Buzz On Your Lips presents...trois groupes ( deux bands/artistes en provenance des States et des locaux ayant eu la gentillesse de prêter une partie de leur matos à la tête d'affiche) au DNA: Tonstartssbandht + Jerry Paper + Shoeshine!
Comme les autorités de notre belle capitale ont instauré un curfew à 22h, les festivités doivent débuter à 19h50' ( JP était le premier devant la porte du plus sombre établissement de la gaie artère connue sous le nom de Plattesteen) et les sets seront réduits afin de permettre à chacun de s'ébattre au minimum pendant trente minutes.
Merci qui?
Merci Freddy , frais médaillé de la Légion d'Honneur et ex-mayor de Brux-Hell with you!
D'horreur?
Illettré!
Jerry Paper tenait à ouvrir!
Lucas Nathan, alias Jerry Paper, Brooklyn, un bricoleur génial manutentionnant un electro/synth pop unique, mixant d'anciennes sonorités à la Yellow Magic Orchestra, saupoudrées d'éléments proches des mid-sixties soundtrack à la Burt Bacharach, sur lesquelles il colle une crooning voice fascinante... du grand art!
Pourtant sur le coup de vingt heures lorsque tu vois apparaître cet adolescent, semblant tout droit sorti du cast d'un sequel de Porky's, et qu'il prend place derrière sa batterie de bidules électroniques ( synthesizer, drum machine tape loops, sequencer, vocoder, sampler...), tu te dis, aïe, aïe, encore un petit branleur prétentieux.
Grave erreur: cinq compositions that span emotional atmospheres, pour citer un de ses compatriotes, à la fois dansantes, atmosphérique, volatiles et romanesques.
Les spécialistes comparent ses conceptions poétiques à l' electronica/lounge pop de bands tels que Stereolab ou Broadcast, on adhère!
'Holy Shit', sur 'Feels Emotions' ouvre.
Aquarium bleeps avant un melodic break vocal, un timbre bizarrement associé à celui de Frank Zappa.
En fermant les yeux, tu vois un Nautilus de dessin animé, un peu comme le Yellow Submarine ondulant tel un cétacé débonnaire qui sourit au banc de poissons multicolores lui cédant le passage.
'Time spent waiting' et ses bubbles exotico-caoutchouteux séduit tout autant.
Un brin de mélancolie avec 'Today was a bad day' et ses couches de synthé hyper bien ficelées.
Sur fond de bongos samplés et de lyrics auto-dérisoires ' Everything I say' (is a failure) nous conduit tendrement vers la dernière ' Comfort' de l'exotica/ electro pendant lequel le collégien s'autorise un petit pas de danse timide.
Voix transformée au vocoder, sonorités orgue de barbarie électronique, c'est délicieux, on en redemande.
Quatre Bruxellois, Stef: Vocal and Guitar/ Jason: Drums / Cel: Bass and Vocal/ Nico: Guitar dit la fiche...on n'a pas vu de second guitariste, mais un barbu triturant des manettes et tapotant un clavier.
Genre... Bing Crosby, Louis Armstrong et autres performers ayant 'Chattanoogie Shoe Shine Boy' à leur répertoire?
T'es dans le cirage, mec, ils annoncent de l' indie tendance shoegaze.
Aux pieds de chaque histrion, une playlist de dix titres.
Première bordée colérique, quel contraste avec l'acte précédent, une débauche de décibels destinée à te déboucher les portugaises.
Shoegaze, ils disaient, ce noisy 'Circles' fait passer My Bloody Valentine pour des enfants de coeur.
Au niveau lyrics, tu piges que dalle.
C'est bref, massif et confus.
Vu le timing serré on s'arrête pas à toutes les gares, sorry... ' Everything' présente des saveurs postpunk robotiques.
Au suivant: disto, guitare et basse saturées, vocaux scandés, 'Talk', un discours pas clair.
Même scénario avec quelques effets larsens comme guirlandes, ' Twice at once', d'une délicatesse de mammouth obèse.
Assagissement léger pour 'If you see me' avant que Lantier ne décide de lancer la locomotive à toute vapeur, ' Eyes'.
