Les journaux se font régulièrement les échos de ces escroqueries qui concernent essentiellement des seniors : des entreprises du bâtiment les démarchent et réussissent en général à leur vendre des travaux de rénovation non seulement surfacturés mais en plus à crédit. Explications et conseils pour se prémunir.
Les seniors : des victimes privilégiées des arnaques
Il ne s’agit en aucun cas d’affirmer que les seniors sont défaillants, bien entendu, mais c’est un fait : les personnes âgées sont les cibles privilégiées de très nombreuses entreprises qui, notamment par le biais du crédit, réussissent à dégager beaucoup de bénéfices en étouffant leurs clients. A l’image de l’affaire que relate le quotidien 20 minutes sur son site internet. Un cas tout ce qu’il y a de plus classique : un entrepreneur passe, fait croire à l’urgence de travaux de rénovation ou fait miroiter la prétendue rentabilité exceptionnelle d’une installation d’énergie renouvelable (panneaux solaires, éoliennes sur pignons, pompes à chaleur, etc.) et fait signer aux « clients » un engagement de crédits sur 48 mois en général. En quelques jours l’affaire est réglée : l’entrepreneur a fait signer une prestation largement surfacturée mais dont le montant est dilué par des mensualités ; en général le travail sera bâclé ; les victimes de l’arnaque viennent, sans s’en rendre compte en général, de signer leur noyade volontaire.
Car la technique est bien rodée mais redoutable pour les foyers victimes de ces escroqueries :
- L’entrepreneur connaît bien son argumentaire et, en présentant des mensualités plutôt qu’un montant global, fait passer la pilule plus facilement ;
- En général, il réussit à faire croire que les « clients » peuvent se permettre ces mensualités, soit en réussissant à évacuer des dépenses réelles du foyer, soit en faisant miroiter des économies, voire des bénéfices !
- Une fois le contrat signé, les clients sont engagés et ne peuvent se dédire sans être poursuivis par l’organisme de crédits : en faisant cela, l’entrepreneur réussit l’exploit de se faire payer sa prestation tout en se désengageant de la relation commerciale : il « repasse le bébé » à l’organisme de crédit, beaucoup mieux armé pour défendre ses intérêts et réclamer son dû ;
- Si l’abus de faiblesse est condamnable, il doit être prouvé. En attendant, la technique est parfaitement légale et l’engagement pris par la victime de payer des mensualités pendant 48 mois voire plus est lui aussi légal et oblige la victime à payer les mensualités !
Le résultat, en général, c’est que les victimes se retrouvent étouffées par des dettes qu’elles ne sont pas en mesure d’assumer. C’est alors qu’elles se rendent compte de leur erreur et finissent par se tourner vers des courtiers en rachat de crédits, leur dernière solution.
Un exemple concret : le cas de Jean-Claude et Lucienne
C’est régulièrement que nous recevons des demandes de foyers de seniors qui ont été victimes de telles arnaques. Ces personnes sont dans une situation indémêlable et recourent au rachat de crédits comme issue de secours. Voici l’exemple de Jean-Claude et de Lucienne
Jean Claude a 61 ans et Lucienne a 72 ans. Tous les deux à la retraite ils ont un revenu de 1070€ et 776€, ce qui est peu, surtout si l’on considère qu’ils ont déjà plusieurs crédits à la consommation et qu’ils doivent participer aux frais de maison de retraite de la maman de Lucienne à hauteur de 132€ par mois. Un jour ils sont démarchés par un commercial qui leur annonce que leur toiture est dans un état catastrophique et qu’il faut faire quelque chose s’ils ne veulent pas qu’elle finisse par fuir, voire pire : s’effondrer. Jean-Claude et Lucienne cèdent et signent un engagement pour un crédit à la consommation, avec un taux élevé donc et sur une durée trop courte. En quelques jours ils sont entrés dans une spirale infernale, sans même s’en rendre compte : après les travaux, ils se retrouvent avec des remboursements de 1 037€, soit 64% de leurs revenus !
Le rachat de leurs crédits leur a permis de sortir la tête de l’eau : après l’opération de regroupement de prêts, ils ne sont plus endettés qu’à 38%, ne remboursent plus que 544€, ont un reste à vivre mensuel de 1 143€ et disposent d’une trésorerie de 5 300€. Mais est-ce la solution ? N’aurait-il pas mieux valu que ce rachat de crédits leur servent à financer quelque chose plutôt qu’à se sauver ?
Comment financer des travaux et éviter les arnaques ?
La première chose à faire est de ne jamais signer quoi que ce soit simplement parce qu’un entrepreneur sera passé pour vous faire une offre ou vous annoncer que votre maison va s’effondrer ! Le principe de base en ce qui concerne les travaux est de comparer les avis et les offres commerciales. En outre, il faut également choisir son artisan plutôt que de se laisser choisir. En effet : pourquoi avez-vous été choisi ? Simplement parce que vous constituez une cible potentielle. Faites donc le tour des entreprises de travaux de votre département/ville et renseignez-vous sur ces sociétés : sont-elles reconnues ? Ont-elles bonne presse ? Ont-elles des références ? Etc. Vous pouvez également prendre contact avec les magasins de bricolage/travaux proches de chez vous : ils ont en général des partenariats avec des artisans qui doivent garantir des prestations de qualité à des prix convenables.
En outre, il peut être intéressant de demander à vos enfants ou petits enfants de les solliciter : si les entreprises ne sont pas contactées par des seniors, cela désamorcera toute envie de profiter de l’âge peut-être avancé des clients réels. Faites donc faire plusieurs analyses et plusieurs devis et faites-vous aider par vos proches et ne signez jamais sur un coup de tête. Si un commercial se fait trop pressant : menacez d’appeler la police ; cela devrait le calmer… et rayez-le de votre liste.
Enfin, veillez à bien vous renseigner sur les offres auxquelles vous avez droit : en effet, pour de nombreux travaux de rénovation vous pouvez avoir droit à des prêts avantageux, des crédits d’impôts, des aides nationales ou locales, etc. Par ailleurs, vous devez vous assurer de votre capacité à financer ces travaux. Vous pouvez donc par exemple contacter votre banquier ou, si vous avez déjà des crédits, un courtier en rachat de crédits : ils sauront vous dire si vous êtes ou non capable d’assumer l’investissement !
En résumé, pour se prémunir des arnaques il faut garder en tête que :
- Les travaux ne s’improvisent pas ; ils se préparent pendant plusieurs semaines (c’est d’ailleurs la base de la gestion de budget familial : on n’improvise pas un investissement);
- Méfiez-vous des entreprises qui vous démarchent, surtout si elles ont un discours alarmiste ou vous vantent les mérites et bénéfices potentiels formidables de leurs prestations !
- Pensez à vérifier à quelles aides vous avez droit pour faire baisser le coût des travaux ;
- Vérifiez votre capacité de financement auprès d’un professionnel du crédit.
Pour en savoir plus sur les aides au financement de vos travaux, n’hésitez pas à lire les articles suivants :
- Le dossier sur le financement des travaux par EDF
- Le dossier sur le financement des travaux par Pap
- Les conseils de l’ADEME sur le financement des travaux
- Un dossier de Capital sur les aides aux travaux