Camille Lepage (Petapixel.com)
Camille Lepage, 26 ans, photojournaliste, aussi professionnelle que passionnée, est tombée dans une embuscade en Centre-Afrique et y laissé la vie. Une fois de plus, une femme de presse est morte dans l’exercice de son métier, victime de la violence pas du tout aveugle des milices centrafricaines qui se livrent une guerre de religion depuis des mois et des mois. La profession de reporter de guerre, pratiquée aussi bien par des hommes que par des femmes, nécessite évidemment des qualités exceptionnelles. En plus d’une connaissance certaine des terrains exposés, les journalistes travaillant en zones de combat doivent dépasser leur peur légitime et les limites qu’impose une prudence ordinaire. Ce n’est pas donné à tout le monde. Il faut être animé par le feu sacré, par un amour immodéré de l’action et peut-être par la fascination que procure un danger toujours présent et parfois inattendu. Camille Lepage a démontré, à maintes reprises, au Sud Soudan ou ailleurs, qu’elle savait s’inscrire dans le paysage et trouver les angles que seule une photographe talentueuse dotée d’un bagage technique élevé et d’une force morale non moins grande peut dénicher. Depuis quelques jours, elle était « drivée » par des membres d’une milice dont elle pouvait attendre une certaine protection. Mais ses «gardiens» ont été eux-mêmes victimes de l’agression armée et dans ces conditions la vie d’une femme considérée comme une adversaire ne pèse pas lourd. Soyons conscient que les reporters de guerre sont là-bas pour raconter, enquêter, mettre au jour les causes des conflits et leur évolution. Certain(e)s écrivent, d’autres photographient, d’autres filment, l’objectif demeure le même : faire savoir pour faire comprendre. Le président de la République a déclaré vouloir faire toute la lumière sur l’assassinat de Camille Lepage. La mort de cette « pépite » comme l’a qualifiée la responsable du service photo de Libération, nous rappelle que le métier de journaliste se pratique auprès des parties en conflit avec toutes les conséquences fâcheuses qui en découlent. Pour les hommes et pour les femmes.