Un film de Michel Hazanavicius (France, USA) avec Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman, James Cromwell, Penelope Ann Miller
Quelle bouffée d'air pur !
L'histoire : Hollywood, années 20. George Valentin est une star du cinéma muet. Un jour, alors qu'il répond à la presse dans la rue, une jeune fan passe le cordon de sécurité pour rattraper son portefeuille tombé par terre. Elle dérange l'artiste dans son show, mais il la trouve charmante, l'incident est tourné en rigolade générale, la jolie inconnue prend des poses pour le photographe, et le couple fait la une des journaux le lendemain. Cette gloire éphémère a bien plu à la jeune Peppy. Elle a des talents de danseuse, elle se met à passer des auditions, obtient des petits rôles, puis des grands. Au moment où le cinéma devient parlant, elle prend immédiatement le train en marche et devient LA star des premiers films sonores. George, lui, ne comprend pas cette nouvelle lubie des producteurs, refuse les rôles parlants ; et puisque peu à peu on ne veut plus de lui comme acteur, il passe réalisateur, sans succès... Le déclin est terrible. Mais Peppy a toujours été amoureuse de George et tente de le soutenir dans l'ombre...
Mon avis : Ca y est, j'ai enfin vu The Artist, qui a tant fait parler de lui et remporté des tonnes de récompenses. Pas volées. Quel culot pour faire un film muet, en noir et blanc ! Quelle merveilleuse idée, oui ! C'est poétique, c'est frais, c'est reposant ! Et puis malgré les contraintes de style, la réalisation parfaite, qui alterne diverses techniques (doubles images fondues, passages fantasmagoriques...) délicatement intégrées à une mise en scène classique, et une bonne dose d'humour, rendent le film tout à fait vivant et joyeux. J'ai adoré, et j'en redemande ! Il faudrait inventer un nouveau Dogme, qui reprendrait ainsi les codes du passés (années muettes, années 50, etc...) avec des histoires et des comédiens d'aujourd'hui.
La petite musique qui accompagne le film, comme le faisaient autrefois les orchestres des salles de cinéma, nous donne un petit fond sonore très plaisant ; comme ça change des explosions, pétarades, et des bandes boom-boom rap !!! Un bonheur pour mes oreilles délicates.
Dujardin et Bejo sont magnifiques. Quand ils dansent, la magie de Ginger et Fred renaît ! Merveilleux. Cependant, si j'ai trouvé Bérénice vraiment remarquable (césarisée) et d'une beauté éblouissante, le Jeannot ne m'a pas tant épatée que ça. Il est très bien, on ne peut pas dire ; mais sa brillante performance ne valait pas un Oscar à Hollywood, je trouve... Il fait ses grimaces habituelles (dont son fameux "chameau", en soft), vues et revues, qu'on avait déjà expérimentées du temps de Chouchou et Loulou... Non, franchement, c'est un acteur sympathique, mais je ne suis pas hyper fan. Quand je pense qu'il était en concurrence, entre autres avec Brad. Certes, c'était pour le film Le stratège, que je n'ai pas vu et donc je ne connais pas la performance de l'acteur dans ce cas précis. Mais quand je vois ses prestations, passant du beau gosse clean au killer déjanté, du démon au vampire... et au clown burlesque hallucinant (dans les Coen), j'ai du mal à comprendre qu'il n'ait jamais rien eu. Et que ce petit Frenchy grimaçant ait volé la vedette à tout le monde... Bizarre.
Pour moi, après Bérénice, le meilleur rôle du film... c'est Uggy le chien ! Jamais vu ça ! Il est TROP génial, je veux le MEME !
Bon, excellent film donc, très très bon, qui m'a énormément plus. MAIS pas le chef d'oeuvre annoncé. Gros coup de mou en deuxième partie. Normal, le scénario est plat comme un fax et ne tient pas sur la longueur. Heureusement qu'il y a tous ces acteurs merveilleux et cette mise en scène de folie qui nous emportent jusqu'à la fin, car l'histoire pêche un peu par sa trop grande simplicité. Les critiques sont quasi unanimes pour porter le film aux nues ; les plus méchants (comme moi !) dénoncent l'indigence du scénario.
Un très bon film français, néanmoins. Mais peut-on réellement appeler ça un film français ? ont demandé certaines mauvaises langues. Tournage à Los Angeles avec une équipe américaine, une écrasante majorité de comédiens américains et la participation de la Warner. MAIS l'idée de départ, le scénario, le réalisateur, les deux acteurs principaux, le compositeur de la BO, les producteurs principaux, sont français. Alors, flûte, moi je dis Cocorico.
Un hommage au cinéma, en tous cas : à son histoire, aux évolutions technologies qui bouleversent régulièrement la donne, aux challenges constants auxquels sont soumis les artistes, leurs ambitions, leur orgueil, ou leur talent d'adaptation. Magnifique. Du joli, du beau, du vrai cinéma... qui nous rappelle pourquoi on aime tant ça !
Je pars en vacances demain et je reviens le week-end prochain. Je vous ai programmés un film par jour, mais je ne répondrai à vos commentaires qu'à mon retour ! D'ici là, bon cinéma !
Je pars à Douarnenez... Ils n'annoncent que de la flotte.