle est là surtout pour appuyer ce côté « expérience du réel » voulu, on l’espère, par le réalisateur. Le résultat est assez spécial. Alors, bien sûr, on ne peut être qu’attiré et fasciné par le personnage de Scarlett Johansson, qui se dévoile ici progressivement mais totalement, dans tous les sens du terme. En même temps, les situations, les personnages, l’ambiance, le score aussi de Mica Levi, de ouf : on nage constamment en plein « weird » Lynchien et Cronenbergien. À y perdre pied si on n’est pas un peu préparé. Avertissement donc, pour un public « aware ».
@ Nicolas Cliet-Marrel
Crédits photos : MK2/Diaphana Distribution