Quand la junte birmane "recycle" l'aide humanitaire.

Publié le 17 mai 2008 par Josst


    r
  ( source: mizzima /Rangoon le 14 mai.)
Un peu plus de deux semaines après le passage du typhon Nargis, la Birmanie est plus que jamais soumise à l'inertie de son gouvernement militaire. Balayé par les pluies de mousson continues, frappé de coupures électriques permanentes, le pays s'enfonce chaque jour un peu plus dans la misère collective.
Alors que l'ONU s'inquiète de l'avenir de plus de deux millions de sinistrés, les ONG et les humanitaires expatriés dans l'ancienne capitale Rangoon demeurent contraints par une junte hermétique à de nombreuses offres d'aide.
Rizicultures détruites, deltas noyés sous les eaux, lignes téléphoniques défaillantes; la Birmanie touchée en plein coeur consent doucement par l'intermédiaire de son régime à laisser agir de manière très encadrée, quelques organisations humanitaires déjà présentent dans le pays avant le passage du typhon telles que La Croix Rouge ou encore Médecin sans frontières. Bien que le gouvernement militaire accorde à ces dernières le droit de travailler, le sentiment de "bridage" reste très fort auprès des humanitaires.
Un sentiment exacerbé par l'impossibilité qui leur est signifiée, de ne pouvoir véritablement approcher les zones du pays les plus touchées ( delta de l'Irrawaddy au sud ) par les vents et la montée des eaux.
Aujourd'hui si l'aide est tolérée, c'est donc au prix d'un contrôle totale de la junte sur les transports de matières premières, d'équipements sanitaires et de diverse matériel. Une junte qui a clairement dictée ses règles, instaurée son propre système d'acheminement et au delà, car elle le revendique, son propre système d'aide.
Si le transport des vivres et du matériel se fait le plus souvent par l'intermédiaire de chauffeurs birmans salariés pour le compte de l'organisation humanitaire ( étudiants, médecins,...) et recrutés sur place après examen de leur CV, le déchargement puis la distribution s'effectuent toujours sous le contrôle de la junte et des militaires.
Un double souci pour les ONG qui, en plus de confier leurs chargements à des "sous-traitants" peu expérimentés, ignorent presque totalement ce que deviennent leurs cargaisons.
Si l'inquiétude est là, de ne pas voir arriver l'aide à destination, elle est parfois rendue légitime par certaines publications. Ainsi, le média en ligne
Mizzima  relaye deux photographies dans lesquelles on peut distinguer plusieurs colis et sacs de nouilles, biscuits et viandes séchés ( source Mizzima) appartenant à l'organisation de la Croix rouge et retrouvés sur des marchés de la ville de Rangoon. Des aliments destinés toujours selon le site à des zones sinistrés du sud du pays. Des photographies qui viennent en tout cas conforter bien malheureusement les craintes de nombreuses ONG sur les agissements peu scrupuleux de certains militaires corrompus.


 
+  Les photos du typhon Nargis sur Mizzima.