Le mardi au sein de cette rubrique vous allez découvrir dix portraits de pères. Des gens différents, des situations différentes, des galères, des joies, des concessions et du bonheur aussi. Merci à eux.
Rencontre avec Luc, 34 ans (Caen), papa de Julie 6 ans.
Une enfance très difficile pour la mère de ma fille, je vais pas rentrer dans les détails, mais c’était une orpheline, une famille d’accueil violente, les foyers, une adolescence complexe. Je l’ai connu toujours en difficulté, dans un mal-être régulier. Elle avait connu la toxicomanie, c’était derrière elle malheureusement elle a replongé après la naissance de notre fille.
La grossesse est un déclencheur tu crois ?
En grande partie. Au départ je ne voulais pas d’enfant, je connaissais son passif, sa fragilité, je n’étais même pas certain que nous puissions rester ensemble. Puis la vie. Elle est tombée enceinte et je n’ai rien regretté. Au départ la grossesse s’est bien passé, puis petit à petit la dérive a commencé. Notre couple a souffert, nous n’avons pas partagé comme nous devions la grossesse.
Tu as eu peur de la suite des évènements ?
J’ai eu peur tout court. J’ai tenté de devenir papa dans un contexte difficile. Nous ne partagions plus vraiment d’intimité, elle devenait très pudique, de plus en plus distante. J’étais pas bien et elle non plus. Puis Julie est arrivée, tout s’est très bien passé. J’ai cru que les choses s’arrangeraient, bêtement. Son rôle de mère devenait lourd à porter. Elle a quitté le domicile très tôt dans la vie de Julie puis dans la mienne. J’étais un papa solo direct, sans préavis.
Tu as donc connu une séparation, comment se passe la garde ?
Y’a pas de garde. Je vivais en région parisienne à l’époque, elle passait de temps en temps pour vois Julie qui avait un an. La situation ne pouvait pas durer comme cela alors j’ai demandé la garde de Julie. J’ai obtenu. Depuis trois ans nous vivons sur Caen, j’ai mis une certaine distance, et puis l’environnement est meilleur pour ma fille. La maman de Julie est instable, elle est souvent alcoolisée et a replongée dans la toxicomanie. Julie ne vit pas très bien cet abandon elle est suivit par un psychologue depuis un an et ça lui fait un très grand bien.
Et toi, tu vas comment ?
Je compose. J’ai la chance d’avoir une famille qui m’aide énormément. Puis j’ai mal au fond de moi de la douleur de sa mère. Ça me fait mal au cœur de voir ma fille en souffrance. Pas le choix que d’avancer.