Le second tout aussi admirable, bouleversant, un vrai film d'auteur avec de vrais acteurs tous confondus, fondus dans la cour, fondus dans leurs apparts, fondus avec leurs tics, leurs tocs, leurs tacs, leurs fissures qui s'agrandissent à l'extrême comme pour dévoiler toutes les humaines-failles, leurs vélos, leur clebs, un vrai capharnaüm empli d'humanité, des débutants géniaux dans le genre : Deneuve, Kervern, c'est "Dans la cour" bien sûr. Une autre cour des miracles. Une tragédie enchantée comme le disent les inRocks. Il faut courir voir ce film. Quand Antoine (un Kervern ÉTONNANT) fait la lecture à l'aveugle de l'immeuble à un moment, je me suis dit que je connaissais ce texte - bouleversant comme le film - c'est Sleeping extrait du bouquin de Carver que j'avais lu l'an dernier, un maudit bon bouquin, un recueil choc de poésie tel que je n'en avais pas ressenti depuis ma lecture de prime jeunesse des "Fleurs du mal" : La vitesse foudroyante du passé, paru aux éditions de l'Olivier.
Après avoir couru voir ces deux films majeurs, courez chez votre libraire acheter le bouquin de Carver, vous m'en direz des nouvelles.
Il a dormi sur les mains.
Sur un rocher.
Sur ses pieds.
Sur les pieds de quelqu'un d'autre.
Il a dormi dans des bus, des trains, des avions.
Dormi pendant le service.
Dormi au bord de la route.
Dormi sur un sac de pommes.
Il a dormi dans une sanisette.
Dans un grenier à foin.
Au Super Dome.
Dormi dans une Jaguar et sur la plate-forme d'un pick-up.
Dormi au théâtre.
En prison.
Sur des bateaux.
Il a dormi dans des baraquements et, une fois, dans un château.
Dormi sous la pluie.
Sous un soleil ardent il a dormi.
A cheval.
Il a dormi sur des chaises, dans des églises, des hôtels de luxe.
Il a dormi sous des toits étrangers toute sa vie.
Maintenant il dort sous la terre.
Il n'en finit pas de dormir.
Comme un vieux roi.
Dans la cour