Le Château des étoiles (épisode 1/3)

Publié le 14 mai 2014 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Le Château des étoiles » (Ep. 1) : Alex Alice nous offre son « jules Vernes »

Scénario et dessin d’Alex ALice,

Public conseillé : Tout public

Style : aventure Paru chez « Rue de Sèvres », le 15 mai 2014


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L’histoire

1868, 8H02. Sous le regard de son mari Archibald et de son fils, Séraphin, L’aventurière Claire Dulac se prépare à un vol à bord de son ballon « l’éternaute ». Son but : s’envoler jusqu’à 11.000 mètres pour prouver l’existence de l’éther, un fluide capable de porter la lumière, clé de l’univers connu.
9H05, Protégée par son masque à oxygène, elle dépasse les 3600 mètres.
10H45, 12.000 mètres, mais aucune trace d’éther.
Tandis qu’elle s’apprête à redescendre, à 12.900 mètres, des phénomènes électromagnétiques inédits déclenchent une tempête d’éclairs.
11H55, le ballon redescend en chute libre et s’écrase au sol…
Un an plus tard, Séraphin se rend en cours pour faire un exposé très imaginatif sur l’étoile « Vénus ». Encore obsédé par l’éther (et sa découverte impossible), il déborde de son sujet…

L’éditeur, l’auteur, l’édition

« Rue de Sèvres », le « petit » éditeur de BD, qui a fait son entrée sur le marché avec Zep (Une Histoire d’hommes), Guillaume Sorel (Le Horla), ou encore Nate Powel (Wake-up America) signe encore un grand nom de la BD : Alex Alice.
Cet auteur, apprécié du public et des critiques, s’est fait connaître avec « Le 3ème testament », une fresque médiévale ésotérique scénarisée par Xavier Dorison et plus récemment par « Siegfried », une série plus personnelle inspirée de « L’Anneau du Nibelung » de Richard Wagner.
« Le Château des étoiles » marque son grand retour (scénario et dessin) dans un esprit très différent de ces précédents travaux et en même temps une belle prise de risque. Ce dessinateur virtuose à l’encrage parfait (regardez les planches du « 3e Testament ») change de technique et opte pour une mise-en-couleur « directe » (une aquarelle lumineuse posée sur un crayonné léger).
De plus, à la façon de « L’étrangleur-Nestor Burma » (de Tardi), « Le Château des étoiles » est imprimé comme un quotidien papier (42 cm par 29 cm), en trois « épisodes » (22 planches) diffusés avec un mois d’écart. Enfin, les trois épisodes seront regroupés dans un album cartonné à paraître en septembre.
Proche du format des planches originales, ce très grand format m’a permis d’apprécier le travail d’Alex Alice. Au-delà de l’esthétique (c’est vraiment beau ce journal), la parution par épisodes se justifie complètement par le genre de la série : une aventure policière et scientifique, proche de l’ambiance des grands romanciers populaires du siècle dernier. On pense à Maurice Leblanc avec « Arsène Lupin » ou Gaston Leroux avec « Rouletabille »…

Ce que j’en pense

Quel plaisir de découvrir ce premier épisode du « Château des étoiles » ! Cette série « tout public » a réveillé mon âme d’enfant.
Dans ce premier opus, Alex Alice démarre son récit par un drame « fondateur » (la disparition de Claire Dulac). Nous suivons alors son jeune fils Séraphin, 1 an plus tard, qui se débat entre culpabilité et envie de prouver au monde entier que sa mère n’est pas morte pour rien. L’intrigue démarre vraiment quand Séraphin et son père reçoivent une étrange lettre, qui les sommes de se rendre en Bavière pour récupérer le carnet de bord de Claire. C’est le début d’une suite d’aventures et de rebondissements.
Il flotte sur « Le Château des étoiles » une « parfum » de Jules Vernes et de Gaston Leroux. L’ambiance typée « science-fiction » du XIXe siècle, la parution en épisodes, le héros adolescent et les dangers de l’étranger m’ont rappelé mes lectures d’enfance.
Dans ce genre assez théâtral et suranné, Alex Alice s’en sort plutôt bien. Il « surfe » sur les codes de ces lectures romanesques, avec une fraîcheur et une « naïveté enfantine ». Avec un évident plaisir, il mélange une tambouille pseudo-scientifique et des ambiances « début de siècle » pour notre plus grand plaisir.

Le dessin

La parution en très grand format (« journal ») ne laisse aucun droit à l’erreur. Le dessin classique, au crayon, rehaussé d’une aquarelle légère, est superbe !
Excepté la première planche aux « vert prairie » un peu criards, les camaïeux de bleus célestes sont enchanteurs et aériens. Avec des grands paysages et les personnages au design « un peu mangas », l’ambiance est posée rapidement, sans oublier l’essentiel : la lisibilité.
Complètement immergé dans le dessin d’Alex Alice, j’ai adoré me laisser prendre au jeu de cette aventure romanesque et fantastique !

Pour résumer

Seul aux commandes, Alex Alice nous offre un premier épisode de son « Château des étoiles » trépidant. Ambiance fin de XXe siècle, pseudo-sciences et dangers prussiens, Jules Vernes et Gaston Leroux ne sont pas loin. Sublimés par le format « journal », ses planches ont un goût de « revenez-y ». Lâchez du lest et envolez-vous pour ce premier épisode et les suivants.