Au cinéma au début 2014 dans le Film : les Trois Frères, le retour ; remarqué à la télévision pour ses passages aux côtés d'Arnaud Tsamère dans Canapé Quizz (TMC), pour ses sketchs au sein de la fameuse DEBJAM de Jamel Debbouze (Canal +), dans la carte blanche à Claudia Tagbo (France 4), ou celle de Baptiste Lecaplain (Comédie +), ou encore Fidèles au poste (France 4) Jarry vous présente son univers aussi atypique qu'il le prétend sur l'affiche. A la croisée du stand-up et de la galerie de personnages, Jarry nous catapulte dans une histoire rondement menée, celle de sa recherche d'emploi. L'occasion pour cet artiste à l'imagination foisonnante de nous dépeindre ses différentes expériences professionnelles, toutes plus loufoques les unes que les autres (de caissier chez LIDL à membre du GIGN en passant par la majorette...). L'ubuesque Jarry, à la sensibilité débordante, à la candeur désopilante surprend, amuse, attendrit et surtout fait rire aux éclats.Avec sa gestuelle bien à lui, son sens du rythme tant dans le phrasé que dans les pas de danse cet "hurluberlu éberlué" bouscule les idées reçues, fait la peau aux stéréotypes et présente un spectacle mené tambour battant, déjanté et hors norme.Et avant de vérifier la semaine prochaine si son spectacle est aussi atypique que prévu ( je vous en repalerais bien volontiers), je suis allé lui poser 10 questions sur son spectacle, sa carrière et sa vision sur les autres humoristes dans un entretien exclusif que je vous propose sans plus tarder.
Baz'art : Avant tout, bonjour Jarry et merci énormément d’avoir pris le temps de répondre à ces 10 petites questions pour les lecteurs de Baz’art. Votre spectacle s’intitule « atypique » et c’est peu de le dire que votre parcours l’a été… Comment, pour résumer brièvement, passe t-on de majorette d’un village de Maine et Loire à professeur de littérature arabe pour enfin devenir humoriste qui cartonne sur les planches ?
Jarry : Oui, j’ai grandi dans un petit village prêt d’Angers et c’est vrai que lorsque mes frères s’entainaient sur le terrain pour un match de football, j’y étais aussi mais en tant que majorette…
Ensuite ça a été la vie d’adulte, et cette volonté de transmettre, je me suis intéressée à la littérature arabe et je donnais des cours, d’expression théâtrale aussi d’ailleurs… J’ai toujours mené une carrière artistique en parallèle de danseur et de comédien. Et un jour je décide de monter à Paris et de faire de la scène mon métier. Les parcours de vie sont tous différents, le cheminement peut être long pour trouver sa voix. D'ailleurs, c'est également un peu de ça dont je parle dans mon spectacle !!
Baz'art : Il parait que votre rencontre avec Didier Bourdon sur le tournage de son film Bambou a changé votre carrière. De quelle manière l’illustre Inconnu a été déterminant pour que vous prenez conscience de votre potentiel scénique et comique indéniables ?
J’ai rencontré Didier sur le tournage du film Bambou, au départ j’avais juste un rôle de figurant. Il me regarde et me dit « ça ne va pas du tout », je me décompose et je me dis que même cela je ne le fais pas correctement ; il revient alors avec un texte à la main et annonce : « on va vous donner un rôle » : je joue alors le rôle de son meilleru ami dans le film. Il a su tout de suite déceler mon potentiel comique et m’a conseillé de faire du one-man show. A l’époque j’étais comédien et même en jouant des tragédies, au lieu de faire pleurer le public, je le faisais rire : c’était dramatique pour moi ! Didier y a vu une vocation : c’est mon parrain aujourd’hui dans le métier ! Je lui dois beaucoup.
Baz'art : En combien de temps vous a-t-il fallu pour peaufiner ce spectacle Atypique tel que vous le présentez actuellement sur scène ?
Jarry : Un spectacle est un travail de longue haleine, il y a la phase d’écriture puis on commence à le jouer dans des petits lieux confidentiels pour le tester face à un public. Cela a bien pris une année. Après on l’assume et continue de peaufiner : ma période à la Comédie des Boulevards correspondait à cela de septembre 2012 à mars 2013. J’avais mon spectacle en bouche. Et ensuite le Trévise, un cap de plus de franchi : passer de 100 places à presque 300 places… Un spectacle c’est belle et grande aventure et il faut être je pense en totale adéquation avec son texte, car chaque jour on va le répéter sur scène, le vivre, l’incarner, le partager…
Baz'art : Au jour d’aujourd’hui, est ce que vous considérez votre spectacle Atypique comme désormais totalement figé ou bien évolue t il encore chaque jour au gré des réactions du public ou d’autres faits de jeu ?
Jarry : Rien n’est jamais figé et heureusement, j’aurais choisi sculpture comme discipline sinon (rires !) Non la trame de mon spectacle est là après je change toujours des petites choses car mon spectacle évolue avec moi et cela me permet de toujours m’amuser. Après il y a en effet toutes ces phases d’interaction avec le public qui fait que le spectacle est différent chaque jour et le public me surprend toujours !!
Baz'art : Votre jeu de scène est très particulier, marqué par une gestuelle et une énergie qu’on voit peu chez les autres humoristes. Est-ce que cela correspond à votre personnalité ou bien dans la vie êtes vous plus sobre et plus posé et la scène permet justement de vous lâcher totalement ?
