Discours sur le design musical

Publié le 12 mai 2014 par Jeanne Walton

Dans une pièce enlevée, Bernard Murat met en scène un dialogue étonnant dont un débat animé qui parle de musique et de publicité.

On classe certains monuments « historiques » pour les protéger. Il faudrait faire de même pour certaines œuvres musicales afin de les mettre à l’abri des horreurs publicitaires. C’est l’une des idées phare de cette pièce de théâtre réjouissante, actuellement à l’affiche du théâtre Edouard VII à Paris.
Lui est Chef de projet chez Yoplait. Il s’apprête, à grand renfort de publicité, à lancer un nouveau yaourt. Elle est psychanalyste et plutôt tatillonne sur tout ce qui touche à la culture, à la nature humaine et aux sentiments.

La pièce s’ouvre sur le scherzo de la 7ème symphonie d’Anton Bruckner, à plein volume. C’est le morceau qu’a choisi l’agence de publicité pour sonoriser le film de lancement de ce nouveau yaourt. Elle est furieuse que l’œuvre d’un génie serve à faire la promotion d’un produit lacté, elle l’est aussi du volume qui l’empêche de travailler de l’autre côté du palier. Lui découvre, furieux, que Bruckner était adulé par Hitler au point d’en faire un héros national, il l’est aussi par l’ignorance de « ces cons de l’agence » qui choisissent sans savoir et prennent le risque que l’on finisse « par remplacer la petite fleur Yoplait par une jolie petite croix gammée. »

Le match entre les deux héros débute ainsi, et se poursuit pendant plus d’une heure et demie sur un rythme soutenu. On y parlera musique et publicité, blessure d’enfance et sentiments amoureux, on y parlera philosophie et Marguerite Duras, sites de rencontre et savoir-vivre. La pièce, écrite par Fabrice Roger-Lacan, est à la fois drôle et profonde, d’une actualité remarquable mais largement portée par la difficulté en tout temps de trouver l’âme sœur.

publié le 12/05/14