13 octobre 1916
Chers Oncle et Tante,
Voici un brin de nouvelles.
Pour le moment, tout va bien, la santé est bonne et les boches pas trop emmerdants.
Au moment où je vous écris cette carte, nous venons de nous faire canarder numéro 1 !
et avec des molosses, je vous garantis que vous auriez une dizaines de pains de sucre de cette taille, vous en auriez pour plusieurs années.
Le secteur où je me trouve est assez tranquille, sauf les grosses marmites et les torpilles qui font assez de boucan mais pas beaucoup de victimes.
Ne voyant plus rien à vous dire pour le moment, je termine chers Oncle et Tante en vous embrassant.
Votre neveu qui pense à vous,
Maurice.
Et bien, Maurice semble conserver un bon moral et un pragmatisme à toute épreuve !
Écrivant sous la mitraille, il plaisante, compare les projectiles reçus à des pains de sucre de belle taille, et temporise, sur le fait que finalement, il y a peu de victimes...
Nous sommes en 1916, déjà deux années de guerre, le temps de se forger un moral d'acier, et pour certains, cela devient un quotidien, sanglant et morbide.
La carte postale reste toujours le lien privilégié entre cette guerre, presqu'irréelle, le front et les combats... et cette famille, qui rappelle au poilu qu'il existe encore une vraie vie ailleurs, et qu'il convient de la préserver.
Quant au visuel de la carte postale, bien que ce soit une carte éditée pendant la guerre, en 1916, elle présente cependant la Cathédrale de Reims, ou plutôt "La Merveilleuse Cathédrale" comme l'indique la légende, dans son état d'avant guerre, avant les tragiques bombardements de septembre 1914.
A noter que sur ce cliché, aucun échafaudage ne vient troubler sa magnifique façade !
Sur le parvis, de nombreux passants, qui sont certainement loins de se douter des tragédies qui se joueront ici quelques années plus tard.
Mais qu'est-ce qu'une marmite ?
Maurice y fait référence dans son courrier... voici une carte postale avec la définition, qui nous est offerte par André SORIAC, Poilu au 52ème Territorial d'infanterie.