Le marché international de l’art (impressionnisme et art moderne confondus) semble afficher une santé florissante en dépit d’une conjoncture économique donnant de multiples signes de crise, c’est à tout le moins ce qui ressort d’un rapport (en anglais) publié par The Art Market monitor pour la maison de vente Sotheby’s. Les observateurs du marché s’inquiétaient du désengagement brutal des acheteurs japonais et craignaient que la faiblesse du dollar américain n’apporte une touche de morosité, mais l’examen des résultats des grandes ventes du mois de mai suggère qu’il n’en est rien. L’arrivée de nouveaux acheteurs, originaires notamment de l’Inde, de Chine et de Russie, et de nouveaux collectionneurs américains et européens venus rejoindre et concurrencer les acteurs traditionnels, a contribué à maintenir les cours de l’art à un niveau très élevé.
L’étude du Art Market monitor met en lumière une augmentation de la valeur moyenne des lots dispersés au cours des ventes organisées par Sotherby’s et Christie’s (les plus belles pièces figurant traditionnellement au catalogue des ventes nocturnes) : 5,7 millions $ (contre 5 millions en mai 2007) pour l’un, 6,3 millions $ pour l’autre.
Parmi les 10 adjudications les plus élevées, on notera Le Pont du chemin de fer à Argenteuil peint en 1873 par Claude Monet (41,48M$, Christie’s), l’Etude pour la Femme en bleu de Fernand Léger (39,24M$, Sotheby’s), Girls on a bridge d’Edvard Munch (30,84M$, Sotheby’s), Grande femme debout II, d’Alberto Giacometti (27,48M$, Christie’s), Le Portrait au manteau bleu de Matisse (22,44M$, Christie’s), La Grue de Picasso (19,19M$, Sotheby’s), Eve, d’Auguste Rodin (18,97M$, Christie’s), Le Baiser de Picasso (17,40M$, Sotheby’s), La caresse des étoiles de Juan Miró (17,07M$, Christie’s), Le Portrait de Caroline, de Giacometti (14,6M$, Sotheby’s), enfin, du même artiste, La Place II (14,6M$, Christie’s).
Il convient de souligner que les niveaux de prix atteints au cours de ces ventes ont
A travers ce palmarès, on constate un net regain d’intérêt pour les sculptures qui occupent quatre des dix premières places, ainsi qu’un réel attrait, par ailleurs tout à fait justifié, pour les œuvres d’Alberto Giacometti. Si 54% des acheteurs sont américains (contre 23% de Britanniques, 11% d’autres Européens et 11% de pays tiers), il faut toutefois noter qu’ils ne représentent que 36% de la valeur totale des ventes, ce qui laisse à penser qu’ils n’ont pas remporté les enchères les plus élevées. On peut très certainement voir dans ce paramètre une influence de la dépréciation du dollar, l’Europe et le Royaume-Uni dominant largement en termes de valeur, avec respectivement 41% et 16%.
Il semble que le nombre de lots offert aux enchères soit en diminution, phénomène toutefois compensée par une qualité croissante des œuvres proposées. On remarquera en outre que le marché reste attaché aux artistes classiques qui représentent des valeurs
Les deux grandes maisons anglo-saxonnes profitent actuellement de la tendance ; aux dernières nocturnes de mai, elles ont affiché un taux de vente de 76 à 78%, une belle réussite, comparée aux taux atteints par deux leaders français, Artcurial et Cornette de Saint-Cyr, qui ne dépassaient pas 58%. La qualité des maisons de vente françaises n’est en rien mise en cause, il faut chercher ailleurs la perte de vitesse (depuis déjà de nombreuses années) de Paris en tant que place forte mondiale du marché de l’art, notamment dans une réglementation fiscale et administrative contraignante qui rend les acheteurs hésitants et pénalise les transactions, ainsi que dans la réglementation des maisons de ventes elles-mêmes, beaucoup moins souple que celle à laquelle sont soumises leurs concurrentes étrangères.
Illustrations : Claude Monet, Le Pont du chemin de fer à Argenteuil - Edvard Munch, Girls on a bridge - Alberto Giacometti, Grande femme debout II