Cette seconde visite m’a permis de revoir les mêmes merveilles, mais le contexte a changé. Alors qu’en 2003, j’avais pu explorer la Place St-Pierre dans un calme relatif (l’endroit était quasi désert tôt le matin), notant les détails sur l’obélisque centrale et les divers signes incrustés dans le sol tout autour. Avant d’entrer dans la basilique, j’avais constaté que le code vestimentaire était strict, puis j’avais découvert avec émerveillement, à droite de la porte principale, la Pieta que Michelangelo a réalisé dans sa jeunesse (je crois qu’il avait alors 24 ans, je mentionne de mémoire). Nous étions au début de la seconde semaine de mai 2003.
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À droite de l’entrée, elle est toujours là, aussi splendide, cette Pieta de marbre où le Christ, mort, repose dans les bras de sa mère, elle qui ne semble guère plus âgée que son fils, ce qui donne à l’ensemble une sorte d’élégance intemporelle. Mais elle est loin, cette sculpture, protégée par un panneau de verre, et il y a foule, une bonne centaine d’autres visiteurs flashes à qui mieux mieux malgré la vitre et dans un chaos dominé par les voix des quelques guides de groupes. Une corde retient la foule à 5-6 mètres de la vitre. Comme cette pieta de Michelangelo est relativement petite, quand la corde est retirée et qu’une centaine de visiteurs se précipitent sur la vitre à coup de flashes et de déclics virtuels, je décide de m’éloigner et de conserver mon souvenir de 2003 plutôt que de jouer du coude pour m’approcher.
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Après la descente, je suis déjà aussi fatigué qu’après une journée de visite normale. Il est passé midi, et le programme de l’après-midi est d’amener mes parents voir les musées, donc essentiellement la chapelle Sixtine. Nous dînons sur la rue devant la place St-Pierre, puis nous allons faire la file pour l’entrée aux musées. La file est longue, mais heureusement, une petite heure nous mène à la porte. Le problème, avec les musées du Vatican, c’est qu’il n’y a qu’un accès (à part pour les groupes avec réservation) et que si vous voulez profiter de tout ce qu’il y a à y voir, vous n’aurez probablement pas la patience ou l’intérêt d’attendre en ligne à chaque fois. On se contente donc généralement de l’essentiel, mais comme j’en étais à ma seconde visite, je me suis payé le luxe d’un détour sur le parcours touristique standard qui mène de salles en salles vers la chapelle Sixtine.
Nous quittons l’endroit, puis terminons la visite des musées par des salles moins intéressantes où la très grande majorité des visiteurs ne fait que passer vers la sortie, la visite étant virtuellement terminée une fois la pièce maîtresse derrière nous. Je suis tout de même heureux, car non seulement j’ai eu l’opportunité de revoir ces œuvres de Michelangelo et Raphaelo, mais la visite n’aura pas terni les souvenirs que j’en avais comme la visite de la basilique l’aura fait le matin.
En quittant le Vatican pour revenir dans le vieux Rome, je ne peux m’empêcher d’y voir les centaines de vendeurs de gugusses, de trinquets pour les touristes, de souvenirs fabriqués à l’étranger, de foulards, lunettes et tutti quanti. Impossible également d’ignorer les nombreux mendiants qui font la manche le long de l’avenue qui longe les musées et mène vers la place St-Pierre. Je viens de sortir d’une Cité-État où on retrouve une des plus grandes concentrations de richesses au monde (artistiques, mais aussi matérielles; la simple quantité de marbre et d’or y est hallucinante, sans évidemment parler de sa banque, invisible aux visiteurs). J’ai pratiquement le goût de dire à tous les pauvres et itinérants que je croise … de faire vœux de pauvreté. D’après ce que je viens de (re)voir, ça a réussi à plusieurs autres.
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