Des paysages désolants défilent devant tes yeux hagards: villages dévastés, ruines fumantes, chiens squelettiques errant sans but, un film horrible.
On te cite les titres sous réserve, donc peut-être, ' To or for someone' et son côté Slowdive puis 'Wishes'.
Stef, pourquoi tu viens me lécher les pieds?
J'avais perdu mon plectrum, monsieur.
C'est reparti, le Stef vient faire tournoyer sa guitare à nos côtés quand un gars de l'organisation lui signifie d'arrêter les frais, il est l'heure!
Sont dépités, ils avaient encore une ou deux perles à leur chapelet, le cireur de godasses remballe sa marchandise.
Verdict: bof, pas terrible, brouillon et bruyant!
Deux frangins, Andy ( alias Andy Boay), le guitariste fou et Edwin Mathis White ( Eola), le drummer débridé, originaires de Floride, partis plus au Nord.
Ils pondent des disques à la même allure qu'une gâtinaise rustique, correctement nourrie et disposant d'un espace vert suffisant.
Etiquette?
Psychedelic boogie indie rock with punk attitude and Beach Boys soundalike vocals.
A écouter stoned, si possible!
Il y a longtemps que t'avais plus croisé un guitariste aussi exubérant que le blond moustachu, il manie sa douze-cordes tel un Viking partant à l'abordage d'un vaisseau ennemi, son frangin, aux drums, a fait passer le cogneur du groupe précédent pour une pisseuse sortant d'un pensionnat de jeunes filles de bonne famille.
C'est bien simple, le band au patronyme imprononçable a mis le DNA à genoux.
Ils travaillent sans setlist et balance une suite de morceaux en fondu enchaîné, chaque medley atteignant les 20' .
T'as ni le temps d'applaudir, ni le temps de respirer, cette
tornade balaie tout sur son passage.Andy commence par se déchausser consciencieusement, il refile ses grolles à un des Shoeshine pour un coup de ponçage, il ôte ses socquettes pour leur faire humer la qualité de l'air bruxellois, avant de lancer, OK, let's go...
Attachez vos ceintures, le voyage sera mouvementé.
'Alright' et ses sonorités acides débutent le set.
Tu replonges dans les late sixties, des groupes tels que The West Coast Pop Art Experimental Band, Ultimate Spinach ou Kaleidoscop, sauf que le jeu épileptique d'Andy ressemble plus à du punk enragé qu'à du psychédélisme inspiré.
Pas de pauses, donc, Edwin a griffonné ( après le gig) quelques titres sur un feuillet, dont 'Dad Beating Up Dudes Downtown' un boogie corrompu hypnotique, suivi de 'Susie'.
Tu dis, Sébastien?
Tu penses à Mike Patton, c'est enregistré, ket!
La famille White a embrayé sur le nébuleux 'Rodas 1916', sur ton écran cérébral quelques flashes de 'Easy Rider'... quelle époque, vingt dieux!
Pièce, en plusieurs actes, suivante : ' Olde Feelings', toujours ce boogie/blues frelaté comme si les Byrds avaient décidé de privilégier le fuzz au lieu des arrangements mélodieux.
Le bistrot entier dandine du crâne en gardant les paupières closes.
'Somersette' un ouragan avec plein d'écho sur les voix, puis une baignade nocturne 'I swam the Black Sea at midnight'.
Coup d'oeil à la tocante, il est pas minuit mais 21h58'.
That was it, Brussels!
Grosse déception, le DNA était bien dans le trip.
Allez, encore une!
Après une longue séquence tuning , le duo attaque l'hystérique ' Hymn our garden' .
Ils sont sur le point d'empaqueter lorsqu' un responsable leur fait signe de continuer, les flics dorment, aucun souci de ce côté.
Une suite ' Midnite Cobras'/ 'Welsh Souper' proche du doom metal et après une nouvelle tentative pour boucler les bagages, deux dernières plages sulfureuses, le ' Poor Moon' de Canned Heat, servi sauce barbare, et 'Tio Minuter' des Suédois Pärson Sound.
Un grand concert et mille mercis à Andy et à Edwin pour l'aide apportée.
Thanks for the setlist, guys!
photos: JP DANIELS