#svegliamuseo sonne le réveil des musées

Publié le 15 mai 2014 par Aude Mathey @Culturecomblog

Selon Francesca De Gottardo, les musées italiens ont grand besoin d’être secoués. En tout cas, c’est le pari qu’ont fait cinq jeunes professionnels italiens diplômés en archéologie ou en communication et passionnés de musées, qui ont lancé l’an passé un projet et un mot-clic #svegliamuseo (réveille-toi musée) sur Twitter afin de sensibiliser les musées italiens à leur (très) faible présence en ligne, qui ne peut, selon eux, que leur nuire.

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Franscesca, qui est à la fois archéologue et gestionnaire de communauté dans une agence en Italie, a constaté la situation criante de certains musées en ligne lorsqu’elle s’est mise à travailler sur le projet de la candidature de Venise au titre de Capitale européenne de la Culture. Elle s’est rapidement rendue compte que de nombreux musées du Nord-Est de l’Italie n’étaient pas ou peu connectés, qu’il n’y avait aucune uniformité dans la construction de leurs sites web, très peu de partage d’information et très souvent bien sûr, uniquement en Italien et enfin qu’aucun d’entre eux n’étaient sur Facebook ou Twitter.

Un constat assez dur mais qui reflète aussi la situation économique et culturelle des musées italiens. Lorsqu’on entend en France, des passionnés demander à ce que les musées se dépoussièrent, cela n’est rien en comparaison de leurs voisins outre-alpins et cela se fait souvent d’ailleurs en oubliant quelques très bonnes initiatives des musées hexagonaux.C’est ainsi que certaines musées se sont sentis offensés par l’initiative #svegliamuseo. Selon certains d’entre eux, ils n’avaient pas à s’abaisser à de telles pratiques (de communication et de vulgarisatin [NDLR]). Ce à quoi Francesca et ses partenaires ont répliqué que justement ils rataient une importante opportunité de pouvoir échanger avec leur public et de co-créer leur avenir ensemble.

Pourquoi être présent sur les réseaux sociaux ?

Faut-il être à tout prix présent sur les réseaux sociaux ? avons-nous demandé à Francesca. Bien sûr que non, mais la simple éventualité d’avoir un site internet qui présente déjà un peu ses collections et son institution est déjà en grand pas en avant pour certaines institutions.

Bien entendu, du fait de la crise économique actuelle, de nombreux (petits) musées italiens doivent faire face à un personnel très réduit, rarement plus de trois personnes. On comprendra en effet dans ce cas que Twitter ne semble pas leur constituer une priorité.

Cependant, le retard des Italiens est trop important pour ne pas être remarqué. Si on se repère aux données de Museum Analytics, le premier musée italien figure en 85ème position ! Pour un pays dont les musées se vantent d’avoir les plus belles collections au monde (oui, oui), quel gâchis !

C’est ainsi que #svegliamuseo a souhaité attirer l’attention de tous les musées italiens en rédigeant des articles et des synthèses de bonnes pratiques en se basant sur ce qui se réalisait ailleurs. C’est à partir de ces données collectées sur les différentes expériences (et les communautés très actives) aux Etats-Unis, en France et en Grande-Bretagne, que #svegliamuseo a réellement pris son ascension. Aujourd’hui il représente sur Twitter à lui tout seul une véritable communauté, la plus grosse de ce type en Italie. En 6 mois, le compte Twitter a ainsi rassemblé plus de 1 300 abonnés ! C’est un véritable lieu d’échanges où les professionnels de la communication muséale et les passionnés peuvent confornter leurs idées.

Le réveil avec la semaine des musées

L’élan principalement européen autour de la Semaine des musées a enrichi encore cette expérience. De nombreux musées italiens ont d’ailleurs pensé que #svegliamuseo en était à l’origine (comment ça, ils ne nous lisent pas ? :)) et ont contacté directemnt le compte afin de s’inscrire.

Francesca a par ailleurs noté que de plus en plus le mot-clic #svegliamuseo était associé à #museumweek. Ce terme a maintenant une connotation positive, les musées l’utilisant et se l’appropriant afin de montrer à leur communauté qu’ils sont éveillés. D’ailleurs, en l’espace d’un peu plus de 6 mois, les musées italiens se sont créé une place de plus en plus importante sur le résseau social. Ainsi, pendant l’opération #askacurator, on dénombrait moins de 15 musées présents sur Twitter, alors qu’ils étaient environ 130 à participer à #museumweek. À croire qu’ils n’attendaient que cela.

D’ailleurs, de nombreux comptes Twitter de musées ont été ouverts, selon Francesca, sans l’aval de la hiérarchie (très lente) de leur institution.Le personnel souhaitant être présent sans avoir à dépendre de délais non maîtrisables. Cela ne veut pourtant pas dire qu’ils savent parfaitement utiliser les réseaux sociaux. Les équipes étant assez récentes ou petites, elles font souvent appel à #svegliamuseo pour des conseils.

C’est ainsi par exemple que le musée de l’Alca di Maglie (un musée dédié à la Préhistoire) a commencé à suivre #svegliamuseo en participant d’une façon très critique à ce projet et est devenu assez rapidement au fil du temps un abonné amical demandant régulièrement de l’aide et qui malgré tout est très present sur Twitter (plus de 3 000 tweets et de 1 200 abonnés) malgré des graphismes discutables

Twitter, Facebook et après ?

#svegliamuseo s’intéresse également à d’autres réseaux sociaux comme Pinterest, dont l’initiative du Getty est emblématique. Un article de bonnes pratiques a par conséquent été publié afin de donner des clefs aux musées sur l’utilisation de ce réseau, dont ils étaient très demandeurs.

Même si pour l’instant les organisateurs de #svegliamuseo procurent des conseils gratuitement, le but ultime est bien entendu de pouvoir développer sa propre agence de conseil en commuication numérique pour les musées. Bref, à suivre.