On les avait quitté en 2011 sur l’air devenu culte de Lonely Boy (si, si, souvenez vous, le refrain braillé par un nombre incalculable de candidats provenant de diverses émissions musicales télévisées), le duo américain est de retour et sort ce lundi 12 mai son huitième album, Turn Blue. Souvenez-vous, cet opus avait été annoncé par Mike Tyson (en effet, c’est bien du boxeur que nous parlons) qui avait simplement twitté « Turn Blue » suivi d’un lien vers un teaser énigmatique. Trois jours plus tard, Fever, premier single de l’album, est révélé au public suivi de près par le morceau éponyme, qui fait languir le public un peu plus. En écoute intégrale depuis lundi dernier sur iTunes, l’album sort aujourd’hui et révèle un nouvel aspect des Black Keys. L’empreinte blues rock est mise de côté et le duo s’élance sur un terrain différent aux accents pop très marqués. Eloignés des guitares cinglantes et des rythmes purement rock and roll, on est désormais plongés dans un nouvel univers plus planant, frais, porté par des chœurs et autres synthés annonçant un été proche. On écoute, puis on vous en parle morceau par morceau.
Weight of Love ouvre le bal, avec une intro épurée (quelques guitares, un xylophone, une nappe de synthé), rapidement rejointe par une guitare saturée puis par la voix de Dan Auerbach, qui, couplée à des chœurs féminins, prend un telle ampleur que cette ballade de presque 7 minutes nous transporte loin, très loin. L’outro du morceau nous comble tout autant en nous offrant la retombée en douceur que nous attendions.
S’en suit In Time, le point culminant de l’album en ce qui concerne la voix du chanteur qui atteint alors des sonorités nouvelles et parfaitement maîtrisées. Mélodiquement parlant, on est rapidement happé, puis captivé par le morceau, savamment dirigé par une rythmique composée de cuivres pertinents. Turn Blue prend le relais et nous offre un couplet peu entraînant, rapidement rattrapé par un refrain entêtant à nouveau guidé par la voix désormais moins brute et plus posée de Dan Auerbach.
On redécouvre Fever, le premier single de l’album qui prend enfin tout son sens entouré des divers morceaux de l’opus. On comprend qu’il répond à la cohérence pop de l’album et qu’isolé, il ne parvenait pas à nous faire entrer dans le nouvel univers proposé par les Black Keys.
On relèvera les chœurs ainsi que les violons de Year in Review subliment le morceau et contrastent avec la voix ici plus sèche et poignante du chanteur.
Le groupe confirme ensuite qu’il possède un palette sonore bel et bien élargie avec des morceaux tels que Bullet in The Brain et Waiting On Words, dont les accents psychédéliques n’ont rien à envier à ceux de Tame Impala, ou encore It’s Up To You Now et ses rythmes variés mais toujours justement placés. La ballade mélancolique In Our Prime saura toucher, très certainement, mais l’on se réjouit néanmoins de finir sur une note plus optimiste avec Gotta Get Away, dont les orgues enjoués sauront nous remonter un peu le moral après le piano glacial du morceau précédent.
On entend d’ici les détracteurs qui critiqueront amèrement le nouvel album du groupe en leur reprochant un virage assez risqué et réellement affirmé, mais rappelons-nous qu’il y a un virage. Un virage qui prouve que, douze ans après leur premier album et surtout huit albums plus tard, les Black Keys savent encore surprendre et mettre des claques à qui en demande. Turn Blue est une belle surprise pour l’été, qui saura parfaitement combler le silence de nos siestes au soleil. Désormais, on espère juste une chose : que les futurs classiques de cet album échapperont aux voix nasillardes du mec qui possède une guitare, juste là, à côté de votre serviette de plage.