Qatar: Sarkozy, Hollande, qui a renoncé ?

Publié le 16 mai 2014 par Juan

Nicolas Sarkozy les aimait bien. Au cours de son quinquennat, il leur a offert son soutien et bien plus encore. 

Mais est-il seul dans cette complaisance ?


Sarkozy déjà
Nicolas Sarkozy adorait le Qatar, une vraie passion, presque surprenante, forcément curieuse. Jugez l'enchaînement: de l'argent pour payer les 20 millions d'euros de la libération des infirmières bulgares en Libye en 2007 ou pour financer la guerre en Libye trois ans plus tard; en 2009, une loi pour que les Qatari défiscalisent plus facilement leurs plus-values immobilières, par le biais d'une convention ratifiée par le Parlement;  une intervention directe, comme il fallait, pour qu'ils rachètent le PSG via le fond d’investissement qatari QSI; un autre pour qu'ils décrochent la Coupe du Monde de football en 2022; Une légion d'honneur en mars 2010, au rang de grand officier, pour le Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani.
Sarkozy encore
Ces derniers jours, Sarkozy glisse une confidence: "Les journalistes me demandent souvent si je veux devenir président du PSG. Mais les mecs n'ont pas compris : je suis déjà président du PSG. (...) Ils n'ont qu'à venir voir au Parc des princes. Nasser me place systématiquement à côté de lui, juste à côté du président du club adverse."
Il paraît que c'était de l'humour. On le voit souvent au stade du Parc des princes, parfois aux côtés du premier ministre Manuel Valls, invité tout comme lui par l'héritier qatari propriétaire du club.
Bref, les relations de l'ancien monarque avec les Qatari avaient quelque chose d'indécent quand on connaît l'empreinte autoritaire du régime.
Au cours de l'été 2013, les travaux de construction d'infrastructure pour cette fameuse Coupe du monde de 2022 coûtent la vie à une quarantaine d'ouvriers étrangers en quelques semaines. Une enquête de l'Organisation internationale du Travail, relayée par The Guardian, provoque quelques remous. Le Qatar avait tardé à signer la convention internationale contre le travail forcé.
On découvre aussi qu'une Coupe du Monde en plein été au Qatar... est humainement impossible.
Mercredi 14 mai, les autorités qatari ont promis une "vaste réforme" du code du travail (visa de sortie, esclavagisme, etc).. Leur système "enchaîne l'ouvrier à son employeur et confine au travail forcé". Le Qatar ne supprime rien, il amende. La FIFA s'emballe d'enthousiasme.
Amnesty International dénonce "les abus systématiques dont souffrent les travailleurs étrangers".
"Dans le nouveau système, les titulaires d'un contrat à durée déterminée seront autorisés, à son terme, à changer d'employeur. En revanche, les personnes sous « CDI » devront travailler un minimum de cinq ans avant de pouvoir briguer un nouvel emploi. Pour changer d'entreprise, avant le terme de ce délai, les petites mains du miracle qatari devront toujours solliciter la permission de leur patron." (source: Le Monde

Et Hollande ?
L'actuel président français est moins familier avec l'émir du Qatar. Pendant la campagne, amis et ennemis du Qatar s'activent auprès du candidat. Le Qatar joue sa carte, avec ses moyens. Le site satirique mais informé Bakchich détaille comment les Qatari "draguent", sans succès, le futur président.
En juin 2013, la visite présidentielle est presque "fraîche". Le style a changé, nous explique-t-on. Economiquement, la politique a à peine changé. Les lois de défiscalisation sont encore en vigueur. Hollande a même fait "clarifier" l'opération du fameux fond d'une cinquantaine de millions d'euros que le Qatar cherchait à investir en banlieue. Ce fond devait être finalement piloté par la Caisse des Dépôts, plus rassurante.
La vraie tension a eu lieu au mois de janvier précédent. Hollande s'énerve contre le Qatar quand il part faire le ménage que Sarkozy n'a pas fait au Mali après la guerre en Libye de 2010.
"Il faut savoir que l’Arabie Saoudite et le Qatar sont accusés de soutenir des mouvements salafistes. Le Qatar est accusé de financer le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) mais il n’y a aucune preuve." Source: Afrik.com
En octobre, Hollande remercie quand même l'ambassadeur du Qatar en France d'une Légion d'honneur. On n'est jamais trop prudent.

L'actuel président n'a pas rompu, n'a rien cassé, mais rien applaudi. A l'inverse, son prédécesseur continue de se vautrer dans cette complaisance qui sait faire honte.