Le Promeneur d’Oiseau // De Philippe Muyl. Avec Baotian Li, Yang Xin Yi et Li Xiao Ran.
Fable magnifique et aventure surprenante, Le Promeneur d’Oiseau est la bonne surprise de ce mois de mai. Philippe Muyl nous démontre encore une fois son amour de la nature (après Le Papillon avec
Michel Serrault) dans une aventure au fin fond de la Chine. C’est merveilleux et du début à la fin les émotions et la beauté sont là pour en mettre plein la figure du spectateur. Ce film débute
comme une comédie où un grand père et sa petite fille qui ne se sont pas vu depuis des années vont tenter de se créer des liens. La petite est insupportable mais terriblement drôle, que cela soit
pour des histoires de moustiques ou encore d’entêtement. Car oui, elle est têtue et elle veut faire tout ce qu’elle veut. C’est même mignon à certains moments car le film gagne réellement des
points de ce point de vue là. La relation se tisse au fil du film, ce n’est pas une relation que l’on va prendre en cours de route. Philippe Muyl capture tout ça au milieu de la Chine que l’on
voit rarement à l’écran. Celle des grandes plaines, des forêts de bambou, des rivières et des champs d’oiseau. C’est tout simplement magnifique. On a envie d’être avec eux pour partager un bout
de leur périple (même si traverser une si grande forêt doit être assez essoufflant).
Afin de tenir la promesse faite à sa femme, Zhigen, un vieux paysan chinois, décide de retourner dans son village natal pour y libérer son oiseau, unique compagnon de ses vieilles années. Il
fera le voyage de Pékin à Yangshuo avec Renxing, sa petite-fille, jeune citadine gâtée, contrainte de partir avec lui. Ces deux êtres que tout sépare vont se dévoiler l’un à l’autre,
partager des souvenirs et des aventures. La petite fille va découvrir de nouvelles valeurs, et particulièrement celles du cœur.
La grande force de ce film c’est donc cette relation mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi les oiseaux. Mine de rien, cet oiseau que Zhigen fait voyager avec sa petite fille était une belle
manière de raconter une histoire. Car cet oiseau a un passé, une signification et s’il l’emmène avec lui ce n’est pas pour rien, c’est purement et simplement pour aller le poser sur la tombe de
sa femme, décédée il y a plusieurs années de ça. Il va donc tenir sa promesse, celle de revenir dans son village natal. Le village est un lieu assez étrange mais bourré de bons sentiments. Dans
le registre des bons sentiments, Le Promeneur d’Oiseau aurait pu tomber dans les facilités du genre ou bien même dans l’ennui le plus total mais il n’en est rien. C’est tout le contraire qui se
passe à l’écran. On a donc une aventure assez magique mine de rien. En tout cas, je ne m’y attendais pas du tout. Je savais que j’allais être ému, un peu comme avec Tel Père Tel Fils plus tôt
cette année (bien que les sujets soient sensiblement différents). Je trouve que le cinéma asiatique, quand il ne nous raconte pas des histoires de kung fu à dormir debout peut faire des choses
magnifiques.
C’est pourquoi, dans mon exploration du cinéma du monde entier grâce à la très belle programmation de mes cinémas que je vais à la conquête de nouveaux horizons et celui-ci est vraiment
merveilleux. Par ailleurs, c’est aussi un film avec une histoire brisée, celle d’un père et de son fils. Les liens ne sont pas simples à recréer mais c’est avec énormément de simplicité que le
tout va revenir de lui-même. C’est merveilleux de voir un tel film nous offrir quelque chose d’aussi beau mine de rien. En tout cas, je ne m’y attendais pas du tout. Et puis il y a la relation
entre une femme et son mari qui est en train de partir en lambeau mais qui va renaitre de ses cendres grâce à une petite fille et son oiseau. C’est beau. La boucle est bouclée et le film, bien
que facile pour certains, est doté malgré tout d’une certaine complexité. Il ne cherche pas à prendre le chemin le plus simple avec ses personnages et je trouve ça remarquable. En tout cas, je ne
m’attendais pas du tout à ce que cela prenne de telles proportions mais je suis ravis de voir que l’on me conseille de très bons films (car oui, je te retiens très cher lecteur qui m’a presque
dit de courir aller le voir).
Note : 9.5/10. En bref, une magnifique aventure.