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Pourquoi veulent-ils virer Ségolène Royal ? #2007reboot

Publié le 15 mai 2014 par Juan

La ministre de l'Ecologie repart dans une mini-tourmente dont elle se sort habituellement très bien. Quelques médias rapportent des propos durs et désaccords sérieux à l'encontre de ses collègues. Ségolène Royal fait parler d'elle chez une presse qui n'attendait que cela. 

Le feuilleton peut continuer, aux détriments des vrais sujets et des réelles inquiétudes. L'évènement a effacé l'intervention présidentielle du jour sur la réforme territoriale.

Et boum !


Au début, il y avait l'eco-taxe. Un impôt pour décourager le transport par poids lourds, une aberration écologique effective qu'il fallait gérer. La taxe, votée à l'unanimité en 2009, ne fut... jamais appliquée. Pire, l'ancienne équipe sarkozyste, via Nathalie Kosciusko-Morizet, avait confié la collecte de cette taxe à un consortium privé dans des conditions économiques rocambolesques. Une commission d’enquête du Sénat sur le contrat Écomouv’ est attendu le 27 mai . Pire, la révolte des Bonnets rouges à l'automne 2013 en a raison, le gouvernement était affaibli.
L'éco-taxe fut donc suspendue, puis enterrée par Ségolène Royal parvenue au ministère de l'environnement à la faveur du remaniement de fin mars. Son prédécesseur Philippe Martin avait promis une autre formule fiscale "carbonée" aux alliés écologistes de l'époque.
Mercredi 14 mai, jour d'ouverture du Festival de Cannes, la vraie montée des marches est à Paris, à l'Elysée plus précisément, pour l'habituel . On imaginait l'ambiance au gouvernement, sur le perron du Palais, pour l'habituel Conseil des ministres. Les "meilleurs extraits" d'une interview mi-people mi-politique dans l'hebdo Paris Match faisaient le buzz du jour.

Il y avait de "vrais" sujets politiques.
1. Ainsi sur l'affaire Alstom, le dépeçage d'un fleuron français privatisé sous un Sarkozy qui avait promis en 2004 que l'Etat resterait aux commandes, Ségolène Royal prend le "contre-pied" de son collègue Montebourg. Elle assume soutenir la reprise de la branche énergie par General Electric,  "une bonne opportunité pour Alstom", quand le ministre du redressement productif préférait la solution européenne qu'il tentait d'imposer: "C'est le meilleur projet industriel. Pourquoi ne pas le dire ?"
2. La ministre avait aussi quelque chose à dire sur l'épineux sujet de l'eco-taxe. Elle accuse Michel Sapin, à mi-mots, d'être trop proche d'un président de la Commission parlementaire auteur de recommandations sur le sujet.
Pourquoi donc s'inquiéter ? 
Car Ségolène Royal rappelle avec constance qu'elle est hostile à toute taxation nouvelle sur le diesel. L'argument est social: "Tout l'effort du gouvernement se dirige actuellement vers l'allégement de la charge fiscale. On ne peut pas fiscalement charger encore des citoyens qui n'ont pas les moyens de changer leur voiture ". En 2009 déjà, l'ex-candidate s'opposait à la taxe carbone de Nicolas Sarkozy pour les mêmes motifs. Elle recevait un rapport bi-partisan de la sénatrice UMP Fabienne Keller et du député EELV Denis Baupin sur le sujet.
Il y avait aussi du croustillant pour la galerie, de l'anecdotique people dont rêvent les "ragotistes". Des propos sur le supposé "machisme" de ces collègues.
Forcément, toutes les plumes numériques de la médiasphère se sont ensuite affairées la journée durant contre l'ex-candidate à la présidentielle: Le Lab d'Europe 1 tire le premier, "Royal dégomme Montebourg et Sapin". Sans rire... C'est bal tragique à l'Elysée, meurtre rue Saint-Honoré.
"Ségolène Royal ou l'habitude de la "rétropédalitude"  titre rapidement le Nouvel Obs. Le Point n'est pas en reste. Un stagiaire fait opportunément le bilan de ... la voiture électrique Mia, développée en Poitou Charentes. Alors présidente de région, Ségolène Royal s'était investie pour sauver l'entreprise locale. Pour l'hebdo néo-libéral, il fallait enfoncer, décourager, détruire et réécrire. L'actualité servait le sujet sur un plateau:  ce même mercredi 14 mai, le tribunal de commerce de Niort rejetait trois offres de reprise de Mia, le constructeur de voitures électriques "soutenu à bout de bras par la région Poitou-Charentes depuis 2010."

Quand le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll explique qu'il faut de la "solidarité gouvernementale", le Point titre sur Le Foll qui "recadre" Ségolène Royal. Les propos du ministre sont pourtant plus mesurés et très habiles: la solidarité au gouvernement "est sacrée, car elle est la condition de la réussite. Il n'y a pas de réussite dans un gouvernement sans une solidarité gouvernementale et une cohérence dans l'action gouvernementale".


Dans l'après-midi, Ségolène Royal éteint le sujet: "

"Je n'ai pas donné d'interview en tant que telle. (...) Ne donnons pas plus de place qu'il ne faut à des petites phrases qui n'entament en rien l'amitié et la solidarité entre ministres."

L'attention médiatique se relâche: "Je ne me laisserai pas ni dégrader ni balloter par des déclarations de presse, je suis au travail ". Le récipiendaire de cette "interview" à Paris Match est ensuite et fort heureusement achevé d'un dernier coup:"J’ai pas donné d’interview en tant que telle. Il y a des discussions entre ministres, des discussions franches."
En d'autres temps, elle aurait fini au bûcher. On mesure que certains font déjà et encore craquer des allumettes.




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