Il est vrai que, au premier abord, il semble s'agir d'un programme relativement peu original : jusqu'à 8 jeunes pousses – disposant d'un produit viable générant déjà des revenus (ou presque) – pourront ainsi bénéficier d'un accompagnement intensif pendant 4 mois, à Dublin, prolongé par une phase de 8 mois de suivi à distance. La promesse d'un accès aux experts de MasterCard, de contacts directs avec des acteurs clés, de séances de formation spécialisées sur les problématiques de startups… constitue une palette d'avantages classique en son genre.
Alors, où est la différence ? La première particularité de l'accélérateur est son pragmatisme absolu : les 4 premiers mois du programme seront (en partie) consacrés à identifier et préparer la mise en œuvre d'un pilote. Et, comme il n'est pas question (soyons raisonnable !) que MasterCard puisse intégrer une multitude d'expérimentations en son sein, c'est dans son réseau de partenaires que seront recherchées les opportunités de déploiement. La deuxième partie du curriculum sera alors dédiée à son exécution.
La seconde caractéristique notable de l'initiative Start Path réside dans sa cible et, indirectement, dans ses implications stratégiques. En effet, MasterCard spécifie que les solutions qui l'intéressent ne se limitent pas aux paiements : c'est bien dans l'ensemble du secteur du commerce ou, dans une autre perspective, autour des interactions des consommateurs avec l'argent (« avant, pendant ou après la transaction », selon ses termes) qu'elle recherche les innovations de demain.
Ce choix pourrait être interprété comme la protection d'un pré carré (le paiement lui-même étant, dans cette hypothèse, réservé à MasterCard). Il est plus vraisemblablement le reflet d'une prise de conscience de la profonde transformation du marché. Celle-ci a transféré la valeur de l'instant d'exécution de la transaction vers les moments de contact avec le client, couvrant de fait l'ensemble de l'acte d'achat, depuis la découverte du produit jusqu'à la fidélisation et au service après-vente.
Sous la pression des nouveaux entrants, qui ont été les premiers à adopter cette vision élargie du monde des paiements, MasterCard, comme d'autres acteurs historiques, doit désormais se positionner dans une certaine urgence. Il n'est donc finalement pas surprenant qu'elle se tourne vers les startups dans ce but, en ayant l'intelligence d'admettre qu'elle ne sera pas, seule, capable de répondre efficacement à tous les défis auxquels elle est confrontée aujourd'hui.