Un pitch à la fois intriguant et dangereux puisque derrière un postulat de départ extrêmement intéressant se cache en fait un scénario excessivement simple. Les baisses de rythme ne sont donc jamais bien loin mais le film dispose toutefois de suffisamment de qualités que pour mériter le coup d’œil.
Ainsi, le long-métrage captive dès les premières minutes grâce notamment à la rencontre surprenante avec le personnage de Scarlett Johansson. Une scène sur fond blanc totalement épurée, qui contraste nettement avec toutes celles sur fond noir qui vont suivre. Des scènes qui sont sans aucun doute parmi les plus réussies du film grâce à une photographie très soignée et un aspect visuel globalement superbe. Ajoutez à cela un travail minutieux sur le son, et surtout l’absence de son, et vous obtenez des moments de cinéma vraiment uniques. Dommage cependant que cette patte artistique ne se ressente pas tout au long de l’œuvre, en particulier lors des prises de vue en extérieur qui dénotent clairement, car il se dégage dès lors de l’ensemble un manque d’unité un peu dérangeant. Qui plus est, l’introduction captivante laisse rapidement place à d’inévitables longueurs lorsque les situations commencent à se répéter. Des longueurs que l’on retrouvera finalement tout au long du film, le réalisateur usant abondamment de plans longs et lents.
Néanmoins, toutes ces longueurs participent paradoxalement à plonger le spectateur dans une ambiance tout à fait particulière. Et c’est tout à l’honneur du réalisateur dont on peut saluer ici la volonté d’aller au bout de ses idées sans faire de concession. Côté casting, on peut également saluer l’audace de Scarlett Johansson qui passe quand même en quelques mois d’un drame romantique (Her), dans lequel elle n’utilise que sa seule voix, à un blockbuster musclé (Captain America – Le Soldat de l’Hiver) pour finir dans un film de science-fiction totalement expérimental. Que l’on aime ou pas l’actrice, on ne peut pas nier qu’elle n’a pas peur de se mettre en danger. D’autant plus ici où elle donne vraiment de sa personne et se livre comme jamais, au propre comme au figuré. Sans trop m’avancer, je pense pouvoir dire que le film n’aurait certainement pas eu la même ampleur, ou le même impact, avec une actrice d’un calibre inférieur. Surtout qu’elle parvient aussi à insuffler une belle réflexion dans la deuxième partie du récit lorsque le personnage prend soudainement conscience de son humanité. Une deuxième partie que beaucoup jugeront moins bonne de par le manque de rythme qui la caractérise, mais que je trouve personnellement intéressante dans les questionnements qu’elle suscite.En définitive, Under the Skin est donc un film intéressant à bien des égards mais terriblement perfectible à d’autres. Difficile donc d’adhérer totalement au projet même si on ne peut qu’apprécier l’originalité d’une telle proposition de cinéma. A voir plutôt si on est cinéphile car on est très loin du film grand public !