De Guerre Lasse – interview avec Tcheky Karyo

Par Yeurl @cine_buz

Sabrina Ouazani est Katia, Tchéky Karyo est Armand dans De Guerre Lasse

A l’occasion de la sortie nationale le 7 mai 2014 du film De Guerre Lasse d’Olivier Panchot, un polar français fort et bouleversant, découvrez avec nous l’interview de Tchéky Kario.

L’histoire : Alex, fils d’un caïd pied-noir marseillais, s’est engagé dans la Légion pour échapper à un règlement de compte avec la mafia Corse… 4 ans plus tard, Alex déserte et revient sur Marseille pour retrouver Katia, son amour de jeunesse. Mais en ville les rapports de force ont changé : son père s’est retiré des affaires, laissant les Corses et les gangs des Quartiers Nord se partager le contrôle de la ville. La détermination d’Alex va bouleverser cet équilibre fragile au risque de mettre sa famille en danger…

Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

Olivier Panchot et la Production tenaient à moi énormément ; ils ont convaincu leurs partenaires de leur faire confiance et de me faire confiance … Je suis heureux d’avoir joué ce rôle, d’avoir rencontré un metteur en scène que j’apprécie, et des acteurs vifs et excitants …

Qu’est-ce qui, au départ, vous a intéressé et touché dans le scénario ?

La proximité qu’entretient Olivier Panchot avec son sujet, il est d’une famille pied-noir française qui a traversé tous les problèmes soulevés par la colonisation en Algérie, qui est le sujet de fond de ce film épique …

Sous les dehors d’un polar urbain, le film évoque des sujets très forts comme l’appartenance à la famille, la trahison des siens, la vengeance et la réconciliation.

C’est une tragédie au sens Grec, avec des ressorts liés aux déchirements d’une famille qui s’aime mais qui est prise dans les filets du déracinement, et d’activités avec et contre la mafia corse

Comment pourriez-vous décrire votre personnage ?

Armand, mon personnage, a trois enfants qu’il a élevés avec Raïssa, sa femme : Alex, son fils d’une première couche qui revient d’Afghanistan en tant que soldat des Forces Spéciales, Katia qui est avocate, et Rachid qui vit comme un petit gangster sous couvert d’affaires immobilières ; ils sont présentés comme les enfants de Raïssa …

Il est un ancien chef mafieux qui a dû lâcher toutes ses affaires aux corses, pour que son fils Alex soit épargné alors qu’il a tué l’un des leurs. Alex doit quitter le territoire et Armand abandonne ses activités et leur laisse la place secrètement.

Il a des choses à cacher, il est rude mais amoureux, ce qui lui donne l’opportunité d’être capable d’écouter, et de tout donner pour sauver sa famille …

Est-il comme un cousin, même lointain, de votre personnage des LYONNAIS ?

Oui il y a au moins un lien, le mensonge. Mais ce mensonge dans « De Guerre Lasse » est différent : il ne ment pas par trahison, ni pour se protéger, il ment pour protéger les siens contre les siens. Il ment en pensant éviter le pire. Le déchirement qui le mine, c’est la violence de la pègre avec laquelle il devra tenter de composer, et la peine de devoir prendre les armes de nouveau … C’est aussi et surtout le refus de sa famille vis-à-vis du monde algérien, refus d’une famille ancrée dans leur attitude de rejet vis à vis de Raïssa qu’il aime …

Comment avez-vous abordé sa relation à Alex (Jalil Lespert) et à Katia (Sabrina Ouazani) ?

Il y a aussi Mhamed Arezki, qui joue Rachid le troisième enfant et leur mère Hiam Abbass; c’est important car la relation qu’entretient Armand, le personnage que j’interprète, avec Alex et Sabrina est soumise au jugement de leur mère et de leur frère ; les germes de la tragédie sont dans cette famille dont les non-dits jettent des ombres menaçantes qui vont précipiter leur histoire. Donc j’ai abordé ce personnage en marchant sur des œufs, chacune de ses interventions dans les rapports qu’il entretient avec sa famille est électrique …

Armand semble être un homme tiraillé, déchiré entre deux mondes, entre deux cultures… C’est aussi ce que vous avez ressenti ?

Oui ce tiraillement, cette déchirure, cet entre-deux est le sujet dont nous parlons.

Le film est profondément “marseillais” et dévoile même des aspects méconnus de la ville. Comment vous êtes-vous “approprié” la ville ? Comment êtes-vous devenu ce personnage foncièrement marseillais ?

Simplement sans me poser de question en me laissant happer par les situations …

Parlez-moi de vos rapports aux autres comédiens – Jalil, Hiam Abbass, Sabrina et Mhamed, …

Une belle complicité, nous avons passé du temps ensemble, nous avions une vraie curiosité les uns pour les autres, nous avons chanté ensemble …

Comment Olivier Panchot dirige-t-il ses acteurs ?

Nous avons travaillé ensemble en amont, nous avons lu à la maison, nous nous sommes vus en dehors du tournage, nous avons beaucoup discuté, vu des matchs de foot ensemble, à Marseille c’était idéal … Olivier est instinctif, il nous fait confiance, il est très complice, il a une oreille musicale, toutes ces qualités en font un directeur d’acteur avec qui on a envie de danser. Il a filmé avec sensualité, puissance, discrétion, délicatesse …

DE GUERRE LASSE
Date de sortie : 7 mai 2014
Réalisateur : Olivier Panchot
Acteurs : Jalil Lespert, Tcheky Karyo, Hiam Abbass, Mhamed Arezki, Sabrina Ouazani, Jean-Marie Winling
Genre : Polar
Nationalité : France
Durée : 1h34

de guerre lasse interview2014-05-15Yeurl