Je voulais pas. Vraiment. Je ne comptais pas parler de Xscape. D’ailleurs, je ne comptais pas l’écouter cet album posthume. Le deuxième de la discographie post mortem de Michael Jackson. On ne m’a pas mis le couteau sous la gorge, je n’ai juste pas su ignorer cette connasse de curiosité maladive qui me pousse à mettre dans mon casque des chansons que je ne devrais pas écouter pour éviter de pondre des torchons comme celui que je suis en train d’écrire, présentement. Je n’avais rien lu sur cet album, j’ai résisté à lire les chroniques américaines et anglaises, malgré les nombreux papiers que j’ai vu défiler sur la toile. J’étais fière de ma résistance. Et puis, lundi 12 mai vers 15h30, la tentation était trop forte. J’ai cédé. Je ne savais plus quoi écouter, j’avais besoin d’un truc nouveau à mettre dans mes oreilles pour me motiver. J’ai vu Xscape en home de Deezer. J’ai lancé l’écoute, la peur au ventre, l’estomac noué.
Et là. Le. Drame.
Enfin pas tant que ça. Parce que Xscape s’écoute en deux temps. Sur une première partie, les grands manitous des ordinateurs de ce monde ont cru bon de réarranger les titres façon pop 2014. Faire des vieilleries dégotées dans la cave des titres MO-DER-NES. Pour ça, Sony a rassemblé une ribambelle de faiseurs de tubes, de Timbaland à Rodney Redkins pour façonner les chansons originales, inédites, mais qu’on avait déjà entendues sous des formes différentes. La magie d’internet. Sauf que si Timbaland a réussi à faire parler le génie de Justin Timberlake, sur les chansons de Michael Jackson, c’est un massacre avec circonstances aggravantes. On a justement l’impression d’entendre un album de l’ex N’Sync. Quand c’est Timberlake, ça passe crème, quand c’est la voix de Mickael Jackson qui s’exprime c’est mauvais. Ça éteint toute la magie. D’ailleurs, Justin est dans Xscape, puisqu’il chante sur en duo virtuel sur le single "Love Never Felt So Good". Le meilleur titre de l’album. Ou le moins pire, c’est selon. Certes, Timbaland et ses copains se sont donnés du mal, ils n’ont pas voulu toucher à l’intégrité vocale mais à vouloir rendre trop contemporains des morceaux remontant au début des années 1980, on dénature l’essence même des chansons. On prend d’ailleurs la mesure du massacre avec la deuxième partie de l’album : les versions originales, les chansons enregistrées telles quelles par Michael Jackson. On a la primeur de pouvoir comparer et donc de se rendre compte de l’ampleur des dégâts, notamment sur les insupportables "A Place with no name" et "Do You Know Where Your Children Are". Une chanson qui semble faire allusion aux accusations d’agression sexuelle sur mineur qui planait sur la star sur fond de musique électronique. Mickael Jackson. Electro ? Dans la même phrase ? Tout à fait. Le texte est assez dur et on peut comprendre pourquoi le chanteur a voulu garder ça au fond de son tiroir. Pourquoi vouloir la sortir aujourd’hui ? "Loving You" aurait pu être sympa si seulement elle avait un peu plus de peps.
Voilà, c’est ce qui manque à cet album. Et authenticité aussi. Les titres en versions originales sont un peu meilleures que les liftés cependant elles manquent clairement de souffle. La voix est de Michael mais elle est loin d’être à son top niveau. Pourtant, nous sommes en 1980, âge d’or de l’époque Jackson-Jones, mais la star savait qu’il ne s’agissait que de maquettes, pas besoin donc de forcer. Pour lui, ces chansons-là étaient mortes-nées et définitivement oubliées. J’ai tendance à penser que si un artiste choisit de ne pas sortir certaines chansons de son vivant, c’est parce qu’il estime qu’elles n’étaient pas assez bonnes ou pas terminées. Dans tous les cas, elles ne devraient pas sortir. Les chansons d’Xscape enregistrées par Jackson ne sont clairement pas mauvaises mais pas finies, sans âmes et sans vie. Il s’agit de chansons réchauffées et elles ne méritaient clairement pas de figurer sur un album car elles dénaturent l’oeuvre de Jackson. Elle sont des chansons banales que n’importe quel artiste r’n’b/soul aurait pu sortir aujourd’hui. La discographie de Michael Jackson s’est arrêtée le 25 juin 2009. Les albums sortis après sont inutiles et sont clairement un manque de respect pour le travail immense abattu par celui qui restera à jamais, le Roi de la Pop.