Jarry : Je suis un hyperactif dans la vie et donc sur scène !! Après dans la vie, j’en fais moins quand même je serais épuisant sinon pour les autres et pour moi (rires) ; la scène permet en effet d’exacerber certains traits de sa personnalité et d’en atténuer d’autres. J’ai un parcours de danseur et le travail sur le corps et très important pour moi : d’où cette gestuelle !! Sur scène, je ne veux surtout pas être une gravure de mode : j’incarne la vie, je tourbillonne, j’insuffle mon énergie au public et je me donne énormément !! Je n’imagine pas faire ce métier différemment …
Baz art : Pourquoi ce fil conducteur de recherche d’emploi vous permettant d’endosser différentes professions ? Est-ce pour parler de façon humoristique de cette difficulté à trouver un poste actuellement ou plus prosaïquement d’assouvir mon soif du travestissement ?
Jarry : La recherche d’emploi est un sujet anxiogène aujourd’hui qui préoccupe tout le monde. J’avais envie d’amener un peu d’humour là-dedans. J’ai vraiment rencontré un conseiller Pole Emploi qui m’a dit qu’on était amené à changer sept fois de métiers dans sa vie…. J’ai trouvé ça fou !! J’ai alors testé différents métiers pour écrire ce spectacle (de caissier chez Lidl à policier en passant par prêtre). Ce sujet me permet aussi de parler de la quête de personnalité… on cherche tous à savoir qui l’on est…
Avec ce spectacle, aussi, je tente de lutter également contre les stéréotypes, il me permet de présenter le policer ou le caissier sous un angle différent...
Baz'art : Vous avez êtes également connu pour vos mises en scène de spectacle d’autres humoristes, comme ceux d’Elisabeth Buffet ou Jeff Panacloc ( voir ma chronique du spectacle ici même). Est-ce plus difficile de mettre en scène votre propre show que celui des autres, et si oui, pour quelles raisons ?
Jarry : Vous savez, c’est très dur de se mettre en scène soit même : on a pas le recul nécessaire… Je pense qu’il faut savoir s’entourer : je l’ai fait également pour mon spectacle : j’avais besoin de cet œil extérieur.
Je prends beaucoup de plaisir à faire ces mises en scène (Elisabeth Buffet, Jeff Panacloc) : ce sont de magnifiques aventures humaines et professionnelles ! Cela me nourrit également beaucoup et me permets de faire des choses que je ne ferai pas avec mon spectacle car j’aime travailler avec des humoristes qui ont des univers très différents du mien
Baz art :Est-ce que les soirs où la salle rit moins que d’habitude, vous êtes du genre à passer pas mal de temps à comprendre ou cela a coincé ou bien arrivez vous à positiver facilement et vous dire que la représentation d’après sera forcément meilleure ?
Jarry : J’ai beaucoup de chances car j’ai très souvent d’excellentes salles avec un public très réactif… je me sens rarement seul et j’ai une vrai complicité avec mes spectateurs. Après il arrive forcément qu’il y ait des soirs où je me suis senti en dessous et où les réactions du public ont été moins fortes !! Quand c’est cela je remets beaucoup de choses en question : je cherche à comprendre là où j’ai été moins bon…
La remise en question est nécessaire pour moi, il faut toujours avoir un peu de doute en soit, tendre vers un meilleur !!
Baz'art : Vos rôles au cinéma se résument pour le moment plus à des participations que des rôlesos rôles au cinéma se résument pour le moment plus à des participations que des rôles significatifs. Est que vous arrivez néanmoins à prendre quand même du plaisir sur un tournage et est que votre objectif à venir est justement d’essayer de plus percer au cinéma, quitte à mettre temporairement de coté la scène ?
Jarry : Je prends toujours beaucoup de plaisir sur les tournages ! Le cinéma est un univers encore neuf pour moi alors je suis toujours ravi de participer à un film.
La scène aujourd’hui est ma passion, je n’imagine pas mettre cela de côté : l’un n’empêche pas l’autre : je serai aussi ravi d’avoir de nouveaux rôles dans des films !!
Baz art : Que pensez vous de cette nouvelle génération d’humoristes actuels, plus axée sur le stand up et le quotidien que sur des compositions et des personnages ? De manière plus générale, ne pensez vous pas qu’il y a trop d’humoristes sur la scène actuelle et qu’il est de plus en plus difficile de se singulariser ?
Jarry : Je pense qu’il faut de tout pour faire un monde et c’est bien qu’il y ait des styles différents, après chacun a sa pâte : le but pour moi aujourd’hui est de ne pas entrer dans une case : je ne voudrai pas être qualifié d’humoriste qui fait du stand-up ni d’humoriste qui ne fait que des personnages. L’humour aujourd’hui est selon moi à la croisée de tout ça !!
Il y a beaucoup d’humoristes aujourd’hui c’est vrai : mais la diversité c’est bien aussi. Le public a le choix ! La diversité c’est la liberté. On est dans un pays où l’on peut dire et faire beaucoup de choses et c’est tant mieux !! Après les humoristes qui restent sont ceux qui justement réussissent à se démarquer ! Alors j’espère être suffisamment Atypique !! (rires)
Merci beaucoup, cher Jarry pour cette longue itw et je suis sur qu'Atypique va me faire mourir de rire vendredi prochain. Amis lyonnais, n'hésitez pas à aller vous rendre compte par vous même et pour cela je vous propose une petite vidéo de Jarry dans le Gala de Claudia Tagbo pour l'association CéKeduBonheur que j'avais pu voir à la TV sur France 4 et qui m'avait fait beaucoup rire. Si c'est le cas pour vous aussi, vous savez ce que vous avez à faire pour le 23 mai prochain...