J'ajouterais ignorance aussi.
Quand j'ai vu Le Déclin de l'Empire Américain pour la première fois, fan fini de Woody Allen (le suis toujours) j'étais stimulé par l'envie de voir une version Québécoise de mon héros. Premier irritant, lors de la première à Québec, au Grand Théâtre, dans toutes la première séquence mettant en vedette Dominique Michel, à chacune de ses répliques, le public riait...!!! Retapez-vous le film, simplement la première séquence, il n'y a pas une seule ligne de drôle!
Le temps m'a mis sur la route du co-scénariste de ce film, Hubert-Yves Rose, qui me disait qu'Arcand s'était inspiré principalement des conversations qu'ils entendaient autour de lui pour ce film. Premier constat: Arcand fréquente principalement des gens de son âge qui aiment bien se tordre le cou pour mieux s'entendre parler. Deuxième constat: son regard sur les gens de la génération suivante est d'un mépris fort désagréable.
C'est le propre de chaque génération de se raccrocher à os repères de jeunesse. Et c'est normal. Mais quand vient le temps de mettre sa vision d'un monde sur deux heures de pellicule, on ose croire qu'on a travaillé un peu notre plat pour tout le monde.
J'ai longuement hésité avant de vous parler de Denis avec un "Y". Je ne voulais pas être gratuitement méchant. Mais voyez vous je ne me suis pas empêcher de me moquer depuis le début de ce "Y" glissé dans son prénom...
Quelques petites choses que j'ai retenues de L'Âge des Ténébres*:
-Arcand parle de la troisième partie d'un tryptique comprenant Le Déclin... et Les Invasions...Pourtant on y retrouve trois personnages de retour des films Le Déclin de l'Empire Américain et Jésus de Montréal: Le prêtre, le gardien de sécurité, la comédienne Constance. Ils sont encore joués par les même acteurs. Ce n'est pas rien. Ces trois films seraient-il plus personnels que les autres?
-Cette chronique de l'épuisement professionnel et amoureux met en vedette un personnage qui au moins deux fois mettra la main au visage de sa plus vieille enfant, comme si il tentait de comprendre une extra-terrestre. Oui. Arcand ne comprend rien aux gens derrière.
-Je suis coupable de ce que je vous mentionnais plus haut: Véronique Cloutier n'est pas une actrice. On a beau lui faire dire "Salut, moi c'est Lyne!" Non. On voit bien Véronique Cloutier. La même qui prend des poses de fille qu'on a surpris à faire un pet sur une plage à la Une d'un magazine qui porte son nom, raccourci aux premières 4 lettres.
-Bon choix (volontaire?) que de placer Rufus Wainwright en ouverture. De loin notre chanteur le plus plaintif et ce film sera une loooongue plainte qui paraîtra plus que le 1h47 qu'il dure.
-N'est pas toujours drôle celui qui veut. Et l'immaturité de certaines observations d'Arcand m'ont frappé.
-Vraiment pas bon quand il a carte blanche, le Denys. Il avait raflé son Oscar pour le meilleur film étranger, et de toute évidence, on lui avait donné carte blanche pour ce film. Échec. Surtout pour tout ses jeunes qui auraient aussi voulu tourner cette même année...Mais Arcand et les jeunes...
Fallait que ce soit dans la phrase où je le dis "pas bon".
C'est con.
Je vais quand même voir son film, Le Rêgne de la Beauté, un jour.
Par curiosité.
Comme on serait curieux d'aller voir un grand-parent un peu déconnecté de la réalité.
Ne serais-ce que pour constater la distance entre le tireur et la cible.
Arcand ne s'est jamais adressé à moi.
Jamais.
Autrement qu'avec suffisance.
Son rétroviseur rouille.
Ça m'empêche pas de partager la route avec lui.
*Traduit vaniteusement dans certaines parties du monde en anglais par The Age of Ignorance.