Afin d’éviter toute poursuite judiciaire, Gérard Depardieu campe le rôle de Devereaux, un personnage fictif totalement inspiré de Dominique Strauss-Khan. Privé de Festival de Cannes et d’une sortie en salles, le film d’Abel Ferrara (Bad Lieutnant) est prévu de sortir seulement en DTV chez nous le 17 mai. Pour les Américains, Welcome to New York sortira en "limited release" … L’occasion de recueillir les premiers échos des critiques outre-atlantiques.
The Hollywood Reporter
"Abel Ferrara et Gérard Depardieu offrent une lecture osée et parfois désopilante de l’incident. Dès le départ, le film oscille entre scènes de performance et porno soft, avant de se transformer en ‘auto-biopic’ où l’acteur et le personnage se mélangent en un seul et même corps. Le résultat est assez fascinant et propose une réflexion sur ‘l’art de se faire plaisir’ par des hommes qui se font plaisir. (…) A la fin, alors que Devereaux est toujours coincé dans sa maison, surveillé par la police, il devient difficile de dire si l’acteur joue le personnage ou si c’est le personnage qui l’incarne. Cela créé un moment de cinéma intrigant, où l’on se perd entre les identités de Ferrara, Strauss-Kahn et Depardieu, surtout quand ce dernier se tourne vers la caméra, comme si Welcome To Newyork parlait finalement de lui. (…) Le travail sur le son est aussi intéressant. Il y a très peu de musique, si ce n’est le bruit sourd de la respiration de Depardieu. Peu à peu, Devereaux sonne moins comme un homme lambda que comme une sorte de Dark Vador nihiliste, guidé par sa sexualité insatiable… qui l’entraîne à sa perte à la vitesse de la lumière".
Variety
"Ferrara a su filmer d’excellentes performances de la part de ces deux comédiens, totalement désinhibés devant la caméra. Il parvient à tirer le meilleur de la star française, qui a plus fait parler d’elle ces dernières années pour ses frasques dans un avion ou son départ pour ma Russie que pour ses rôles au cinéma. Enfin, Depardieu est remarquable ici. Et ce sur plusieurs points. Il est particulièrement impliqué dans le rôle (…) acceptant tout ce que lui demande le réalisateur (notamment lors de la scène où il est arrêté et doit se déshabiller devant des policiers. Là, ce n’est plus le personnage que l’on voit mais bien l’acteur, mis a nu. A ce moment-là, il a toute notre sympathie. Depardieu est dans l’empathie, il offre à Devereaux une dimension tragique, alors que son personnage est pourtant monstrueux. Il propose un personnage dont les appétits sont insatiables et qui ne parvient plus à se contrôler."